Un statut pour les artisans, une formation pour tous et des happenings pour faire connaître l'art calligraphique. L'Association de sauvegarde de la Médina de Tunis (ASM) et l'Association tunisienne des arts calligraphiques (Atac) ont signé, le 18 septembre, un mémorandum d'entente pour la revalorisation des arts calligraphiques. La première association est née en 1967 afin d'œuvrer à la protection du patrimoine culturel de la vieille ville et a récemment mis en place un projet de valorisation des arts et métiers traditionnels de la Médina de Tunis. La deuxième a vu le jour en 2011 pour redonner à la calligraphie arabe ses lettres de noblesse, en tant qu'art et profession de tradition, tout en étant ouverte à ses formes contemporaines. La calligraphie arabe, dont la Médina porte l'empreinte sur ses monuments historiques, et à travers ses artisans, n'est pas reconnue à sa juste valeur. «La calligraphie n'est pas considérée comme un métier et n'a pas de statut», nous explique en effet Abdessalem Béjaoui, président de l'Atac. Un volet auquel a pensé le mémorandum d'entente signé par les deux associations, sous forme d'initiative de mise en place d'un conseil des artisans calligraphes, et pourquoi pas l'instauration d'un diplôme national de calligraphie. La création d'un club de calligraphie dans la Médina est le deuxième volet du mémorandum. «Il y a plusieurs clubs à Tunis comme celui de la maison de la culture Ibn-Rachiq et dans la banlieue, mais pas dans la Médina, qui devrait être un haut lieu pour cet art», argumente Abdessalem Béjaoui. Ces volets ont été fixés lors d'une réunion qui s'est tenue il y a quelques jours, en présence du président de l'Atac et du directeur général de l'ASM de Tunis, Zoubeïr Mouhli. Il en est également ressorti un intérêt particulier pour les styles d'écriture calligraphique typiquement tunisiens, comme le «kairouanais», dérivé du «koufi», à travers le répertoriage et la publication de documents de référence sur le sujet. «Le kairouanais n'est malheureusement pas assez valorisé. Pourtant, plusieurs manuscrits historiques sont écrits dans ce style», nous déclare le président de l'Atac. Ces joyaux de la calligraphie arabe feront l'objet d'une exposition prévue pour 2016, nous informet-t-il. «L'événement rendra également hommage à la poésie et à la création littéraire de la Ville de Kairouan. Il aura lieu le 1er mars 2016, pour la journée de la langue arabe décretée par l'Alecso en 2010», ajoute notre interlocuteur. En somme, ce mémorandum d'entente vient «promouvoir la calligraphie, assurer la transmission du savoir-faire ancestral qui s'y rattache, renforcer son riche potentiel créatif et faciliter l'excercice du métier à travers une structure académique», comme le stipule son texte.