Le Père Blanc Jean Fontaine : «Il y a dans la Constitution ce qu'il faut pour que les Tunisiens non musulmans puissent vivre en paix en Tunisie» « Il y a dans la Constitution ce qu'il faut pour que les Tunisiens non-musulmans puissent vivre en paix en Tunisie », a souligné, hier, le Père Blanc Jean Fontaine, ancien directeur de l'Institut des belles lettres Arabes (Ibla). Lors d'un séminaire organisé à Tunis, à l'initiative de l'Association «Tounes Al Fatat», en collaboration avec la Fondation allemande Konrad Adenauer-Stiftung, et intitulé «Fils d'Abraham sur la terre de la Tunisie», le Père Jean Fontaine estime, dans une déclaration à l'agence TAP, que « dans sa majorité, la société tunisienne n'est pas prête à accepter les minorités religieuses ». Il a signalé que « la Tunisie compte aujourd'hui 11 millions de musulmans tunisiens, 1.400 juifs tunisiens, entre 600 et 800 bahaïtes, près de 400 Tunisiens chrétiens et presque 1.000 étrangères non musulmanes mariées à des Tunisiens et ayant obtenu la nationalité tunisienne ». « Les non-musulmans sont donc réellement une minorité en Tunisie », a-t-il indiqué, faisant observer que la liberté de conscience et de croyance, inscrite dans la Constitution, doit être appliquée dans la réalité. Le Père Jean Fontaine a souligné que chaque individu est libre de choisir sa religion, nul ne doit l'obliger à changer ses croyances pour vivre dans son pays. Un espace qui doit rester ouvert Pour sa part, Habib Kazdaghli, doyen de la faculté des Lettres, des arts et des humanités de La Manouba, a souligné le rôle important de l'université dans l'enseignement scientifique de l'histoire de la Tunisie, terre de tolérance et de diversité culturelle. Il a estimé que l'université est un espace qui doit rester ouvert à tous les débats afin de promouvoir le dialogue entre les jeunes et consacrer l'esprit d'ouverture, de tolérance et de respect de l'autre. Kazdaghli a, également, mis l'accent sur le rôle important de la société civile qui, à travers l'organisation de telles manifestations, contribue à l'enculturation des jeunes et de la société en général. Il a fait remarquer que l'histoire de la Tunisie est basée sur la tolérance et la diversité culturelle et religieuse, signalant que la communauté juive a joué un rôle important dans le mouvement national tunisien. «Les juifs ont participé à la vie politique et syndicale en Tunisie», a-t-il rappelé. De son côté, Néji Jalloul, universitaire, a confirmé cette thèse indiquant que la société tunisienne a, aujourd'hui, régressé par rapport à l'époque des Fatimides et des Aghlabides où des non-musulmans étaient nommés ministres. Kairouan, capitale de la culture musulmane, a-t-il relevé, comptait des groupements scientifiques juifs et catholiques ainsi que des églises. Les Tunisiens, toutes religions confondues, y cohabitaient dans un climat de paix et de stabilité, alors qu'aujourd'hui il est désolant de voir des Tunisiens dénoncer une probable nomination d'un juif Tunisien à la tête d'un ministère », a-t-il déploré.