En véritable grand seigneur, le vice-champion doit éviter de se victimiser Pas de titre de championnat pour le 90e anniversaire ! L'Etoile Sportive du Sahel a mis les petits plats dans les grands afin de fêter en grande pompe cet événement, a investi toute son énergie et sa passion et sorti une grande saison. Mais à l'arrivée, la frustration est immense comme on a pu le constater mardi dernier après la rencontre remportée devant l'ASDjerba (4-1). D'aucuns estiment que le club de Ridha Charfeddine ne peut s'en prendre qu'à lui-même pour avoir prêté le flanc à toutes sortes de verdicts pénalisants : l'affaire du forfait à Hammam-Lif qui lui a coûté très cher, et celle de Ghazi Abderrazek. Tel un boulet, les retombées furent très lourdes à assumer. Tout cela est incontestable, le constat est indéniable. Sauf que les hommes de Faouzi Benzarti furent pénalisés au-delà du raisonnable sur la durée de cette saison dont ils gardent un goût très amer. Parfois, ils furent taxés de se victimiser, de nourrir un complexe de persécution et même de «pleurnicher» à longueur de journée. Mais comment ne le serait-on pas lorsqu'on est harcelé par l'arbitrage, massacré par les directeurs de jeu, en butte aux décisions les plus extravagantes : à Bizerte, à Djerba, face à El Gaouafel?... Si l'ESS a un compte à régler avec les instances fédérales ou arbitrales, il n'y pas pour autant de raison de tomber dans l'amalgame, de dénier au Club Africain le moindre mérite et d'être au final qualifié de «mauvais perdant». Une belle consolation Il y va un peu de l'image que reflète le club étoilé qui ne doit pas ressembler au fameux cercle des pleureuses comme le soupçonnent de plus en plus de sportifs. Un titre, ce n'est pas cela qui manque le plus au club, ou qui va le grandir aux yeux des connaisseurs. La noblesse des attitudes, la grandeur des sentiments, le sens des responsabilités à un tournant de la vie du pays : c'est aussi et surtout à cela que doivent s'attacher les dirigeants du club. Lesquels ne sont pas sans admettre que la vie continuera, que le trophée aille à Bab Jedid ou à Boujaâfar. Et que l'ESS aura au contraire remporté tous les suffrages grâce à ses belles productions, au souffle offensif que dégage son jeu et à la joie qu'il communique. Vainqueur moral, cela devrait constituer une belle récompense, une grande consolation. Cela fait partie du sport, il n'y a pas que les vainqueurs à devoir bénéficier des lettres de noblesse.