L'un des principes d'une société-écran, c'est de ne pas pouvoir retrouver la trace de celui qui y a déposé de l'argent. Imaginez que vous êtes un dictateur et que vous voulez financer le terrorisme, ou voler l'argent de votre nation. Une société-écran est cette entité bidon qui vous permet de détenir et de transférer du cash sous le nom d'une entreprise sans que le droit international ou les autorités fiscales ne découvrent que c'est à vous. Une fois l'argent maquillé comme bénéfices de l'entreprise, grâce à un copain qui travaille dans un paradis fiscal offshore, vous pouvez le dépenser pour financer vos abominables projets. C'est la définition même du blanchiment d'argent et les sociétés-écrans rendent ce processus possible. Ce sont des « véhicules d'évasion » destinés à des « voleurs de banque », a déclaré l'ancien enquêteur des douanes Keith Prager. Parfois, les enquêteurs internationaux réussissent à tracer l'argent. Prenez le cas de Rami Makhlouf, l'homme d'affaires le plus puissant de Syrie. Makhlouf est le «grand argentier » qui collecte et gère les biens mal acquis pour le président Bachar Al-Assad (...). Si Makhlouf était un voleur de banque, son véhicule d'évasion serait une compagnie du nom de Drex Technologies SA. En juillet 2012, le département du Trésor a identifié Drex – une entreprise factice domiciliée aux Îles Vierges – comme le vecteur secrètement contrôlé par Makhlouf pour « faciliter et gérer ses propriétés financières internationales ». (...) Mais, qui permet l'existence de ces fausses entités ? Pour faire du business, les sociétés-écrans telles que Drex ont besoin d'un agent statutaire, parfois d'un avocat, dont les bureaux servent d'adresse à ladite société-écran. Cela permet de créer une strate entre la société et son propriétaire, surtout si l'entreprise factice est située dans un paradis fiscal où la propriété est garantie par une montagne de régulations impénétrables. Dans le cas de Makhlouf, l'organisation qui aide à construire et protéger ses sociétés-écrans de la surveillance internationale est un cabinet d'avocats nommé Mossack Fonseca. Ce cabinet a servi d'agent d'enregistrement pour Drex du 4 juillet 2000 à fin 2011. (...) Mossack Fonseca n'est bien évidemment pas le seul cabinet à mettre en place des sociétés-écrans, utilisées par les bandits et les fraudeurs du monde entier. Partout autour du globe, de nombreuses compagnies enregistrent des sociétés-écrans tout aussi véreuses que Drex. En 2010, un homme nommé Khalid Ouazzani a avoué avoir utilisé une entreprise basée à Kansas City du nom de Truman Used Auto Parts pour transférer de l'argent à Al-Qaïda. Plusieurs enquêtes internationales ont désigné Mossack Fonseca comme le plus gros facilitateur de création de sociétés-écrans dans le monde, mais jusqu'à présent, un éventail de techniques juridiques et comptables lui ont permis, ainsi qu'à ses clients, de ne pas se faire repérer. (...) En plus de Makhlouf, on trouve dans ce réseau des collaborateurs de Mouammar Kadhafi et de Robert Mugabe et une entreprise oligarque du nom de Lázaro Báez, qui, selon les dossiers de la cour fédérale américaine, aurait blanchi des dizaines de millions de dollars à travers un réseau de sociétés-écrans. Mossack Fonseca avait aidé l'établissement de certaines d'entre elles à Las Vegas. Ken Silverstein (Vice) Pourquoi Syriza a-t-il signé un curieux pacte militaire avec Israël ? Alors qu'un cataclysme financier s'abat sur la Grèce, des avions de chasse israéliens arpentent librement le ciel hellène depuis plusieurs jours. Un exercice d'entraînement de grande ampleur dans le cadre d'accords bilatéraux signés entre la Grèce et l'Etat juif. Etonnant de la part de Syriza qui se voulait un grand défenseur de la cause palestinienne... La géopolitique réserve toujours des surprises inattendues : un axe militaire serait-il en train de s'édifier en coulisses entre la Grèce et Israël ? L'étrangeté a éclaté ce lundi 3 août, dans un communiqué passé inaperçu. L'armée de l'air israélienne se félicitait d'un pittoresque « exercice d'entraînement », de «grande ampleur», s'étant déroulé fin juillet dans le ciel hellène. Onze jours durant, des hélicoptères de l'Etat hébreu ont ainsi joyeusement bourdonné aux côtés des aéronefs grecs, dans le cadre d'une manœuvre conjointe de leurs aviations militaires. Ces détonantes escouades se sont déployées dans l'espace aérien grec des suites d'un important accord militaire, qui s'est conclu à Tel-Aviv le 19 juillet dernier, entre le gouvernement israélien de Netanyahu et le gouvernement dirigé par Syriza. L'accord confère une immunité légale au personnel militaire grec et israélien au cours de leurs entraînements dans chaque pays. Outre l'immunité, il prévoit également des « entraînements conjoints » entre Tsahal et les forces grecques. D'après le Jerusalem Post, ce pacte n'a pour seul équivalent que celui signé entre l'Etat juif et les Etats-Unis, leur allié héréditaire. Cette signature est d'autant plus étrange que le programme de Syriza, farouche soutien de la cause palestinienne, réclamait la fin des accords de coopération militaire entre la Grèce et Israël. Quel intérêt a Syriza à torpiller ses convictions ? Plusieurs indicateurs consolident la piste que l'inflexion est venue, du moins approuvée, par Syriza. Fin janvier, Tsipras avait laissé entendre des signes de rapprochement avec l'Etat hébreu. Autre signe annonciateur, le 6 juillet, le ministre des Affaires étrangères grecs Nikos Kotzias s'est rendu à Jérusalem afin de « renforcer les liens bilatéraux entre les deux pays ». Au terme de la rencontre, Netanyahu s'est engagé à assister le pays en capilotade. Paul Conge (Marianne) Pathétique Libye La Libye crie au secours. Elle envoie des messages de détresse à la communauté internationale, et principalement aux «frères arabes», pour faire face à l'organisation terroriste Daech qui s'est emparée de la ville côtière de Syrte, où elle «commet les pires atrocités». (...) L'appel au secours libyen est à prendre très au sérieux. Si Daech n'est pas éliminé de Libye, toute l'Afrique du Nord sera menacée. C'est un cancer qu'il faut éradiquer rapidement avant qu'il ne fasse des dégâts irréversibles. Un pays comme la Tunisie, qui n'est pas préparée pour combattre une organisation islamiste de grande envergure, serait le premier à tomber et les autres se trouveront à leur tour confrontés à des situations catastrophiques. Les Américains ont détruit l'Irak et les Franco-Britanniques la Libye. De ce fait, il n'y a rien à espérer du côté de l'Occident, sauf si un jour il se mettait à considérer que Daech est devenu une menace pour l'Europe. Pour l'instant, l'organisation terroriste ne tue que les Arabes. On l'a vu à Gaza où un Daech local a été créé. Jusqu'à ce jour, il n'a pas jeté une pierre sur Israël. Tayeb Belghiche (El Watan)