Par Abdelhamid GMATI Les Tunisiens ne sont pas satisfaits du rendement du gouvernement et du reste des institutions de la République : présidence de la République, gouvernement, parlement, justice...La popularité des trois présidents (République, gouvernement et ARP) est en chute libre. On leur reproche leur inaction et leur incapacité à résoudre les problèmes politiques (crise au sein de Nida Tounès), économiques, sociaux...Ce sont les récents sondages de trois instituts spécialisés qui l'attestent. 71% des sondés pensent que la Tunisie évolue dans le mauvais chemin. De plus, plus de la moitié (55%) ont exprimé leur peur de la violence, et des crimes dans la vie quotidienne. De fait, le terrorisme ne désarme pas. Certes, le ministre de l'Intérieur affirme que la situation sécuritaire s'est améliorée. On parle de plus de 100.000 arrestations en quelques mois. Ce qui équivaut à près de 1% de la population. Il n'en reste pas moins que vendredi dernier, un jeune berger de 16 ans a été décapité par des terroristes à Sidi Bouzid. Il est vrai que les forces de sécurité et nos militaires sont sur le qui-vive et traquent les terroristes. Pas un jour ne passe sans que des cellules de jihadistes ne soient démantelées, des caches d'armes découvertes et que des présumés terroristes ne soient arrêtés. Vendredi dernier, trois individus ont été arrêtés sur les hauteurs de Kasserine, alors qu'ils transportaient, dans un camion, environ 600 kilogrammes de denrées alimentaires et étaient en possession de terminaux mobiles neufs. Le tout était, certainement, destiné aux terroristes cachés dans les montagnes. La guerre au terrorisme est prise très au sérieux par les forces sécuritaires et militaires et donne des résultats. Mais le fléau terroriste n'est pas seulement tunisien : il sévit partout au Moyen-Orient (attentat au Liban, en Egypte, en Syrie, Irak, Libye) et en Europe. Les attentats, qualifiés par le Président français «d'acte de guerre, commis par une armée de terroristes» qui viennent d'avoir lieu à Paris et qui ont fait plus de 100 morts et plus de 250 blessés, peuvent avoir des répercussions sur notre pays. En effet, l'état d'urgence décrété en France et, surtout, la fermeture des frontières pourraient affecter le trafic aérien entre nos deux pays. Pour la seule journée d'hier, 15 avions de Tunis et Djerba devaient transporter des voyageurs vers la France. Qu'en sera-t-il? Outre la menace terroriste, les Tunisiens sont préoccupés par la violence et les crimes au quotidien. On constate, en effet, qu'une vague de braquages et de vols se développe et concerne toutes les régions du pays. Le banditisme est présent et sévit, de jour comme de nuit, et, parfois même, dans les rues commerçantes, voire à deux pas du poste de police ou de la Garde nationale. Les sondages révèlent que 55% des sondés ont fait part de leur peur des violences commises à l'encontre des femmes. Celles-ci ont avoué ne pas se sentir en sécurité au niveau des transports publics (28%) ou dans les lieux publics, notamment les supermarchés, cafés, stades. Les voleurs et les délinquants de toutes sortes opèrent au grand jour, confortés par le fait que les forces de sécurité sont concentrées, en majorité, sur la lutte contre le terrorisme. Comment expliquer cette recrudescence de la délinquance? D'aucuns impliquent le chômage et la pauvreté. Oui mais il n'y a pas que cela. Les délinquants, ayant purgé leurs peines de prison et ceux qui ont bénéficié de grâces présidentielles, ne se sont pas assagis. On estime que sur trois délinquants libérés, deux retrempent dans leurs activités hors la loi. Ce qui pose la question suivante : la politique carcérale de l'Etat en matière de réinsertion des prisonniers dans la vie sociale a-t-elle échoué? C'est là le plus grand défi que doivent relever le gouvernement, les partis et toutes les forces vives du pays. En impliquant le plus possible de citoyens. Rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays est un impératif incontournable. Même le secrétaire d'Etat américain le dit car «ce sont les conditions sine qua non pour attirer les investisseurs qui ont besoin d'être rassurés et d'avoir confiance en la démocratie et en les lois tunisiennes». On ajoutera que le rétablissement de la sécurité redonnera confiance aux Tunisiens qui pourront alors, en toute quiétude, reprendre en main le développement de leur pays. Et cela n'est pas seulement l'affaire des autorités mais celle de tous les Tunisiens.