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Jaques Attali, invité de la BAD à Tunis
Publié dans L'expert le 01 - 04 - 2009

MP3, LMD… Derrière ces concepts, et tant d'autres, qui conquièrent notre quotidien, il y a un homme qui théorise et dont les théories font autorité ou presque : M. Jacques Attali. Professeur, écrivain auteur de plus de quarante titres traduits dans plus de vingt langues et diffusés à plus de six millions d'exemplaires, conseiller d'Etat honoraire, conseiller spécial auprès du président de la République française de 1981 à 1991, fondateur et premier président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement à Londres de 1991 à 1993, fondateur d'Action contre la faim et du programme européen Eurêka, Jacques Attali est actuellement président de A&A, société internationale de conseils spécialisée dans les nouvelles technologies, et de PlaNet Finance, organisation de solidarité internationale spécialisée dans le développement de la Microfinance. Dernière nomination importante, Attali a été chargé par Sarkozy de présider la Commission chargée de promouvoir la croissance en France.
Vu son profil qui ménage tout commentaire, ce collectionneur de diplômes des grandes écoles françaises et membre de l'Académie universelle des Cultures, est certes parmi les rares hommes qui font changer notre monde. Mais c'est surtout sa réputation en tant qu'héros de la guerre contre la pauvreté, par le truchement de la Microfinance, qui fait de lui, malgré le très haut rang et le prestige inhérents aux postes qu'il occupe, un homme populaire. Et c'est également cette casquette qui justifie son invitation par le Groupe de la Banque africaine de développement pour faire une présentation sur le thème « Crise financière et contribution de la Microfinance », et qui lui a aussi valu un éloge chaleureux de la part du président du groupe, Dr. Donald Kaberuka, qui voit en lui « une figure de proue de la pensée avant-gardiste, qui s'évertuent à promouvoir la réduction de la pauvreté dans le monde ».
La relation entre la Microfinance et la crise est plus étroite qu'on peut le croire. Puisque, selon le patron de PlaNet Finance, la crise est partie d'une formé dévoyée de la Microfinance aux Etats-Unis. Mais au-delà de cet aspect négatif, la Microfinance semble être aujourd'hui un vrai remède contre les effets de la crise.
La crise telle que vue par Attali
« Existence d'un marché global en l'absence d'un Etat de droit global »; telle est tout court l'hypothèse fondatrice de la crise du point de vue de Prof. Attali. Or, « un marché sans Etat est le chaos ». Ce n'est pas d'ailleurs le cas pour le secteur aérien, le football, Internet…pour lesquels des mécanismes de gouvernance mondiale sont mis en place, contrairement à la sphère financière. Une autre cause de moindre profondeur : l'excès de la dette mondiale. L'endettement des Etats-Unis est aujourd'hui de l'ordre de 500% de son PIB ! « Le système (financier) est perverti ». Face à la déficience des fonds propres des banques, le « tsunami de croissance » ne suffit pas pour que le système continue à fonctionner. Malgré cela, rien n'a été résolu sur la dette jusqu'à maintenant. Surendettés, gouvernements et entreprises frôlent le dépôt de bilan. « Nous sommes, à peu près, nulle part », surenchère Prof. Attali. On n'annonce toujours rien sur « les vraies questions », notamment la réforme des deux lieux principaux où se déroulent la finance mondiale, à savoir la cité de Londres et Wall Street. Toujours selon lui, les Etats de Delaware et Nevada et Londres, justement, sont les vrais paradis fiscaux dans le monde; Suisse et Luxembourg n'étant à ses yeux que « des paradis secondaires ».
Jacques Attali a bel et bien prévu la crise. Mais pas le fait qu'elle se produira aussi rapidement, a-t-il avoué. De même pour son rythme d'accélération spectaculaire qui surpasse les attentes des experts les plus éminents.
Microfinance…au secours
Jacques Attali est fort probablement la personne la mieux placée dans le monde pour décrypter l'interférence entre la Microfinance et la crise. Selon lui, l'impact de cette crise sur le secteur de la Microfinance reste, pour le moment, minime. Cependant, l'intégration de la Microfinance dans les structures traditionnelles a un prix. Résultat : augmentation de la probabilité que la crise financière ait un effet nuisible sur les institutions de la Microfinance (IMF).

