La saison de grande consommation commence à peine et les services de contrôle d'hygiène alimentaire tapent assez fort. Or, sous la pression de la fièvre acheteuse, parfois, démesurée, le consommateur continue à se demander si on est, vraiment, à l'abri des fraudeurs et leurs convoitises à outrance. Car, face au gain facile, rien n'empêche de voir des produits périmés encore commercialisés à l'aveuglette, partout sur le marché. Et même au milieu scolaire, où la supercherie bat, cette année, tous les records, faisant état de dizaines de cas d'intoxication dont ont été victimes nos petits écoliers. Parfois dans l'impunité totale, ce phénomène demeure, hélas, assez fréquent et échappe à la vigilance du contrôle économique. L'on assiste carrément à un jeu du chat et de la souris. Où allons-nous? A quand finir avec ce manège au quotidien? L'Organisation de défense du consommateur (ODC), une des composantes de la société civile, ne semble pas restée les bras croisés face à cela. Lors d'une conférence de presse tenue hier matin à son siège à Tunis, son président, M. Slim Saâdallah, a annoncé qu'une vaste campagne de sensibilisation et de contrôle vient d'être lancée, depuis hier 3 juin, pour s'étaler sur toute la période estivale. Pilotée en collaboration avec les services compétents de la Santé, du Commerce, de l'Intérieur et bien d'autres organismes, cette campagne aura comme cheval de bataille l'eau minérale et les boissons gazeuses. Cela dit, toute la chaîne industrielle, tous maillons compris depuis sa mise en bouteille jusqu'à la vente sur le marché, en passant par les phases de transport et de stockage. L'objectif est de faire face à l'étalage anarchique de ces produits reconnus de grande consommation en été. «Nous voulons mettre fin à leur exposition aux rayons crucifiant du soleil, loin de la fraîcheur et dans des conditions d'hygiène et de conservation dictées par les normes», martèle-t-il. D'après lui, les opérations d'inspection toucheront également les moindres règles de commercialisation rudimentaires, à savoir leur transport, leur stockage, ainsi que leur conditionnement tel que prescrit sur l'emballage. Voilà les préalables qui valident leur consommation, aux risques et périls des commerçants. Ces derniers, a-t-il averti, sont appelés à assumer leur pleine responsabilité, quitte à être sanctionnés et voir leurs produits (eaux minérales et boissons gazeuses) confisqués. Un homme averti en vaut deux, dit-on. On ne badine pas avec la santé du consommateur, ainsi commente M. Mohamed Rabhi, directeur de l‘hygiène du milieu et de la protection de l'environnement. Car, insiste-t-il, l'hygiène sanitaire ne saura être garantie en dehors du contrôle alimentaire. Tout comme les viandes et les produits laitiers et ses dérivés, l'eau minérale en bouteille est considérée, elle aussi, comme périssable et assez sensible à l'effet de la chaleur. C'est pourquoi, poursuit-il, un contrôle complet, intensif et ciblé se révèle aussi de mise. «Désormais, la répression de tout acte contrevenant sera bel et bien notre mot de passe...», prévient, encore une fois, M. Saâdallah, alertant sur l'amplification du phénomène de la fraude et la multiplication, par la suite, des cas d'intoxication. Pour preuve, autant des plaintes lui ont été parvenues dans lesquelles certains citoyens affichent leur mécontentement quant à l'étalage anarchique des bouteilles d'eau minérale et des boissons gazeuses exposées à l'air dans des surfaces commerciales (échoppes, stations-service...) inconditionnées. Mais que faire face à des commerçants récalcitrants? Dans tous les cas de figure, l'on ne doit plus se taire, il faut agir en connaissance de cause. «Et que les médias nous soutiennent aussi...», interpelle le président de l'ODC. Y aurait-il efficacité de fait si l'on sait que l'effectif des contrôleurs est assez réduit par rapport au nombre accru des détaillants (350 mille), des grossistes (70 mille) et des cafés à l'échelle nationale. Et là, le consommateur se doit de faire preuve de vigilance et de comportement d'achat rationnel. Notons, enfin, que la campagne de cette année est similaire à celle organisée l'année dernière. Elle est la troisième après la révolution. Ce qui prouve qu'on n'arrive pas encore à atteindre le niveau de conscience escompté pour finir avec ces manœuvres spéculatives.