Un constat qui ne garantit pourtant rien, les Etoilés étant les premiers à savoir que rien n'est acquis. Les remontées spectaculaires passées dans l'histoire ne manquent pas, du reste. Et dans les deux sens. Les moins jeunes se rappellent encore de la double confrontation dans des matches d'appui en 1975-76 lorsque l'Espérance se fit remonter de justesse sur la ligne d'arrivée, l'emportant tout de même aux matches d'appui (1-0 à Sousse, 1-1 à El Menzah). Quelque deux décennies plus tard, les deux ténors écrivaient le scénario inverse, et c'était cette fois l'Etoile qui se faisait rattraper après avoir pris une avance aussi consistante pour finir par perdre le titre sans devoir passer par un match décisif ou quoi que ce soit. C'est dire que les neuf points d'avance dont bénéficie aujourd'hui le club de Boujaâfar ne sont peut-être rien quand on sait qu'on n'a pas encore bouclé le tiers de la compétition et qu'on ne pense pas tellement à la glorieuse incertitude du sport, un thème inadéquat dans le cas de figure s'agissant de deux associations appartenant à la même catégorie, celle des poids lourds, mais plutôt aux étourdissantes inconstances et aux étonnantes irrégularités des clubs du pays. Il n'en reste pas moins que le bulletin de santé est à l'opposé en cet été indien qui n'a plus rien de l'inédit : autant l'ESS pète la santé, autant l'EST est malade. Sauf que, souvent, la réaction de la bête blessée est imprévisible. Celle du public, aussi. Celui «sang et or», gavé de titres et de moments de grandes euphorie est capable de toutes les réactions comme on a pu s'en apercevoir dimanche dernier lorsqu'il perturba la séance d'entraînement, s'en prenant plus particulièrement à Yannick N'djeng et Ahmed Akaïchi, sorte de souffre-douleur condamnés à payer pour tous les autres. En débarquant au Parc B, Khaled Ben Yahia ne pouvait imaginer que le chantier serait aussi grand, aussi exigeant. Son retour n'est pas gagnant, certes. Toujours faut-il apporter les instruments de la réussite, soit investir les moyens d'une campagne de recrutement agressive comme le club de Bab Souika sait en faire. Celle de l'été dernier, Ben Yahia n'y a pas touché puisqu'il se trouvait à Gafsa à la tête d'El Gaouafel. Du temps et des recrues ciblées : voilà ce qu'il faut à l'ancien libero de charme «sang et or» pour relancer la machine. Question compétence, le bonhomme a enlevé des titres avec le club de ses premières amours à la tête d'effectifs assez moyens, et par temps de crise aussi. Ben Yahia ressemble pour ainsi dire à un sapeur pompier auquel retourne l'Espérance chaque fois que les portes de l'espoir sont fermées. Et cette fois, elles le sont, d'autant plus que le président Hamdi Meddeb entretient le mystère quant à ses intentions de se représenter ou non pour un nouveau mandat. Au rayon effectif, a priori, le Ghanéen Harrisson Afful est bon pour le service, même s'il travaille en marge du groupe, le temps qu'il surmonte sa petite blessure. Chapitre engouement, cette affiche ne laisse pas indifférent. Et c'est pourquoi le quota de 7.500 spectateurs n'a guère satisfait le club de Bab Souika qui réclamait hier, au cours d'une deuxième réunion avec les organisateurs, un quota plus important. L'homme de la providence L'effet Bounedjah porte l'Etoile sur la vague de l'enthousiasme. Le club sahélien a trouvé le plus important, cette denrée très rare dans le football tunisien, un canonnier, un buteur racé, l'homme de la finition et de providence. un «bomber» né capable de conclure. D'ailleurs, ce n'est point un hasard si le sélectionneur de l'Algérie, Christian Gourcuff, a convoqué, pour la première fois, Baghdad Bounedjeh pour les deux derniers matches éliminatoires de la CAN 2015. Une juste récompense pour le vainqueur du tableau des buteurs de la saison dernière et qui est en train de confirmer puisqu'il mène actuellement la danse dans ce même tableau. Malheureusement, ce moment d'euphorie est quelque peu gâché par l'attitude d'une frange du public inconsciente des dangers véhiculés par les banderoles d'un régionalisme exécrable et d'une division de la Tunisie qui restera justement indivisible tout simplement parce qu'il en a été toujours ainsi durant deux bons millénaires. Benzarti a vite trouvé la formule capable de redonner à l'ESS un championnat qui lui échappe depuis 2006. Rigueur derrière, efficacité devant et gros pressing : cela vaut au club de la Perle du Sahel une première place qu'il doit défendre contre les assauts du Club Africain. Lequel s'affiche clairement comme étant le premier rival pour la couronne, le mano a mano des coleaders donnant de l'éclat à une compétition plutôt terne ailleurs.