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Un passé honteux, un présent équivoque et un avenir à construire
Transition démocratique : L'information et la communication en Tunisie
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 09 - 2011

L'Instance nationale indépendante pour la réforme de l'information et de la communication a organisé, hier, en collaboration avec l'Institut arabe des droits de l'Homme, une conférence sur l'information en Tunisie «entre un lourd héritage et la construction de l'avenir».
Ce thème d'actualité nous place face à une analyse embarrassante mais en rien démotivante. Récit d'un débat ouvert et franc et qui se poursuit aujourd'hui.
Pour M. Abdel Basset Hassen, le président de l'Institut arabe des droits de l'Homme, les recommandations populaires de la révolution sont : liberté, dignité, justice et équité. La dynamique du processus révolutionnaire s'articule autour d'un axe fondamental qui est la répartition des rôles. D'où la place qu'occupent désormais et le domaine de la presse et celui des droits de l'Homme, notamment dans la transition démocratique. Pour ce qui est du domaine de l'information, le rôle que se doit d'assumer l'information réside dans la compréhension et la critique des mutations, dans l'accompagnement de la transition démocratique, dans la lutte contre la dictature et dans la transmission de la voix du peuple. Pour y parvenir, poursuit M. Hassen, il est impératif de comprendre le passé sombre de ce domaine et de prendre connaissance de la façon dont l'information a été détournée et utilisée comme un outil de promotion de la dictature.
«Le domaine de l'information et de la communication est, lui aussi, en besoin d'une justice de transition», fait remarquer l'orateur. Une justice de transition, mais aussi une démarche sérieuse vers l'édification d'une information conforme à la déontologie du métier.
M. Hassen propose une dépolitisation du secteur, une réforme législative juste et appropriée et l'élaboration d'une stratégie nationale de l'information. Il indique également que le domaine de l'information a connu durant les derniers mois un progrès important sur le plan juridique et institutionnel, ainsi que l'émergence de nouvelles institutions médiatiques. Toutefois, les pratiques ne sont pas exemptes d'erreurs et de faux pas. «Il est important de mettre en avant les bonnes expériences et les meilleurs produits journalistiques, et de faire en sorte qu'il y ait une documentation-repère dans ce domaine. L'information est appelée à jouer un rôle important en matière de diffusion de la culture des droits de l'Homme», souligne encore M. Hassen.
Prenant la parole, M. Kamel Laâbidi, président de l'Instance nationale indépendante pour la réforme de l'information et de la communication rappelle de son côté le despotisme exercé par l'Agence tunisienne de communication extérieure (Atce) sur les organismes de presse et sur l'information d'une manière générale.
L'Instance se propose de «purifier» le secteur. Elle a initié des débats avec les professionnels en vue de réfléchir à des solutions réformatrices. De même, des dispositions juridiques ont-elles été mises en place pour préserver le droit à l'information administrative. Par ailleurs, un projet est envisagé. Il consiste en la mise en place d'une instance réformatrice de la communication audiovisuelle. «Ces mesures et cette volonté confirmée de réformer le domaine de l'information et de la communication se trouvent contestées par ceux dont l'intérêt ne va pas de pair avec l'éradication de la dictature. Et voilà que le système établi par Abdelwahab Abdallah continue d'envenimer le secteur. Le silence du gouvernement provisoire ne peut qu'être inquiétant. Mais toutes ces défaillances ne nous démotivent en rien et nous continuerons notre lutte pour asseoir l'éthique journalistique et réformer le domaine», souligne M. Laâbidi.
Journalisme tunisien : une histoire peu glorieuse
Dans le même souci de l'analyse rétrospective des anciennes pratiques, M. Mohamed Abbou, avocat et défenseur des droits de l'Homme, aborde le thème des «mécanismes et cadres juridiques favorables à l'instrumentalisation des médias». Il passe en revue les diverses étapes de l'histoire du journalisme en Tunisie, en remontant loin. Les débuts datent de 1859... Le Code de la presse est censé protéger les journalistes et la déontologie du métier mais, au fond, il ne fait que sanctionner tout article et toute information, juste ou fausse, susceptible de perturber l'ordre public. «Le code de la presse a été encore plus oppressant après l'indépendance que les règles imposées auparavant par l'occupant français», remarque M. Abbou. Il ajoute que l'ancien régime s'est laissé aller à certaines réformes. Des réformes en trompe-l'œil, puisque l'on a simplement supprimé certains textes de loi du Code de la presse pour les réintroduire dans le Code pénal : «Le journaliste M. Fahem Bou Kaddous a été bel et bien puni par l'ancien régime pour ses articles, mais non pas selon le Code de la presse : selon le Code pénal !»
