Par Mahmoud Hosni Une consultation a été engagée auprès de plus de 10.000 Tunisiens au cours de l'été 2014 pour déterminer leurs priorités majeures. Initiée par le ministère du Développement et de la Coopération internationale, avec l'appui du système des Nations unies en Tunisie, elle s'inscrit dans le cadre de la préparation pour l'agenda post-2015 et le nouvel engagement de la communauté internationale sur de nouveaux objectifs de développement durable, après la campagne des objectifs du millénaire (ODM). De cette consultation, il ressort que les Tunisiens ont six priorités majeures : une meilleure éducation, moins de signes de pauvreté et une meilleure alimentation, un meilleur système de santé, de meilleures offres d'emploi, une gouvernance plus performante et moins de disparités régionales. Comme quoi, touchons du bois ! Les Tunisiens ont identifié les maux profonds dont a souffert la Tunisie et dont elle souffre encore, cinq ans après la révolution. Il n'y a eu donc ni coup de baguette magique, ni transformation miraculeuse. Il y a même pourrissement de la situation, voire affaiblissement des rouages de l'Etat. Il faudrait rappeler que le rapport intitulé «La Tunisie que nous voulons», est un slogan inspiré de l'initiative internationale «Le monde que nous voulons» qui va fixer les objectifs du développement durable (ODD) de l'ONU d'ici l'horizon 2030 et qui seront annoncés lors de son A.G. en septembre prochain. Les Tunisiens ont ainsi exprimé plein de souhaits et d'aspiration au bien-être, voire au mieux-être. Mais savent-ils pertinemment que l'hémicycle de l'ONU est comme l'auberge espagnole ? On n'y mange que ce qu'on a apporté. Qu'ont-ils apporté dans leurs couffins, hormis leurs vœux pieux et leurs attentes ? Car, il ne faut pas oublier que le problème majeur du pays, surtout aujourd'hui, est le trop grand nombre de Tunisiens qui ne travaillent pas : ou ils travaillent au compte-gouttes, ou ils refusent catégoriquement de travailler. Le bassin minier de Gafsa en est la plus piètre illustration, ou encore la menace que profèrent les enseignants du secondaire de bloquer l'accès des candidats de la 9e aux collèges et lycées, par solidarité avec les instituteurs, eux qui, il y a quelques semaines, ont obtenu satisfaction à toutes leurs revendications. Le miracle de la Tunisie ne viendra donc pas d'ailleurs, mais c'est nous-mêmes qui l'opérerons. Les aides, les prêts et les crédits extérieurs ne sont pas la panacée. Ils nous confineront toujours au rang d'assistés. Il nous incombe impérativement de nous prendre en charge. Notre rage ne doit pas emprunter la voie de la grève sauvage et de la violence, mais celle de vaincre toutes les formes de sous-développement et ses stigmates. Retroussons les manches tous les jours, et même le dimanche.