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Difficultés structurelles du secteur agricole | Ites – « Scénarios fin 2020 et stratégie nationale de sauvetage : Le pilier agriculture et industries agroalimentaires » : Impliquer davantage les opérateurs privés dans les stratégies de l'état
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 11 - 2020

Face au besoin croissant d'anticiper les futures évolutions du Covid-19 et ses implications en Tunisie, l'Institut tunisien des études stratégiques (Ites) a initié une étude prospective intitulée « La Tunisie face au Covid-19 à l'horizon 2025 : fondements d'une stratégie conciliant l'urgence du court terme et les impératifs du moyen terme ». Structurée et déclinée en trois phases, cette étude a pour principal objectif de maîtriser la situation et d'éviter qu'elle n'échappe à tout contrôle.
Dans le cadre de la première phase de cette étude, une note stratégique réalisée par l'Unité de recherches stratégiques (URS) et consacrée à l'agriculture et industries agroalimentaires a regroupé cinq experts pluridisciplinaires spécialistes en la matière. Elle porte sur les mesures urgentes et réalisables préservant la filière agricole et assurant le bon fonctionnement de l'industrie agroalimentaire afin de garantir la sécurité alimentaire nationale. Cette première phase est poursuivie par deux autres phases. La deuxième phase concerne l'évaluation de l'impact du Covid-19 sur l'agriculture et l'agroalimentaire, la construction de scénarios à l'horizon fin 2020 et l'élaboration de plans d'action et de suivi et leviers d'implémentation. La troisième phase élabore une étude prospective sur l'agriculture et l'agroalimentaire à l'horizon 2025 collant à l'horizon du prochain plan de développement économique et social « 2021-25 ». Cette note stratégique se propose de répondre aux interrogations des décideurs quant aux mesures urgentes et la stratégie opérationnelle à entreprendre permettant de préserver l'agriculture et la pêche et d'assurer le bon fonctionnement de l'industrie agroalimentaire en cours et post Covid-19 en proposant des mesures urgentes et immédiatement réalisables de soutien et de renforcement de la capacité de tous les opérateurs. Cette note sera déclinée en trois parties. La première partie sera réservée à une description de la situation du secteur agroalimentaire avant la pandémie Covid-19 (nous allons résumer cette première partie qui donne une idée globale sur le potentiel et le patrimoine agricole tunisien). La deuxième partie analysera la situation du secteur durant le confinement. La troisième partie proposera les mesures stratégiques pour assurer le bon fonctionnement du secteur agricole et agroalimentaire et soutenir les couches sociales pauvres et vulnérables durant et après le confinement ciblé.
Patrimoine et potentiel
D'après la note : « le secteur agricole et agroalimentaire renferme une diversité d'exploitations agricoles, d'unités de pêche, de structures de transformation, de congélation, de conditionnement et de circuits de distribution qui sont complexes, très peu intégrés horizontalement et verticalement et non organisés en filières de production ».
La Tunisie dispose de 10.4 millions d'hectares de terres à vocation agricole, soit 62.5% de la superficie totale, dont 5,3 millions d'hectares de terres agricoles utiles. Les terres cultivées sont réservées aux cultures arboricoles, céréalières, fourragères, maraîchères et industrielles et à l'élevage. Elles sont conduites en grande partie sec et à un moindre degré en irrigué ou encore en mode mixte. La superficie des cultures est estimée à 4,3 millions d'hectares et varie d'une année à l'autre. La superficie irriguée n'est que de 437 mille hectares, soit 8.9% des terres labourables et 10.2% de la superficie des cultures. La Tunisie compte 516.000 exploitations agricoles, en majorité privées et familiales, de petite taille et gérées par des personnes relativement âgées et pluriactives.
Pour ce qui est de la pêche et l'aquaculture, le potentiel halieutique s'étend sur 2.290 km, entre côtes et rivages, renfermant 40 ports de pêche dont deux en cours de construction. La pêche occupe une place prépondérante sur le plan socio-économique. Il s'agit d'une activité largement ancrée dans la culture et les traditions tunisiennes et plus particulièrement auprès des populations littorales. Le secteur de l'agriculture et de la pêche constitue la base des filières agroalimentaires, auxquelles il est étroitement lié en amont et en aval. Il subit continuellement les effets du phénomène de ciseaux des prix qui affecte sensiblement ses performances techniques et économiques. Cette situation est susceptible de s'aggraver avec la pandémie.
