INFOTUNISIE-C'est une Tunisienne qui a si tôt appris à méditer le bleu céleste du ciel méditerranéen, à s'évader à l'ombre d'un olivier, d'un figuier ou bien encore d'un cognassier quand il faisait 50 degrés à l'ombre. Quand elle parle, les mots ont dans sa bouche une métamorphose adorable et sa voix est à la fois tendre et sonore comme le chant d'un rossignol planant sur la Grande bleue au crépuscule. Historienne, journaliste et professeur universitaire, Monique Zetlaoui est l'auteure d'un ouvrage constituant à vrai dire un carnet de voyage dans l'univers des légumes et des fruits, à savoir, son intitulé « Exquis promeneurs entre levant et ponant ». Lequel vient de remporter le prix « le meilleur guide du tourisme culinaire en France », faisant partie du prix international « Gourmand awards 2009 ». Au sujet de son livre qui a bien fait parler de lui et ne cesse de faire couler beaucoup d'encre, elle s'est confiée à INFOTUNISIE : Votre intitulé « Exquis promeneurs entre levant et ponant » vient d'être primé lors d'un concours de poids regroupant une importante pléiade de candidats, comment identifiez-vous ce prix ? J'étais agréablement surprise par cette distinction qui m'a été décernée face à plusieurs prétendants représentant 138 pays. En outre, c'est moins le prix en soi qui importe que la mise en valeur d'une dimension civilisationnelle tout aussi importante dans l'histoire des Hommes. Les personnages de mon livre ne sont autres que des fruits et des légumes, toutefois, ils acquièrent le statut de véritables protagonistes historiques. C'est là tout l'enjeu. Alors, de la littérature de l'estomac si l'on peut ? Je dirai plutôt, que mon ouvrage traite par ordre alphabétique d'une vingtaine de fruits et légumes. Certains produits peu connus en France font légion au Moyen-Orient et au Maghreb. La figue, la laitue, le coing et l'olive ne sont plus réduits à de simples produits alimentaires, ils deviennent d'infatigables voyageurs en leur assignant une précision historique servant à mieux éclairer le lecteur sur l'identité complète de chaque produit. Dans certaines de mes pages j'ai rendu éloge aux choux et à la grenade comme étant des produits parfaitement originaires des terres tunisiennes, alors que j'ai focalisé sur la mobilité du café et de la canne à sucre en allusion à l'historicité de chaque produit avant de se faire cuisiner. D'ailleurs, plusieurs de mes recettes illustrent le propos en puisant tantôt dans les anciens livres de cuisine du monde arabe médiéval, tantôt dans le répertoire culinaire d'aujourd'hui au Nord et au sud de la Méditerranée. Qu'est ce qui fait valoir cet ouvrage, pratiquement, où réside son originalité, à proprement parler ? Dans mon livre, je parle de certains fruits et légumes en fonction des spécificités de chaque pays, comme je présente pour chaque ingrédient des recettes séculaires de l'époque sumérienne, grecque ou pharaonique avant de proposer quelques recettes d'aujourd'hui. Un atout fort perceptible dans votre œuvre ? L'ensemble de mes pages est doté de diverses illustrations en aquarelle. Ce qui confère au texte un élan esthétique et poétique que l'on prend souvent pour fascinant par certains critiques. Est-ce de l'histoire au service du culinaire ou bien le contraire ? On peut dire les deux. De l'histoire pour enrichir le culinaire et vice-versa. Pour moi, il s'agit d'un duo devant être inséparable comme le sont la madeleine de Proust et son temps perdu. A vous de conclure… Où que mes pérégrinations me portent, la Tunisie vole en moi.