Plusieurs tentatives visant la mise à niveau et la refonte du secteur des assurances en Tunisie ont déjà été menées depuis plusieurs années. Il s'agit de la touche nécessaire qui complète l'ensemble des actions entreprises pour la révision de l'ensemble du marché financier. Le secteur des assurances en Tunisie souffre des insuffisances structurelles suivantes : - Un faible taux de pénétration des prestations d'assurances dans l'économie nationale avec un taux de 1,94% en 2006 contre une moyenne de 7,5% sur le plan mondial. De même, la densité des assurances en Tunisie dépasse légèrement les 78,6 DTN contre une moyenne mondiale de 885 DTN. Ces deux indicateurs reflètent le fait que la consommation des services d'assurances n'est pas bien ancrée dans les habitudes des ménages et entreprises tunisiens, et les assurances obligatoires occupent toujours une part significative du marché. - Déficit de la branche « Automobile » : Cette branche occupe toujours la première place dans l'activité des entreprises d'assurances avec plus de 43% du chiffre d'affaires global. En effet, l'assurance automobile présente un déficit structurel chronique avec un déficit technique, en 2006, de 52,98 MDT contre un déficit de 42,61 MDT une année auparavant. De plus, le nombre important des accidents de la circulation pèse lourd sur le coût de l'assurance puisque les indemnisations versées au titre de l'assurance automobile ont atteint 252,5 MDTN en 2006 en hausse de 11,5% par rapport à 2005 et représentant 54,14% du montant total des sinistres réglés. Le déficit structurel dont souffre cette branche est dû au fait que les primes d'assurances sont fixées par le Ministère des Finances alors que les sinistres sont déterminés par les tribunaux en dehors de tout barème. De ce fait, un même sinistre peut être indemnisé différemment selon l'emplacement géographique du tribunal. L'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l'assurance automobile en application depuis le 1er Janvier 2006, va résoudre une partie de ce problème étant donné que cette loi instaure un système de barèmisation pour la détermination par les tribunaux des sinistres à payer. Cette nouvelle réforme permettra un dédommagement rapide et équitable de toutes les victimes d'accidents de la circulation. - Déficit de la branche assurance «Groupe Maladie»: En 2006, cette branche a représenté 15% du chiffre d'affaires global du secteur et 22,8% des sinistres réglés. Avant 2006, cette branche présentait aussi un déficit structurel et chronique mais de moindre importance que celui de la branche automobile. A partir de 2006, l'assurance groupe maladie a réussi à enregistrer un résultat technique net positif mais peu élevé, soit 0,27 MDT. Dans le cadre de la réforme de l'assurance maladie, cette activité sera transférée, à partir de 2008, à la « Caisse Nationale d'Assurance Maladie » (CNAM). Avec le transfert, il est prévu un régime complémentaire qui sera probablement géré par le secteur des assurances. Il n'empêche, le transfert se traduira à priori par la perte du chiffre d'affaires directement lié à cette activité mais constituera en même temps une opportunité pour proposer de nouvelles formules de prestation de santé. - Un faible rôle dans la mobilisation de l'épargne : La part de l'assurance vie demeure limitée en dépit des incitations fiscales instituées à cet effet. Au niveau mondial, la branche vie et capitalisation occupe une moyenne de 60% de l'activité d'assurance. En Tunisie, l'assurance vie ne représente que 10% de l'activité. Elle reste dominée par le type « Temporaire Décès » lié aux crédits d'acquisition de logements ou de biens d'équipement et aux opérations de leasing. La loi de finances pour la gestion 2008 a augmenté le montant des primes d'assurance vie déductible de l'assiette imposable de 2 000 dinars à 3 000 dinars. Cette mesure a pour objectif de développer davantage l'assurance vie, un outil de mobilisation de l'épargne longue. Par ailleurs, l'espérance de vie du tunisien, qui est passée à 70 ans pour les hommes et 73 ans pour les femmes a rallongé pour quelques années supplémentaires la durée de la période de retraite. Cependant, un cadre supérieur moyen du secteur privé ne peut toucher sous forme de pension de retraite que 40 à 50% de sa rémunération d'avant retraite. Parallèlement, les difficultés que devront affronter les caisses sociales dans les années à venir du fait de l'évolution importante du nombre de retraités par rapport à la population active feront en sorte qu'il y aurait une forte pression sur le niveau des pensions. Tous ces faits conduiront à plus de recours au complément de rémunération dans le futur sous forme d'assurance vie. L'absence d'une culture d'assurance bien ancrée chez les tunisiens et la mauvaise image et notoriété des compagnies d'assurances produite principalement par la branche automobile constituent autant d'obstacles à surmonter pour les compagnies d'assurance tunisiennes. L'ensemble de ces insuffisances conjugué à une ouverture prévue des frontières à la compétition extérieure conformément aux engagements pris dans le cadre de l'OMC et aux accords de libre échange avec l'Union Européenne a rendu nécessaire l'élaboration d'une réforme du secteur et une mise à niveau des compagnies pour faire face à l'arrivée des compagnies étrangères.