Visant, au fil des années, des objectifs de plus en plus ambitieux, la Tunisie cherche à se distinguer au niveau de l'innovation. Avec l'étude stratégique à l'horizon 2016 prévoyant l'augmentation des exportations des secteurs émergents et à haute valeur ajoutée, on comprend l'importance de plus en plus grandissante de tout ce qui est en relation avec l'innovation au sein des entreprises notamment celles partiellement ou totalement exportatrices. Les instances responsables ont mis en place un système qu'elles ont jugé « cohérent » de financement de l'innovation en vue d'encourager les entreprises à réaliser des projets de recherche et de développement (R&D). Il s'agit d'un système qui tend à développer la coopération entre le secteur industriel et celui de la recherche ainsi que de favoriser la participation aux fonds propres nécessaires à la création d'entreprises innovantes et à la réalisation de programmes de développement technologique. Mais ce fonds là, peut-il à lui seul, propulser le sens de l'innovation au sein de nos entreprises ? Sinon, quelles autres institutions, notamment celles de formation, doivent-elles s'imbriquer dans ce processus et pour quels objectifs et de quelles façons ? Innovation rime avec pérennité L'importance de plus en plus grandissante de l'innovation provient du contexte dans lequel vit l'entreprise tunisienne. Selon H. Elloumi président de la Chambre Fédérale de l'Electronique au sein de l'Utica (Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat) : « l'entreprise tunisienne fait face à deux défis majeurs : un marché national exigu et fortement concurrencé (concurrents locaux, étrangers et marché parallèle) et une intégration totale dans l'économie de marché, avec tout ce que cela apporte de dangers comme d'opportunités ». Pour lui, la performance se présente comme étant le seul remède de développement et de la pérennité de l'entreprise. L'innovation se présente selon cinq axes : la qualité, la compétitivité, la logistique, l'ouverture internationale (exportation internationalisation) et l'innovation. Cette dernière n'est pas figée, mais concerne les produits, les services, les procédés, l'organisation et tout autre facteur mettant en relation directe un producteur avec un client, ce qui est en fait un impératif vital pour l'entreprise et non plus un choix optionnel. L'innovation peut être tirée par les clients, mais permet aussi de dépasser en permanence les attentes de l'entreprise en lui fournissant de meilleurs produits, moins chers. Le rôle de l'Etat et l'importance de l'université Dans le contexte tunisien, l'innovation est aussi tirée par les nouvelles réglementations et lois internationales. La Tunisie doit innover pour être au diapason des nouveautés en tout ce qui concerne l'économie de l'énergie, à titre d'exemple, ou encore en matière de marketing, de commerce électronique ou autre. Que l'innovation soit un moteur de croissance, est l'idée que l'on doit enseigner un peu partout, pour qu'elle soit également un levier pour augmenter la valeur ajoutée et créer des emplois. Mais que c'est aussi une course d'obstacles à hauts risques : on y a besoin d'idées, de conceptions, de mise en œuvre, de financement et de commercialisation. Le rôle de l'Etat dans ce contexte ne se limite pas à soutenir et à accompagner l'entreprise dans sa démarche d'innovation. Mais tout en étant conscient du fait que l'entreprise est l'acteur principal dans toute démarche d'innovation, l'Etat ne doit pas négliger le rôle aussi important de l'université, dans un axe Entreprise- Université stratégique et toujours à mieux développer. Lancé par le Ministère de l'Industrie et de la Technologie, le système de financement de l'innovation se compose de différents mécanismes. On en cite le Fonds Commun de Placement à Risque FCPR « In'tech », un fonds pour les investissements technologiques à caractère prioritaire ou encore le Programme National de promotion de l'Innovation Technologique, et autres. Ces programmes bien que lancés en collaboration avec le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, ne font état ni d'une présence ni de la trace des étudiants dans l'ensemble des projets lancés. Les différents fonds instaurés doivent en effet réaliser les objectifs pour lesquels ils ont été créés entre les laboratoires des universités et ceux des entreprises, ou celles qui en disposent. Ces fonds touchent à l'ensemble des secteurs, du textile et l'habillement à la pêche, en passant par les industries agroalimentaires et les services, et leur impératif de réussite s'accentue d'un jour à l'autre. Car au moment de leur réussite, ils constituent le premier élément d'attraction d'investissements directs étrangers à fort contenu technologique, dont la Tunisie a toujours besoin.