Beaucoup plus que les corps, ce sont les esprits qui ont marqué l'incroyable revers de la sélection olympique. Si les jambes ont traîné, c'est bien parce que les têtes étaient brisées. Et les illusions de grandeur avec... L'un des plus grands paradoxes qui ont accompagné la sélection dans sa campagne africaine et olympique est cette tendance à inverser toutes les perspectives. Plus on parle du sélectionneur et des joueurs, moins on en sait. Le parcours de cette équipe suscite beaucoup d'interrogations. Ici et là, on se croit indispensable, mais finalement on se rend compte que l'équipe aurait été peut-être mieux avec d'autres acteurs, d'autres approches et une vision certainement différente de ce qu'elle a laissé entrevoir. De ce qu'elle a préconisé. On n'était pas souvent d'accord sur la qualité du travail accompli, et encore moins sur la valeur du jeu exprimé. Dans les grandes compétitions, les équipes qui gagnent, ce sont celles qui attaquent, qui créent, qui vont chercher l'adversaire dans son camp et qui ont vraiment une maîtrise positive et efficace du ballon. La sélection tunisienne a refusé cette nature à la fois collective et offensive du jeu et n'était pas en mesure de prétendre aux grandes victoires, même quand cela devenait impératif lors du dernier match contre l'Afrique du Sud. Elle a oublié que chaque match a sa vérité et que ses adversaires ne présentent pas souvent le même profil. Elle avait besoin de comprendre, elle ne l'avait pas compris, que chaque rencontre n'est que la conséquence de toute une série d'attitudes et d'adoption de valeurs. Au fait, les formules d'attaque ne relèvent pas de simples sentiments, c'est une notion exigeante et combative. Dans cet ordre d'idée, il y a un vrai sujet de réflexion sur l'évolution de la sélection olympique depuis qu'elle a entamé sa campagne pour la phase finale de la CAN et pour la qualification aux Jeux olympiques de Rio 2016. Sur la tradition de performance qui se distend de plus en plus. Sur la culture de constance et de régularité qui a disparu au gré des choix et des considérations déplacés. Au fil du temps, nous découvrons que l'étiquette n'a jamais correspondu à la vocation de l'équipe et aux enjeux divers là où il n'est plus question de football, et encore moins de projets de jeu. Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons d'un vrai malaise et d'une profonde interrogation sur un ensemble qui, en dépit des moyens et des faveurs, n'a pas suffisamment évolué, qui n'a jamais travaillé aussi ses fondamentaux et qui n'est pas parvenu, non plus, à dégager des créateurs de jeu. N'est pas grand qui veut!... Une équipe qui gagne, ça ne trompe pas. Dans de justes proportions, bien sûr. La sélection tunisienne n'a pas la capacité nécessaire à gérer une série de matches avec aisance et supériorité. C'est énorme, voire impossible pour des joueurs et un entraîneur visiblement incapables à se fondre dans le cadre défini et exigé par l'impératif de vaincre et de se qualifier aux demi-finales de la CAN. Dans ce contexte, aussi frustrant que décevant, on a ignoré cette vérité éternelle: bien plus que les individualités, c'est le collectif et toute l'équipe qui améliorent le jeu, assurent la progression et font la différence. . Il faut dire que lorsqu'on veut être fort, on ne doit pas oublier aussi que les autres peuvent l'être également. C'est le cas du Sénégal et de l'Afrique du Sud qui n'ont pas été estimés à leur juste valeur. Au-delà des systèmes de jeu, des différents schémas mis en place et des innombrables associations dessinées au fil des matches, deux sujets ne cessent de nous interpeller: un bon entraîneur doit être irréprochable à tous les niveaux, et la raison d'être d'une équipe, aussi bien sur le terrain qu'ailleurs, n'est pas faite seulement de football. Beaucoup plus que les corps, ce sont les esprits qui ont marqué l'incroyable revers de la sélection olympique. Si les jambes ont traîné, c'est bien parce que les têtes étaient brisées. Et les illusions de grandeur avec... La sélection était ainsi confrontée à des problèmes majeurs qui sont autant de motifs d'inquiétude: une identité de jeu évanescente et un déficit de créativité. Dans cette panade générale, Kanzari a perdu l'un des plus importants leviers qu'il puisse avoir sur son équipe: l'influence à long terme sur son développement, sa culture et son épanouissement. Même stratégie tout au long du parcours, mêmes principes de jeu et surtout mêmes acteurs. Des fois, quand le groupe reste le même, on ne voit pas les problèmes arriver. Et comme on ne les imagine pas, on ne les anticipe pas. Certaines leçons sont mieux apprises dans la douleur et parfois on a besoin de souffrir pour grandir, perdre pour gagner. Mais toujours est-il que la réussite n'est pas toujours là où l'on croit. Elle est dans l'aptitude à dépoussiérer les passerelles censées donner un sens et une raison d'être à tout ce que l'on entreprend sur le terrain. Elle est aussi dans le refus des solutions faciles et dans la nécessité d'admettre que le bricolage a ses limites. L'équipe qui gagne sera toujours celle qui aura réussi à étendre son monde tout en s'y impliquant entièrement.