Me Abbou indique, par ailleurs, que la législation permettant la création de nouveaux organismes de presse obéit désormais à une autorisation censée être claire. Mais, là encore, le ministère de l'Intérieur intervient et prend son temps pour daigner accorder, ou pas, ladite autorisation. Pour ce qui est du paysage audiovisuel, l'orateur précise qu'il n'existe pas de loi régissant la création de chaînes de télévision et de radios privées. Ce domaine a été, en effet, livré à la spéculation de l'Office national de télédiffusion. «Il est grand temps pour le domaine de l'audiovisuel d'être soumis à une loi le réglementant», indique Me Abbou, qui estime en outre que la pénalisation des journalistes devrait obéir aux normes internationales, lesquelles permettent la dépénalisation en cas de preuves établissant la bonne foi du journaliste.
Prenant la parole à son tour, Mme Hamida Ben Salah, journaliste à l'Agence France-Presse donne une idée sur l'instrumentalisation des médias et la corruption sous l'ancien régime. Elle dénonce la domination de l'Atce, l'instrumentalisation des journalistes étrangers afin de faire briller l'image du dictateur et de son système. En outre, «la presse des partis d'opposition était privée de ses droits les plus élémentaires comme le droit à la subvention du papier, à la régularité de la distribution et de la publication. Quant aux sites Internet, ils étaient sous l'emprise de la censure au point que la Tunisie a été jugée comme étant l'un des pays ennemis de l'Internet». Elle rappelle en outre le parcours tragique des journalistes-militants à l'instar de MM. Zouhair Yahyaoui et Slim Boukhdhir ou encore celui d'ONG et organisations opposantes comme l'Association des femmes démocrates. «La corruption est devenue telle qu'on obligeait certains journalistes à faire des rapports détaillés sur leurs collègues et celui qui ne cèdait pas à ces ordres se trouvait inéluctablement sanctionné», rappelle-t-elle.
Ben Ali : la corruption de la presse, sous d'autres cieux
Par ailleurs, Mme Ben Salah regrette l'absence de tout esprit critique et de toute créativité chez la jeune génération des journalistes : résultat évident de la politique d'oppression. «Les solutions résident, désormais, dans la mise en place de mécanismes favorables au journalisme indépendant, mais aussi dans la bonne formation, dans le respect de la déontologie du métier et dans la pénalisation des symboles de la corruption», affirme l'oratrice.
M. Jamel Aïd, directeur du réseau arabe des droits de l'Homme exprime l'opinion des défenseurs des droits de l'Homme et de la liberté d'expression concernant l'information sous le régime de Ben Ali. Il avoue que la Tunisie et l'Arabie Saoudite étaient considérés comme les pays les plus opprimants du secteur de l'information. «Le pire, c'est que à chaque fois qu'un journaliste se trouve injustement puni par Ben Ali, l'on découvre ipso facto une information de promotion sur Ben Ali le vantant comme étant le chef de l'Etat le plus respectueux des droits de l'Homme et de la liberté d'expression», indique M. Aïd. Il montre du doigt la coopération de certains journalistes arabes et de certains organismes de presse pour faire briller l'image du dictateur moyennant une bonne somme d'argent.
Pour corriger l'information et lever le voile sur le non-dit, le réseau arabe des droits de l'Homme alimentait ces quotidiens en informations justes. Mais ces détails n'ont jamais été publiés. «Ce sont les mécanismes tunisiens de Ben Ali qui rédigeaient et vendaient ces articles de promotion aux quotidiens arabes», précise l'orateur. L'argent de Ben Ali a même séduit des institutions arabes de renom, comme l'Union des journalistes arabes. M. Aïd souligne que dévoiler et montrer du doigt la corruption rongeant le domaine de l'information constitue déjà un pas vers la réforme.
M. Wissem Souissi, journaliste tunisien à l'étranger, s'inquiète quant à lui pour l'avenir du domaine de l'information : «Y a-t- il actuellement une réelle possibilité et une volonté de remédier à ce qui s'est passé dans le domaine de l'information ? Nous nous trouvons actuellement dans un climat où il ne nous est pas facile d'assumer la lourdeur de cet héritage».


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