Pour ce qui est des industries agroalimentaires (IAA), ce secteur est classé en tant qu'industrie manufacturière subdivisée en 30 sous-secteurs pour les IAA et 9 sous-secteurs pour la fabrication des boissons. Cette industrie occupe une place stratégique dans l'économie nationale. La Tunisie vit pleinement une mutation des industries agroalimentaires qui se modernisent continuellement. Le secteur des industries agroalimentaires compte 6.500 entreprises dont 214 totalement exportatrices et 119 réalisées en partenariat (28 avec la France et 25 avec l'Italie). Le secteur des industries agroalimentaires se caractérise par la prédominance des petites et moyennes entreprises. En effet, seules 115 entreprises industrielles emploient plus de 100 personnes. Les entreprises du secteur sont réparties sur tout le territoire national et se caractérisent par une certaine concentration au niveau du littoral. La répartition de ces entreprises par produit et/ou par activité montre que la branche des huiles et corps gras occupe la première place avec 304 entreprises, la branche des céréales et dérivés se place en 2e position avec 242 entreprises et l'activité entreposage frigorifique vient en 3e place avec 148 entreprises.
Scénarios à fin 2020
En effet, cette étude élaborée par l'Ites, en partenariat avec la Konrad Adenauer Stiftung, définit deux scénarios, le premier normatif (souhaitable) et qui permettrait d'aboutir à des « filières agricoles et agroalimentaires performantes et résilientes » et un second scénario catastrophique, à éviter, et qui conduirait à « des filières agricoles et agroalimentaires défaillantes dans un contexte économique et social fortement perturbé »
Dans le cadre du premier scénario, l'étude démontre comment les autorités tunisiennes, avec l'appui de l'Institut de santé et de sécurité au travail, parviennent à contenir la propagation du Covid-19 durant la deuxième vague. Le taux de contagion dans les exploitations agricoles, les fermes aquacoles, les principaux ports de pêche et la majorité des sites industriels agroalimentaires est faible. En matière de production, de productivité et de constitution de stocks de réserves, le secteur agricole enregistre une stabilisation et une légère augmentation pour la plupart des produits. En effet, le taux de croissance annuel prévisionnel à prix constants de l'année 2020 est de 5.3%. Pour soutenir les agriculteurs, les éleveurs et les pêcheurs, l'Etat compense les pertes de production causées par les inondations et les changements climatiques à travers le fonds de calamité et réserve le financement nécessaire pour le stockage des excédents de productions périssables, l'arrêt obligatoire des activités de pêche et le repos biologique. Par ailleurs, toutes les dispositions nécessaires afin de réussir la récolte des dattes, des agrumes et la cueillette et la transformation des olives à huile et les préparatifs du lancement de la campagne agricole 2020/21, notamment quant aux céréales, sont prises en concertation avec les ministères concernés. La production et la productivité des IAA est relativement stable grâce à une organisation du travail alliant le respect des consignes de prévention contre le Covid-19. En matière d'échanges commerciaux, le taux de couverture de la balance commerciale agricole et agroalimentaire est de 87.2%. La politique de subvention des produits alimentaires et de libération des prix est toujours d'actualité en Tunisie avec une légère évolution vers la suppression totale de cette subvention pour le lait demi-écrémé (de 4.9% à 0%) et les tomates industrielles (de 4.2% à 0%) et une légère baisse des taux de subvention pour l'huile de graine (de 50% à 35%) et de la semoule (de 56.3 % à 40%).
En matière de soutien social pour les populations rurales vulnérables et les populations en situation de chômage obligatoire, des agriculteurs, pêcheurs et industriels en difficulté, les initiatives lancées dans le cadre de l'Economie sociale et solidaire sont renforcées à travers l'augmentation des fonds nécessaires, spécialement les microcrédits pour les projets innovants au profit des populations rurales, notamment les femmes et les chômeurs diplômés. Quant au scénario noir, en matière de production, de productivité et de constitution de stocks de réserves, le secteur agricole enregistre un dysfonctionnement au niveau de la récolte la transformation de certains produits. D'autres difficultés, comme les perturbations dans l'approvisionnement, la faiblesse des moyens de financement, les difficultés d'accès aux moyens disponibles, affectent sensiblement le lancement de la campagne agricole 2020/21 et l'investissement et causent des retards dans la mise en place des systèmes de culture en général et des céréales en particulier.
