La publication du rapport fleuve de la Commission nationale d'investigations sur la corruption et les malversations en dit long sur le traitement réservé aux journalistes. Les deux poids deux mesures exercés par l'ATCE, l'Agence tunisienne de la communication extérieure, ont porté un préjudice sérieux à la profession de journaliste. Le système mis en place par l'ancien régime favorise les journalistes étrangers. Il pénalise, sous-estime et rabaisse les nationaux, comme si l'information locale était confectionnée outre frontière. Les sommes engagées sont faramineuses. Elles auraient pu servir à améliorer la situation du journalisme en Tunisie et atténuer un tant soit peu le chômage. Elles ont servi à redorer l'image de marque du régime en place au détriment de tout un secteur. Le crime est tellement flagrant que face à la marginalisation des chevaliers de la plume chez eux en Tunisie, le rayonnement de leurs consœurs et de leurs confrères à l'étranger, en France et dans les pays du Golfe notamment, fait le bonheur des médias de ces pays. Maintenant, la balle est dans le camp des journalistes. Libérés de toute contrainte et de toute marginalisation, ils vont pouvoir s'exprimer. Ils accompliront décemment leur devoir sans tutelle ni pression ou influence. La scène médiatique connait actuellement une animation sans précédent. Avec la prolifération des supports médiatiques, la concurrence promet d'être rude. Pour assumer leur tâche comme il se doit, les professionnels doivent se départir de l'immobilisme dans lequel ils ont été confinés pendant plus de 23 ans. L'accès à la source est plus aisé. Il est garanti par le nouveau code de la presse. De passifs et de récepteurs, les journalistes seront désormais des producteurs. Leur devoir consiste à maîtriser les instruments de travail, à savoir la langue, l'ordinateur, la caméra. Le salut de la presse électronique se trouve dans l'usage du vrai multimédia, à savoir le texte, l'image, la vidéo et le son. Il faut également débarrasser le secteur des intrus et des personnes corrompues par l'argent sale sous l'ancien régime. Les Tunisiennes et les Tunisiens ont hâte de connaître le contenu de la liste noire des gens véreux, ayant puisé dans les caisses de l'ATCE ou d'autres institutions de communication. Grâce à la Révolution, les journalistes pourront montrer leur talent. Ils seront à même d'administrer la preuve de leur compétence en Tunisie même après avoir largement réussi à l'étranger. Ils pourront user de la liberté d'expression dans les limites de la déontologie de la profession. Ils véhiculeront une information sûre, vérifiée et objective. Ils éclaireront l'opinion publique sur les événements d'intérêt national et de proximité. Leurs commentaires seront mesurés et autant que possible équilibrés. Leur statut de quatrième pouvoir les habilite à dénoncer l'injustice, la corruption, l'abus de pouvoir, les dépassements de tous genres, le détournement de biens publics, la fraude fiscale…. Ils ne se tairont plus. Ils réagiront chaque fois que la situation l'exige. L'abondance de la matière doit les inciter à fournir beaucoup d'efforts et de persévérance. L'avenir appartient à ceux qui accompliront leur travail avec conscience honnêteté et objectivité.