La ville de Bizerte est depuis une bonne semaine en ébullition, voire plongée dans une profonde inquiétude. Ce sont les réseaux sociaux qui sont en pleine effervescence où se multiplient des appels pressants et presque désespérés aux autorités centrales et régionales, aux élus pour une intervention ferme pour arrêter le projet de ce qui est considéré par tous, comme un « crime en voie d'être perpétré » contre la population de la ville de Bizerte, voire de toute la population du nord du pays. Il s'agit de la décision prise par les responsables de l'office des céréales de lancer un marché pour la démolition des silos que l'on voit, depuis des décennies, fièrement dressés sur les quais céréaliers du port commercial de Bizerte. Les jugeant arrivés à leur terme, les « experts » de l'Office des Céréales ont décidé qu'ils devaient être démolis. Tout simplement. L'idée que de tels édifices constituaient, incontestablement, des pièces architecturales inédites et pittoresques, faisant partie intégrante du patrimoine de la ville, n'a même pas effleuré leur esprit, obnubilés qu'ils étaient par l'idée première de les faire disparaître. Mais la sauvegarde de tout ce qui fait l'originalité et la richesse de notre pays est devenu pour certains un souci mineur. Tout comme est devenu secondaire tout ce qui peut contribuer à réaliser le confort, le bien-être, ou même plus grave la santé du citoyen tunisien. Pour revenir à l'affaire des silos de Bizerte, il faudrait signaler que ces derniers, construits au début du siècle dernier, ont été recouverts par une couche d'amiante. Tout comme leur toiture dans la composition de laquelle ce produit entre pour une large proportion. Or la communauté internationale a banni l'amiante pour ses effets nocifs sur la santé humaine, ayant été reconnu comme hautement cancérigène. En effet, selon les spécialistes, une simple inhalation des poussières de cette substance volatile provoquerait un cancer pulmonaire latent. En ordonnant la démolition de ces silos, le risque est grand, selon les observateurs, de voir des milliards de particules d'amiante disséminées dans l'atmosphère et inhalées par les citoyens, si des techniques appropriées ne sont pas mises en œuvre pour prévenir ces risques. Or, aucune information des autorités n'a été faite, sinon une laconique intervention radiophonique d'un responsable de l'Office des céréales destinée à minimiser ces risques. Les inquiétudes des citoyens et de la société civile ne sont que renforcées, surtout après la diffusion d'une vidéo sur Facebook, largement partagée, et qui mettait en ligne un entrepreneur, participant à l'appel d'offre de démolition des silos et qui a été éliminé au profit d'une entreprise italienne, laquelle selon le franco-tunisien évincé, ne possède pas la compétence indispensable pour traiter ce problème. L'affaire est vite montée en épingle et l'inquiétude des citoyens de Bizerte et des gouvernorats limitrophes de croître exponentiellement aux rumeurs les plus persistants, favorisée par un silence assourdissant des autorités de tous bords. Les députés de la région sont pris à partie, tout particulièrement, eux qui semblent tenir cette affaire pour une question sans grande importance. La population est très angoissée pour les générations futures. Elle se soulève avec l'énergie la plus farouche contre cette décision irréfléchie qui met en danger leur vie et celle des générations futures. Elle en appelle aux autorités régionales et locales et à la société civile pour infléchir cette décision, stopper les travaux et envisager une solution autrement judicieuse et intelligente. Une marche de protestation est prévue pour demain samedi 25 février 2017.