Vendredi 13 juillet 2012 au soir. La seconde chaîne de la télévision nationale tunisienne diffusait son talk-show : « Hkayet tounsiya » de Faten Oueslati Aouini. Le thème choisi était celui de l'état actuel de la chanson tunisienne qui n'est point à envier. Les invités : deux chanteurs, un imprésario et un journaliste spécialisé dans la chanson tunisienne. Le spectacle d'ouverture de la 48ème édition du festival international de Carthage, qui rendait hommage au Malouf et à Ali Riahi, à l'occasion de son centenaire, était le point de départ du débat. La sempiternelle question inhérente à la bonne santé (sic !) et aux maux de notre chanson d'aujourd'hui, étaient au cœur du débat. On notait l'absence d'un des participants fidèles à cette émission ; un avocat de son état, dont on oublie ici le nom, qui a toujours brillé par son éloquence et ses interventions pertinentes et qui venait analyser sans peur, ni démagogie, ni langue de bois, le thème soumis au débat. A-t-il été écarté pour avoir été raisonnable et à la bonne langue ? Cela arrive souvent ! On l'ignore encore, tout en espérant le retrouver sur ce plateau sympathique. Certes, ce débat n'a pas démérité ; dans la mesure où le musicien et impresario Ezzeddine El Béji a été franc dans ses analyses, ayant une large expérience dans le domaine et parlant selon des critères historiques ; mettant le doigt sur les vrais maux de notre musique. La diffusion, en Tunisie de la chanson tunisienne, rencontre encore et toujours des difficultés. Car, depuis l'arrivée du vidéo-clip et la fuite de nos meilleures voix au Machrek, on s'était retrouvés à produire pour nous-mêmes, ou à ne rien produire ! Sinon à consommer la production de nos « anciens » chanteurs, devenus «vedettes arabes!». Les sociétés tunisiennes de production discographique, refusent carrément les chanteurs tunisiens, à l'exception des chanteurs du « Mezoued » -les veinards !- qui sont toujours demandés par les clients potentiels. On se demande, dans ce cas, si le goût du public rime avec le « Mezoued » de basse facture ? L'un de ces propriétaires de sociétés était au bout du fil et a reconnu que s'il produisait un album à 100 millions de nos millimes, pour le vendre à un dinar l'unité, il faudrait qu'il soit acheté par cent mille personnes ! Alors que cet album ne serait acheté, dans le meilleur des cas, que par cent personnes ! Les chanteurs Sofiène Zaïdi et Asma Ben Ahmed, qui avaient participé, en solo, au spectacle d'ouverture de Carthage 2012, tout en chantant en live, durant ce programme télévisé, avaient manifesté leur désir de mieux se faire connaître auprès de leur propre public, tout en affirmant que lors de leurs tournées à l'étranger, les producteurs et le public demandent toujours des chansons du produit local et non de celui galvaudé par toutes les chaînes satellitaires. Ezzeddine El Béji a émis le vœu que le ministère de la Culture crée une société de production musicale où participeraient les artistes tunisiens. Cette société permettrait, peut-être, à notre chanson, de sortir de sa crise. Notre chanson, pour y rester, pourra-t-elle retrouver, ainsi, son faste d'antan ? Sinon le niveau exceptionnel du milieu et de la fin des années quatre vingt du siècle dernier ? Avec les compositeurs Abdelkrim Shabou, Abderrahmane Ayadi, Mohamed Allem, Naceur Sammoud, Mohamed Mejri ? La question reste posée.