De sérieux et innombrables dangers pèsent sur la Révolution. L'exemple donné par le modèle tunisien risque de desservir la cause de la liberté à laquelle aspirent les peuples opprimés. La décantation tarde à venir. Le péril le plus menaçant vient de ceux qui détenaient les rênes du pays. Ils ne s'avouent pas vaincus. Ils s'évertuent à vouloir se maintenir en place aujourd'hui encore. Faut-il s'étonner de voir ces gens s'accrocher désespérément au mirage et tenter de faire renaître l'ancien régime de ses cendres ? Il est vrai qu'il est très difficile de baisser les bras quand on a l'habitude de jouer un rôle de premier plan et de se présenter en subalterne. Ces personnes occupaient des postes de décision, jouissaient de privilèges, avaient goûté aux délices du pouvoir, s'étaient approprié les biens de la communauté… Pourraient-elles se défaire, si facilement, de cette situation confortable ? Elles ont du mal à faire le deuil de leur bien-être éphémère. Assoiffés de pouvoir, bien rompus aux pratiques mafieuses, les partisans du régime déchu ne reculent devant rien pour réaliser leurs noirs desseins. Forgés à l'école de la magouille, de la délation, de la zizanie, du mensonge, de la corruption, de la malversation…, ils multiplient les ruses, les combines, les stratagèmes, les crocs en jambe et les coups bas. Au cours de la Révolution et après, on les a vus tour à tour, snipers, dévaliseurs, brigands, coupe gorges, assaillants à l'arme blanche… L'argent mal acquis coulait à flots et servait à recruter des "casseurs". La violence est leur dogme, la force leur argument. Ces contre révolutionnaires bougent dans tous les sens. Ils s'infiltrent partout. Chaque rassemblement, chaque sit-in, chaque manifestation est investie d'éléments perturbateurs qui épousent, de façade, la cause du groupe pour mieux pousser au débordement, à la gabegie et au chaos. Aucun domaine n'est épargné. Le football n'a pas échappé à la règle. Malgré le déploiement des forces de l'ordre et de stadiers, formés spécialement pour prévenir toute manifestation inappropriée, des énergumènes ont essayé de semer le désordre et de compromettre la saison sportive. La Révolution n'est nullement démunie face à ces fauteurs de troubles. Ses atouts s'appellent vigilance, clairvoyance, transparence, liberté d'expression, arme redoutable s'il en faut, et surtout amour de la patrie ! Les Tunisiens solidaires sauront opposer leur volonté à toute velléité de déviation. M. BEDDA