La préoccupation la plus immédiate : l'effet de contraction mondiale des liquidités sur le coût et la disponibilité des ressources pour les IMF qui ne collectent pas de dépôts, puisque l'argent provenant de banques tant nationales qu'internationales se fait de plus en plus rare.
Quant au refinancement des IMF, le problème risque de s'accroître au cours des deux prochaines années. Les besoins de refinancement des portefeuilles des IMF sont estimés être de l'ordre de 1,8 milliards de dollars en 2009. Les IMF, anticipant une pénurie de fonds, sont susceptibles de diminuer leur croissance et de réduire le nombre de nouveaux prêts qu'elles effectuent. Heureusement, les institutions internationales de finance on créé des outils de financement d'urgence pour les grosses IMF (ex : BID, SFI, KfW).

Les IMF qui empruntent en devises étrangères craignent le double choc de la hausse des taux d'intérêt et des coûts du remboursement en monnaie forte, étant donné l'affaiblissement récent des monnaies nationales. Une diminution des revenus nets des IMF provoquée par des pertes de change de l'ordre de 7 à 43% a été constatée dans les dernières années. Cette augmentation se traduit par une augmentation des charges d'exploitation qui ne peuvent pas toujours être répercutées sur les clients.

Il semblerait que certaines IMF qui mobilisent l'épargne seraient confrontées à des retraits importants : par exemple, des banques de microfinance en Europe de l'Est et en Asie centrale ont subi une vague de retrait d'épargnes dans les semaines qui ont suivies l'annonce de l'effondrement de la banque Lehman Brothers. Cependant, les cas de retrait sur une grande échelle restent, pour le moment, rares et les IMF qui ont établi une base d'épargne stable sont moins à risque que celles qui empruntent sur les marchés internationaux.

En ce qui concerne le financement du secteur de la Microfinance par des investisseurs, les fonds d'investissements dans la Microfinance et autres vecteurs d'investissement privé ne constatent pas d'amortissements importants, mais s'attendent à ce que la levée de fonds se fasse plus difficilement dans les mois qui viennent.

Les taux d'intérêt pratiqués par les structures de Microfinance, et qui peuvent être parfois usuraires, ne pouvaient échapper au débat. A cet égard, M. Attali a d'abord insisté sur le fait que la Microfinance ne doit pas être intégrée dans un programme de développement. Elle est une industrie à part entière qui doit être d'ailleurs gérée d'une manière professionnelle et non pas amateure. Il ne faut pas donc forcer les taux d'intérêt à baisser. Ce serait « condamner la Microfinance à échouer ». Pourtant, c'est ce que fait la concurrence entre les différents organismes de Microfinance. L'exemple du Maroc est significatif, à ce propos, puisque les taux d'intérêt ont baissé de 40% au début jusqu'à 7% actuellement, à cause de la concurrence que se livrent les 13 organismes qui y sont actifs. Aux yeux de M. Attali, cette baisse n'est pas une bonne nouvelle.
Par ailleurs, le problème des taux d'intérêt, qu'il soit vrai ou faux, fait du moins allusion aux déviations de la Microfinance que l'on en rapporte parfois l'existence. Ces déviations ne pouvaient être éludées par courtoisie. Une question adressée par « L'Expert » à Jacques Attali, lors de la conférence de presse qui a suivi la présentation, est allée au-delà de cette question controversée des taux d'intérêts évoquant d'autres tendances, notamment la conversion de certaines institutions de Microfinance en banques commerciales et la cession par quelques organismes de leurs bases de données à des banques commerciales. La réponse de M. Attali a été brève mais exhaustive. Il est essentiel que le but (lucratif ou non lucratif) soit clair dans l'exercice. Cela étant, une institution de Microfinance pourrait se convertir en une banque commerciale, mais à condition de faire restituer les dons qu'elle a reçus… Si elle en a reçu bien sûr.
Enfin, pour enrichir peut-être davantage le palmarès de Jacques Attali, il convient de souligner que sa dernière visite à Tunis lui a valu un nouvel exploit : plus de 450 personnes ont été dans la salle pour assister à la présentation. Battu ainsi le record détenu par le président Abdou Diouf, invité précédemment par la BAD dans le même cadre du Programme des éminents conférenciers, qui avait polarisé une audience avoisinant 400 personnes.


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