«Sans identité»... «Bila hawia», exposition de peinture et de sculpture réalisée par l'artiste palestinien Iyad Sabbah et abritée par la galerie Aire libre d'El Teatro du 20 octobre au 2 novembre 2015. Iyad Sabbah est un artiste palestinien qui s'est fait connaître grâce à une photo prise de ses sculptures en terre cuite représentant les membres d'une famille palestinienne fuyant les ruines de Gaza. Un travail artistique et militant qui a ému beaucoup de monde. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Iyad Sabbah est né en 1973 à Gaza. Il a eu son diplôme en Beaux-Arts de Fateh Université de Libye, ensuite il obtient son master en sculpture de Helwan au Caire. Il expose en Palestine et à l'étranger depuis 1993 et a été médaillé du Prix international de Jérusalem en 2012. Actuellement, il est dans nos murs offrant l'occasion au public tunisien de voir son art de près et de partager ses émotions et ses réflexions face à la situation actuelle d'Al-Qods occupée. «La ville sainte est en train de perdre son identité architecturale face à la montée en flèche de la nouvelle vague d'habitations modernes». Un constat dont fait part l'artiste durant sa dernière visite à Al-Qods (après l'avoir visitée en 2000). Quatorze ans après, il dit avoir découvert à quel point la situation architecturale est catastrophique à Al-Qods d'aujourd'hui, devenue ville méconnaissable marquée par l'abandon de son cachet authentique. Il transpose sur la toile le foisonnement des lignes de la ville, les silhouettes de ses habitants. Il peint des rêves et des cartes imaginaires qui bouillonnent dans les esprits des gens qu'il représente. Et c'est comme si au fil des toiles l'esprit du peintre questionne sa mémoire afin de tirer un meilleur rendu. Au final, c'est le désir d'appartenir à cette ville longuement scrutée qui est omniprésent dans chaque œuvre : le jeu des couleurs décrit la chaleur, les odeurs, les bruits... La vibration des lignes développe son rythme et son peuplement. Lorsqu'il peint, Iyad pense au peuple palestinien : ce sont les visages de ces gens qui luttent contre l'occupation qu'il dessine, colorie et peint. Il nous montre par le biais de la peinture comme celui de la sculpture ces personnes que la vie n'épargne pas. Leurs destins leur exigent des sacrifices, et leurs figures en portent les traces. L'ensemble des œuvres témoigne d'une puissance de la création dans l'anticipation et la supposition. Son œuvre se fait ainsi l'écho de ses revendications et de sa révolte contre l'occupation à Al-Qods. Il se focalise, dans son travail, sur la figure humaine qu'il magnifie par l'intensité des regards et l'expressivité des corps. Iyad est le peintre de ces visages qui révèlent des blessures, mais il est aussi celui qui pénètre au-delà de la dureté des quotidiens difficiles à Gaza, et qui nous dévoile l'existence d'une douceur propre aux magies intérieures.