Le collectif citoyen regroupant cinq associations de la ville de Bizerte (DERB, APS LB, ASSEB, CAVCB, LTDH Bizerte) poursuit sa campagne visant à dénoncer les manquements réglementaires, les défaillances techniques, les multiples dégâts environnementaux ainsi que les nombreuses perturbations d'ordre socio-économiques causés par l'implantation et les travaux des chantiers de la Marina de Bizerte. Ces associations ne semblent pas avoir l'intention de lâcher prise et comptent poursuivre leur pression sur les promoteurs. Elles sont soutenues en cela par une tranche de la population qui se déclare « lésée » par le projet. Afin de tenir les citoyens informés des démarches entreprises, le collectif a appelé à une conférence de presse à laquelle trop peu de journalistes ont répondu alors que la salle était pleine de personnes toutes acquises à l'initiative associative. La rencontre, tenue samedi 12 janvier 2013, au local de l'ASMB, a programmé quatre interventions étayées de documents administratifs, techniques, juridiques,…destinées à convaincre une assistance déjà convaincue des « effets pernicieux » du projet sur la ville, ses habitants, sur les aspects environnementaux terrestres et maritimes, sur les sources de revenus d'une frange de la population, sur les activités sportives subaquatiques des clubs nautiques, sur la dénaturation du patrimoine historique de la ville,…et sur le Nautilus, la composante immobilière du projet, principal point de discorde. Les organisateurs ont rapporté la teneur des réunions qu'ils ont eues avec toutes les parties influentes, depuis l'affaire en justice introduite pour la désignation d'experts chargés d'évaluer le non-respect par le promoteur du cahier des charges et qui sont toujours penchés sur la question. Des rencontres ont eu lieu avec le gouverneur de Bizerte, avec l'ANPE, l'APAL, le chef de cabinet de la ministre de l'Environnement, avec le ministre des Droits de l'Homme qui auraient été sensibles aux arguments avancés par les revendicateurs. Une réunion est prévue le 25 janvier, à la mairie de Bizerte, qui pourrait servir de base de discussion entre le promoteur et les parties requérantes. Car, faut-il le rappeler, l'affaire est devenue un véritable bras de fer entre deux rivaux qui, jusqu'ici, semblent privilégier la controverse à un débat constructif et profitable pour la ville. Outre les innombrables griefs invoqués, le collectif attaque les promoteurs au niveau du renouvellement du permis de construction, venu à expiration et que, selon les associations, la mairie aurait refusé de renouveler. Elles exigent ni plus ni moins qu'une suspension immédiate des travaux dans l'attente d'une régularisation de la situation. Cette formalité administrative n'est pas éludée par les promoteurs qui déclarent être disposés à toutes les propositions. Ils n'en présentent pas moins leurs arguments tout en reconnaissant quelques entorses imposées par une conjoncture difficile. Concernant le non respect des spécificités environnementales dont ils sont accusés, les promoteurs opposent l'étude entamée en 2006 dont les résultats ont été exploités pour le choix de la solution optimale retenue pour la conception du plan d'eau et des ouvrages. Les promoteurs évoquent en outre une version définitive d'une étude d'impact de 2009, tenant compte des remarques et observations des agences et du ministère en charge de l'environnement quant à la sécurité de la navigabilité au port commercial et l'impact du projet sur le vieux port. Cette étude d'impact sur l'environnement a constitué la pièce maîtresse du dossier de concession présenté début 2010, assurent les promoteurs. Mais précisément, clament les associations, c'est cette concession faite dans des conditions contestables » qui pose aujourd'hui problème. Par ailleurs, le PGE, selon le promoteur confirme un impact positif du projet et prévoit l'installation d'un système d'avivement et une remise en état du système défaillant du Vieux Port. Tout en rappelant l'obtention auprès de l'APAL des autorisations directes et la signature du contrat de concession ferme, la conformité du plan d'aménagement qui n'a en rien touché au plan d'aménagement du littoral, l'absence de rejets induits par le projet et donc la non responsabilité du projet dans la pollution du Vieux Port , les promoteurs rappellent leurs propositions réitérées de prise en charge de l'entretien du système d'avivement du courant marin dans le bassin du Vieux Port, l'assainissement et le ravalement des façades des habitations riveraines. Ils se déclarent toujours ouverts au débat et disposés à étudier toute proposition apte à sortir de cette impasse. Y compris une indemnisation des citoyens qui se sentent lésés par le projet. Pour le commun des citoyens, sensibles autant au développement et à l'évolution de la ville que par les questions de sauvegarde de l'environnement, le temps est venu pour que toutes les parties prennent langue et qu'elles parviennent à une entente définitive. Car, une impression prévaut que l'affaire est en voie d'instrumentalisation pour des objectifs déviants. Enfin, un appel pressant est lancé au gouvernement afin qu'il assume toutes ses responsabilités, notamment dans le suivi du projet qu'il reconnaît avoir négligé. M. BELLAKHAL