INFOTUNISIE – Albert, le gardien de nuit de la tour Eiffel s'aperçoit, à son réveil, que Paris est en état de catalepsie. Seules cinq personnes arrivées en avion ont échappé à l'endormissement et déambulent dans la ville déserte. Un savant fou a inventé un rayon mystérieux qu'il expérimente sur la ville de la lumière. « Paris qui dort » tel est le titre du court-métrage français réalisé par René Clair en 1923, sorti en 1925 et présenté hier, par le trio classique piano, violoncelle et flûte respectivement : Isabelle Poulain, Sylvie Lorgeou et Sabine Jehanno, au Théâtre municipal de Tunis dans le cadre du Festival de la Médina. Bien qu'il soit relativement méconnu, l'œuvre de René Claire est d'une originalité aussi rare que surprenante dans la mesure où il mélange avec subtilité réalisme et poésie. Cette mise en musique a été brillamment aboutie et en parfaite adéquation avec le film sans omettre bien évidemment l'interprétation du trio musical qui a interprété des compositions des années 20 marquant l'écriture musicale moderne à savoir la 4ème Gnossienne (1890) de Satie, « Habanera » (1895) de Ravel, « En bateau » de Debussy et « La pavane » (1887) de Fauré. « Paris qui dort » – de René Clair (durée : 36mn) – qui offre une vision dadaïste de Paris des années 20, met en lumière la ville et la Tour Eiffel de façon unique. Une histoire mystérieuse et fantastique de ce Paris endormi à travers un ton à la fois comique et poétique. D'ailleurs, l'une des merveilles du monde y est filmée sous tous les angles avec certaines scènes à peine imaginables à l'époque. L'auditoire du Théâtre municipal a pleinement apprécié le travail du trio et la qualité de leur interprétation, en harmonie étonnante, avec l'évolution chronologique et les différents détails du film. Dans une interview accordée à « INFOTUNISIE », Isabelle Poulain a indiqué que la différence entre le ciné-concert des années 20 et celui de nos jours est que le premier consistait en la présence d'un seul pianiste capable de tout faire ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Le principe étant simple, coller de la musique à des images sans faire de l'improvisation. Elle a ajouté, en outre, que la musique permet d'amplifier les sensations du film comme une scène d'amour ou un côté dramatique alors que le brouillage instrumental sert à accentuer plusieurs scènes cinématographiques.