Par Abdelhamid Gmati Comme partout dans le monde, les Tunisiens vont échanger des vœux et souhaiter la bonne année à leurs proches. Et on va espérer que l'année qui vient sera meilleure que celle qui s'achève. Il est vrai que 2015 n'a pas été de tout repos avec trois attentats terroristes meurtriers et une situation socioéconomique peu enviable. De quoi sera faite 2016 ? Les prédictions fusent ici et ailleurs. Les uns consultent les astres alors que d'autres font confiance aux cartes (tarot). L'optimisme côtoie le pessimisme. Depuis que cela existe, on a régulièrement prédit des catastrophes et même la fin du monde a été régulièrement annoncée. La dernière en date remonte à 2012, selon une prédiction Maya. En tout cas, le monde bouge, les alliances se font et se défont, le « printemps arabe » a donné lieu à des guerres civiles dans certains pays ; et on nous annonce que les conflits ne cesseront pas de sitôt, particulièrement au Moyen-Orient où le pétrole continue à attiser les convoitises. Bien entendu, pour mieux prédire 2016, on se hâte à faire le bilan de 2015. Pour l'économiste français Jacques Attali, 2016 sera pire que 2015. Faudra-t-il se résigner ? « Pas forcément », estime-t-il. « De bonnes surprises sont aussi possibles, si on se donne les moyens, lucidement, d'écarter définitivement ces catastrophes probables, en agissant méthodiquement sur les causes de chacune d'elles, ce qui exige de se considérer individuellement et collectivement en charge de l'avenir ». Pour l'universitaire tunisienne Olfa Youssef, 2015 a été celle de « l'échec du printemps arabe » et on s'est rendu compte de « l'illusion du changement ». Il est vrai que, jusqu'ici, les rêves suscités par la Révolution ne sont pas concrétisés. Pour d'autres, on vient juste de sortir d'une période de transition et il est normal que le changement tant escompté nécessite un certain temps pour être concrétisé. Le gouvernement de coalition n'a qu'une année d'existence et il a réservé beaucoup d'énergie à gérer les affaires courantes et à intervenir au plus pressé. Plusieurs ministres et le chef du gouvernement, lui-même, sont intervenus à plusieurs reprises pour éteindre des feux et apaiser les contestations de citoyens excédés par leurs situations déplorables. Les dernières en date ont concerné les gouvernorats de Siliana et de Tozeur où des séries de mesures ont été annoncées. Seront elles concrétisées et répondent-elles aux exigences des contestataires ? Le gouvernement est serein et fait des prédictions optimistes. Par l'intermédiaire du ministre de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, il prédit que « 2016 sera l'année des grandes réformes et 2017 celle de la grande relance ». On estime que le plan de développement (2016-2020) présente une « nouvelle vision économique et sociale du développement axée sur la lutte contre le chômage, la pauvreté et une croissance accrue ». Plusieurs indicateurs économiques s'améliorent avec notamment la reprise de la production des phosphates et une augmentation des investissements extérieurs. Reste la paix sociale qui reste menacée par le piétinement des négociations sur les augmentations dans le secteur privé. La Centrale syndicale a annoncé une grève générale dans le Grand Tunis, le 21 janvier 2016. Cependant, les uns et les autres restent optimistes et espèrent aboutir à un accord, le différend ne portant que sur 3 dinars. Néanmoins, le plus important est de sauvegarder le principal acquis de cette révolution, à savoir l'instauration de la démocratie. Et cela n'est pas seulement une affaire de textes. C'est aussi une affaire individuelle, un combat personnel afin d'acquérir cette mentalité de dépasser les égoïsmes étroits, le corporatisme et de rechercher le bien commun à travers le dialogue et la recherche du consensus. Sans oublier les bonnes résolutions de chacun. Comme d'arrêter de fumer, de respecter les autres, de ne plus insulter, de tenir compte des lois et du code de la route. Mais cela c'est une toute autre histoire, les bonnes résolutions s'estompant aussi vite qu'elles ont été prises. Bonne année, quand même !