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Sami El Fehri, encore une arrestation au timing douteux
Publié dans Business News le 06 - 11 - 2019

Le patron de la chaîne El Hiwar Ettounsi, Sami El Fehri, a été arrêté dans la soirée d'hier mardi 5 novembre et placé en garde à vue, tout comme l'administratrice judiciaire et le gérant d'Eight prod. Une nouvelle qui a secoué l'opinion publique et toute la scène médiatique. Dépassement financier et mauvaise gestion ou règlement de comptes politiques ? Retour sur une affaire rocambolesque.

La nouvelle est tombée tard dans la soirée d'hier. Et c'est le porte-parole du pôle judiciaire économique et financier Sofiène Selliti qui l'annonce : le ministère public près du pôle judiciaire, économique et financier, en collaboration avec la brigade d'investigation sur les crimes économiques et financiers, a ordonné l'arrestation et la mise en garde à vue de Sami El Fehri, de l'administratrice judiciaire et du gérant d'Eight prod pour les raisons d'enquête relatives à l'affaire d'abus dans Cactus Prod. « Les trois personnes indiquées seront placées en garde à vue pendant 5 jours pour suspicions de blanchiment d'argent, abus de pouvoir d'un fonctionnaire public et outrage aux mesures et procédure d'usage. Après l'interrogatoire de Sami El Fehri, lundi 4 novembre 2019, et le report de l'affaire au 26 décembre 2019, la brigade d'enquêtes dans les crimes économiques et financiers a poursuivi ses travaux sous la supervision du ministère public qui a autorisé l'arrestation de Sami El Fehri, de l'administratrice judiciaire et du mandataire légal de la chaîne ».

Quelques jours auparavant, le ministère public auprès du pôle judiciaire financier avait décidé l'interdiction de voyage pour Sami El Fehri et son épouse, suite à une plainte déposée par le ministère des Finances pour mauvaise gestion de biens confisqués et suspicion de corruption à travers la signature de contrats en infraction des réglementations en vigueur, notamment, la société Cactus Prod et d'autres sociétés. Cette interdiction de voyage à l'encontre des personnes citées intervient après l'avancement de l'enquête dont s'est saisi le parquet.

Cependant, l'affaire de la société de production "Cactus Prod" est pendante devant la justice depuis 2011. Sont accusés dans cette affaire, outre le présentateur Sami El Fehri, l'ancien ministre-conseiller auprès de la présidence de la République, Abdelwaheb Abdallah et cinq directeurs généraux de l'établissement de la télévision tunisienne ainsi que Belhassan Trabelsi, beau-frère de l'ex-président Ben Ali, actuellement en fuite. Dans le cadre de cette affaire, Sami El Fehri a passé toute une année en prison en détention, depuis le mois d'août 2012, avant d'être libéré en septembre 2013.
L'affaire concerne des dépassements commis par la société de production "Cactus Prod" sous l'ancien régime et qui ont causé de grosses pertes financières à l'Etablissement de la Télévision tunisienne.
Cela dit, le dossier de Sami El Fehri remonte au début des années 2000. Simple animateur, il avait proposé à la chaîne nationale des émissions co-produites avec des géants mondiaux, tel Endemol, mais il n'arrivait pas à avoir l'attention qu'il espérait.
Belhassen Trabelsi, beau-frère de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali, entre dans le capital de la société de Sami El Fehri, Cactus, à hauteur de 51%, et là on écoute attentivement le jeune et nouveau producteur, mais on lui oppose le même argument de manque de budget.
Et donc, il propose le système de bartring, échange de productions en contrepartie d'espaces publicitaires. La télé publique accepte pour générer de l'audience et donne son accord. Un accord qui n'est pas exclusif à Sami El Fehri, d'autres producteurs bénéficiant du même système.
L'année d'après, la télévision publique révise sa position et demande de payer les productions et de toucher, seule, les revenus publicitaires. L'accord est conclu, mais la télé n'a pas réussi à vendre les espaces pub qu'il fallait pour couvrir ses frais. Déficitaire, elle refuse de payer le producteur. L'année d'après, elle revient au premier accord. Et Sami El Fehri multiplie les productions et enregistre des bénéfices pour certaines émissions et des déficits pour d'autres.

Aujourd'hui, c'est la direction du Contentieux de l'Etat qui a porté plainte contre toute personne soupçonnée de corruption, dans cette affaire, et ce, à la lumière d'un rapport élaboré par le Contrôle général des finances (CGF). Ce rapport s'est basé sur celui effectué par trois experts et validé par le Tribunal de première instance de Tunis en 2015.
L'institution du Contentieux de l'Etat (DGCE) explique avoir saisi la Justice après réception du dossier de l'affaire de la part de la Commission Nationale de Gestion des Avoirs et des Fonds objets de Confiscation. Le ministère public près le pôle judiciaire économique et financier avait ordonné la Brigade économique d'El Gorjani de mener les recherches à la suite de quoi il a été décidé de placer en détention le producteur-présentateur TV Sami El Fehri, l'administratrice judiciaire de la société ainsi que son gérant.

Toutefois, les avocats de Sami El Fehri, et les observateurs de la scène politique nationale ont une autre vision de la réalité des choses. En effet, juste après la décision d'arrestation, de multiples descentes policières jusqu'à l'aube ont eu lieu, chez Sami El Fehri, chez des parents et de proches amis, et ce en plus des sièges de la société de production et de la chaîne de télévision.

L'avocat Abdelaziz Essid pense que les agents recherchaient les enregistrements du documentaire spécial réalisé par Sami El Fehri à propos du financement illicite du parti islamiste Ennahdha. « Les interrogatoires vont se poursuivre aujourd'hui sans qu'il n'y ait aucune affaire officiellement devant la justice et aucun juge d'instruction saisi. Seul le parquet décide d'interdire de voyager, de placer en garde à vue, de faire des descentes policières. Nous n'avons pas vu cela dans les plus grandes affaires de terrorisme », observe Me Essid.

Plusieurs observateurs, s'accordent sur le lien entre la diffusion de ce documentaire et l'arrestation de Sami El Fehri. Les dirigeants du parti islamiste l'ont menacé explicitement de poursuites judiciaires s'il décide de diffuser ce documentaire. Certains vont même jusqu'à considérer que Sami El Fehri leur a déclaré la guerre. Arrêter un patron de média en ces temps précis où la tension est à son comble entre la classe politique montée au pouvoir et les organes de presse, suscite plusieurs questions quant à l'avenir de la liberté d'expression. Une liberté de presse et d'expression considérée comme l'un des principaux acquis de la Tunisie post révolution semble être sérieusement menacée, mais ceux qui ont tant combattu pour l'acquérir ne se laisseront pas faire aussi facilement, peu importent les menaces, les pressions et les risques encourus.


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