La Tunisie devrait lancer en France « un fonds stratégique à la française », a déclaré Gervais Pellissier, directeur général adjoint et directeur financier de France Télécom. Ces propos ont été tenus lors d'une réunion organisée à Bercy avec Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur. « Au siège parisien, on espère que l'Etat tunisien créera rapidement, comme il le projette, un fonds stratégique à la française. Ce fonds pourrait alors se substituer à Marouane Mabrouk, l'un des gendres de l'ex-président Ben Ali, dans le capital, et le stabiliser. En attendant, la situation de France Télécom est inconfortable. Dans l'opinion publique, l'opérateur reste en partie lié à l'ancien régime de Ben Ali. Heureusement qu'il emploie, de façon directe ou indirecte, 3 200 Tunisiens dans ses centres d'appels. Ce statut d'employeur renforce son assise locale» a-t-il indiqué Autour de la table, une cinquantaine de patrons français ont évoqué leurs déboires au Maghreb depuis les changements politiques. Ces événements ont entraîné des perturbations, à savoir gel des investissements, cessation de paiements ou même nationalisation de fait. Plus de 3 000 entreprises françaises sont implantées en Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte). Ces entreprises réalisent plus de 30 milliards d'euros d'investissements. Face à la révolution dans ces pays, le ministre a indiqué « qu'il faut respecter le temps des peuples. Rester dans ces pays et les accompagner dans leur développement. Certes. Mais dans certains secteurs, comme l'agroalimentaire ou la téléphonie, la situation est confuse. Et dans d'autres, comme l'énergie et la défense, on redoute que la révolte n'embrase tous les pays du Golfe » a-t-il ajouté.