[Ridha_Bettaieb.jpg]« Il faut travailler sur la visibilité stratégique du site tunisien, car nous manquons de visibilité et cela fait peur aux investisseurs privés », a affirmé M. Riadh Bettaieb, ministre de l'Investissement et de la Coopération internationale. Dans une interview accordée au journal « La Presse », à l'occasion de la tenue du Forum de la Tunisie sur l'investissement, le ministre a donné une évaluation générale sur l'environnement d'investissement en Tunisie. Ce que cherche l'investisseur étranger d'une manière générale c'est le climat des affaires, l'Etat de droit, l'accès à l'information, la transparence, la lutte contre la corruption, l'infrastructure adéquate, la qualité des ressources humaines, un système incitatif fort et attrayant… M. Bettaieb a précisé que la Tunisie est en retard par rapport aux pays émergents qui font la même chose, c'est-à-dire tout simplement les concurrents comme la Turquie, le Maroc, l'Egypte ou encore la Malaisie : « Ces sites nous ont dépassés par leur système ouvert, la facilitation des procédures, la liberté d'entreprendre. Nous souhaitons actuellement faire passer un message plus pertinent sur les réels potentiels de la Tunisie et c'est justement ce que nous sommes en train de faire, malgré le travail technique qui n'est pas encore entamé pour réformer le code des investissements. Nous essayons, de plus, d'améliorer le cadre réglementaire qui régit le partenariat public-privé qui est très en retard ». Le ministre a indiqué qu'en Tunisie le secteur privé a besoin de soutien et ce ne sont pas les chiffres qui vont démentir son importance : « Le secteur de l'investissement en général représente 22% du PIB et dans ce même taux le secteur privé représente 60 % à 65 % alors que, dans les pays concurrents, ce taux s'élève à 80 % voire 90%. Ces pays-là ont un secteur privé plus dynamique. Au Liban, c'est le secteur privé qui a construit le pays après la guerre. En Tunisie, nous devons absolument soutenir le secteur privé. C'est pour cette raison que nous sommes en train de revoir et de réformer le secteur bancaire et d'essayer de trouver de nouveaux produits de financement, multiplier les sociétés de fonds, les fonds d'investissements, les systèmes de garantie de crédits. Nous travaillons donc sur deux chantiers importants, à savoir le cadre réglementaire et le système bancaire qui est appelé à être plus performant ». D'autre part, et pour rendre les régions, autres que côtières, beaucoup plus performantes, il faut impérativement mettre en place une cartographie régionale de l'investissement : « Autrement, nous serons contreproductifs. Nous donnerons par exemple des agréments pour mettre en place un projet pour une industrie chimique alors qu'il serait plus performant de créer un projet d'agriculture biologique. Nous sommes en train de travailler sur cette question avec des partenaires étrangers pour mettre en place une stratégie d'investissement et une cartographie régionale de l'investissement et c'est cette même base qui va nous aider à adopter le nouveau code de l'investissement, lequel va être le pilier de cette stratégie ».