L'association « Tounès al-fatat » a organisé, samedi dernier, un séminaire intitulé « Fils d'Abraham sur la terre de Tunisie », à l'occasion de la semaine internationale de l'harmonie interconfessionnelle. Bénéficiant de la collaboration de la Fondation allemande Konrad Adenauer, cette rencontre a fait appel à de nombreux chercheurs, universitaires, représentants de la société civile, tels Habib Kasdaghli, doyen de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, Néji Jalloul ou encore le Père Blanc Jean Fontaine. Le programme du séminaire comportait des interventions sur la participation des juifs au mouvement national tunisien, le rôle des artistes juifs dans la musique tunisienne, l'interaction entre le dialecte tunisien et la langue maltaise, sur les chrétiens et le travail humanitaire en Tunisie, la participation des non-musulmans à la vie politique actuelle et la coexistence entre religions après le printemps arabe. M. Habib Kazdaghli a relevé l'importance du rôle de l'Université et de la société civile dans l'enseignement scientifique de l'histoire de la Tunisie « terre de tolérance et de diversité culturelle » et dans la promotion du dialogue et la consécration de l'esprit d'ouverture, de tolérance et de respect de l'autre. La Tunisie, a-t-il précisé, dispose d'une richesse telle qui démontre notre identité propre mais également plurielle. L'universitaire Néji Jalloul, pour sa part, a souligné que « la société tunisienne a aujourd'hui régressé par rapport à l'époque des Fatimides et des Aghlabides où des non-musulmans ont occupé des postes éminents. A Kairouan, a-t-il précisé, il y avait des groupements scientifiques juifs et catholiques ainsi que des églises, les Tunisiens, toutes religions confondues, cohabitaient dans un climat de paix et de stabilité. L'islam que l'on cherche à imposer aujourd'hui est étranger à notre culture et à notre histoire, a ajouté l'universitaire. Quant au Père Jean Fontaine, ancien directeur de l'Institut des Belles Lettres Arabes (IBLA), il a souligné que la nouvelle Constitution comporte « ce qu'il faut pour que les Tunisiens non musulmans puissent vivre en paix en Tunisie ». Les non- musulmans sont réellement une minorité, a fait remarquer le Père Jean Fontaine dans une déclaration à l'agence TAP, faisant observer que la liberté de conscience et de croyance, inscrites dans la Constitution doivent être appliqués dans la réalité. On indique que la Tunisie compte 11 millions de musulmans tunisiens, 1400 juifs tunisiens, entre 600 et 800 bahaïtes, près de 400 Tunisiens chrétiens et presque 1000 personnes étrangères non musulmanes mariées à des Tunisiens et ayant obtenu la nationalité tunisienne.