« De toute évidence, trois conditions premières seront à la base du succès de notre transition démocratique et de l'avenir de notre pays », a déclaré Rachid Sfar, ancien Premier ministre sous la présidence de Habib Bourguiba. Dans une interview accordée au journal « leplus.nouvelobs.com », M. Sfar a précisé que la première clé de ladite réussite est relative à la transformation radicale du fonctionnement de nos institutions politiques, dont le point de départ sera l'adoption d'une nouvelle Constitution qui pallie les défauts de la défunte constitution, ayant fait l'objet de nombreuses néfastes modifications. Cette nouvelle Constitution doit rendre effective et efficace le contrôle de l'activité de l'Exécutif – président de la République et gouvernement- par le Parlement, notamment au travers des commissions d'enquête et d'évaluation et grâce à une indépendance effective et totale de la Cour des Comptes et de la Cour de discipline budgétaire. « La stabilité et la paix intérieure de notre pays est une deuxième condition fondamentale pour le succès ». En effet, après plus de vingt ans de régime quasi dictatorial avec des dérives mafieuses impensables, le rétablissement de toutes les libertés publiques fondamentales indispensables à un véritable Etat de droit peut conduire à la multiplication des tensions. « Nous, Citoyens tunisiens devrons tous faire l'effort pour trouver en nous-mêmes les règles vertueuses du bon vivre ensemble en jouissant des libertés nouvelles que la Révolution nous a apportées et découvrir que nos droits comportent leur équivalent en devoirs ». Toujours selon M. Sfar, la 3e condition de succès réside dans la relance du développement économique et social de notre pays sur de nouvelles bases : « Il est admis par tous, aujourd'hui, qu'un taux de croissance minimum de 7% est indispensable pour créer suffisamment d'emplois et absorber le plus grand nombre de jeunes diplômés ». « C'est pourquoi, a-t-il ajouté, il est indispensable que les entrepreneurs tunisiens reprennent une confiance totale dans la viabilité des stratégies définies pour la relance et pour la protection des investissements de toute forme de prédation. Le taux de nos investissements publics et privés doit se développer pour tendre annuellement vers 35% de notre PIB. Mais, il ne s'agit pas de réaliser n'importe quel investissement. Le bon choix des nouveaux investissements est vital. Il ne faut plus renouveler les erreurs du passé ». Ancien Premier ministre du président Bourguiba, Rachid Sfar a été remplacé par Zine el-Abidine Ben Ali à la tête du gouvernement en octobre 1987. Il décrit aujourd'hui les conditions qu'il juge nécessaires au succès de la transition démocratique dans son pays.