Les productions agricoles chutent, les coûts de production augmentent, les revenus baissent, les stocks de réserves s'épuisent et les importations des produits de base, notamment les céréales, ne sont plus possibles du fait de l'indisponibilité des moyens financiers et de la fermeture des frontières.
Pour les productions périssables excédentaires pour lesquelles la demande a chuté, la constitution de stocks de réserves n'est plus possible. De plus, l'annulation des événements publics et privés, le déclin des activités du tourisme, des restaurants et d'autres services et la diminution subséquente du pouvoir d'achat des consommateurs engendrent une baisse de la demande des produits aquacoles. Les coûts, les dépenses et les risques augmentent en conséquence. L'IAA enregistre une perturbation et une baisse drastique de la production et de la productivité à cause de la propagation de la pandémie, de l'absentéisme, du confinement des cas suspects et de l'instabilité des intrants de production et de transformation. Cette baisse est accompagnée, d'une part, par une stagnation des investissements totaux et d'une diminution des investissements directs étrangers (IDE) d'environ 30% (100 millions de dinars à fin 2020 contre 150 millions de dinars en 2019), d'autre part. En matière d'échanges commerciaux, les échanges sont perturbés et devenus très instables avec une chute nette des exportations en raison de la réduction importante du fret aérien et la hausse du coût, due à l'annulation des vols de passagers, le dysfonctionnement de la logistique et des procédures administratives à l'export et à la baisse de la demande d'importation pour certains produits.
Par ailleurs, les fonds disponibles ne couvrent pas le montant des aides nécessaires aux populations rurales vulnérables et aux populations en situation de chômage obligatoire, aux agriculteurs, pêcheurs et industriels en difficulté. En matière de digitalisation, l'utilisation des nouvelles technologies est quasiment absente dans l'agriculture tunisienne. De larges superficies de terres agricoles labourables et fertiles sont aujourd'hui abandonnées (60%) dans plusieurs régions, en particulier dans les zones à accès difficile. Le blocage des financements des projets agricoles est toujours d'actualité car le code d'investissement est accablé par les démarches bureaucratiques et administratives lourdes et contraignantes pour les jeunes promoteurs. De plus, le manque de coordination, l'absence des bases de données sur les agriculteurs, fournisseurs de services et marchés entravent la mise en commun des ressources et le partage de l'information.
Plans de relance
Face à une situation exceptionnelle, l'étude de l'Ites propose des mesures exceptionnelles. Pour en être capable, il faut préparer préalablement un certain nombre de pré-requis. Les opérateurs dans ces domaines publics, privés, interprofessionnels ou syndicales doivent tout d'abord prendre conscience du caractère exceptionnel du contexte actuel lié à la pandémie, des limites de notre mode de gouvernance et des risques sanitaires, économiques et sociaux qu'encourt la Tunisie. Ils doivent avoir la ferme volonté d'aller de l'avant et de prendre les mesures audacieuses s'imposant afin de surmonter toute forme de résistance et d'inertie au changement.
Aussi, il faut qu'ils soient conscients que tout mode de gouvernance, aussi sophistiqué soit-il, est appelé en permanence à évoluer. Pour réussir la stratégie et le plan d'actions ciblant le scénario souhaitable à l'horizon fin 2020, il est impératif d'impliquer et de responsabiliser davantage les opérateurs privés dans la stratégie de l'Etat. Il faut instaurer une solide capacité de veille et d'anticipation, à l'échelle de chaque ministère, de l'évolution de la situation sanitaire, économique et sociale afin de se prémunir contre tout impact négatif et de saisir les opportunités
Autre plan à prévoir selon cette étude, créer une cellule interministérielle de gestion de la crise de la Covid-19 (ministères de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques, et de la Pêche, de l'Intérieur, des Finances, du Transport, du Commerce et de l'Industrie) afin d'anticiper les actions nécessaires pour assurer le bon fonctionnement des filières, l'approvisionnement en intrants et en facteurs de production et la satisfaction des besoins de consommation en cas d'amplification de la pandémie et de la panique au cours des 3 mois d'octobre, novembre, et décembre 2020. Enfin il faut penser à créer un fonds Covid-19 pour financer la réalisation de la stratégie et du plan d'actions ciblant le scénario souhaitable à l'horizon fin 2020 à temps et faciliter l'intégration des nouvelles technologies, de la digitalisation et de l'intelligence artificielle.


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