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2016, l'année de tous les défis
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 01 - 2016


Par Radhi MEDDEB
Nous quittons l'année 2015 et abordons 2016 avec espoir et appréhension
Que retiendra l'Histoire de 2015 ? Pour nous en Tunisie, le bilan de l'année qui se termine aura été mitigé. C'est d'abord la première année de la IIe République, avec des institutions démocratiquement et régulièrement élues. C'est ensuite l'année de la constitution d'un gouvernement large regroupant diverses sensibilités jugées jusque-là inconciliables. C'est enfin l'année d'une immense reconnaissance internationale avec l'attribution du prix Nobel de la paix au Quartette ayant encadré le dialogue national, évitant au pays le risque d'un scénario à l'égyptienne, sinon à la syrienne.
2015 aura été également l'année de tous les excès avec l'irruption du terrorisme dans notre quotidien, frappant de manière spectaculaire, à au moins trois reprises, des symboles significatifs de la souveraineté de la Tunisie, de son ouverture sur le reste du monde, de sa tolérance et de son attachement aux valeurs universelles de démocratie et de respect des droits humains.
2015 aura été également l'année de tous les rendez-vous manqués.
Sur le plan politique d'abord, ce nouveau gouvernement de quasi-union nationale, mal compris et mal accepté par une large frange de ceux qui ont porté BCE à la magistrature suprême aurait dû être un gouvernement d'audace et de réforme. Il se révèle n'être qu'un gouvernement de gestion des affaires courantes, évitant toute confrontation avec ceux, divers et multiples, qui mettent quotidiennement en péril les attributs de l'Etat de droit, y compris dans l'exercice de ses fonctions régaliennes. Les partis politiques, et plus particulièrement le premier d'entre eux, se déchirent au grand jour, au service de certaines ambitions personnelles mais au grand mépris des préoccupations du Peuple. Aucun des «grands» partis n'aura réussi à organiser en 2015 son congrès, y compris constitutif pour la plupart.
Sur le plan sécuritaire, Daech n'est plus à nos portes, comme on nous le susurre depuis quelques mois. Il est parmi nous. Son éradication sera longue et son traitement nécessairement pluriel.
Sur le plan économique, les dossiers s'amoncellent. Le quotidien des populations se complique, le chômage s'installe durablement, le pouvoir d'achat s'érode, les déficits se creusent et l'endettement s'approfondit. L'investissement, dans ses multiples composantes : publique, privée, nationale, étrangère est désespérément absent, traduisant le manque de confiance et la crainte de lendemains peu balisés. La reprise économique s'éloigne tel un mirage et la classe politique se prend à rêver de niveaux de croissance proches de ceux réalisés du temps du régime déchu! Les réformes « douloureuses », promises par tous, tardent à se mettre en place. Celles prétendument engagées, comme la loi sur le partenariat public-privé ou le projet de code des investissements ou encore la loi d'orientation stratégique pour le plan, en privilégiant l'efficacité à l'inclusion, compliquent, encore plus, une possible sortie de crise.
Sur le plan social, nous avons cru gagner la paix en octroyant à deux reprises des augmentations générales de salaires dans le secteur public. Nos partenaires sociaux continuent à s'étriper, au moment même où leurs représentants recevaient la plus haute distinction internationale, censée récompenser leur esprit de responsabilité et leur souci du consensus, de la concorde et de la solidarité.
Et pourtant, les occasions de rebond n'ont pas manqué courant 2015. Le prix du pétrole s'est installé durablement sous la barre des 50 $ le baril, donnant un ballon d'oxygène inattendu à la balance commerciale, à la balance des paiements, au déficit public ou encore à celui de la Caisse générale de compensation. Il y avait là une occasion inespérée pour engager une réforme durable et pérenne de la Caisse de compensation, à travers un mécanisme de révision automatique des prix de l'énergie et un soutien financier ciblé aux populations pauvres et vulnérables.
La manne céleste nous a gratifiés de récoltes exceptionnelles d'huile d'olive et de dattes, permettant au pays d'engranger des recettes en devises miraculeuses, mais malheureusement ponctuelles en l'absence de stratégies de promotion et de développement de ces secteurs.
Courant 2015, nous avons continué à casser le peu de tirelires dont nous disposons, à distribuer les richesses que nous n'avons pas produites, à nous endetter pour payer nos charges courantes, y compris nos salaires et notre service de la dette. Jamais, le pays n'a si peu produit. Jamais, il n'a importé autant de produits de consommation courante comme de luxe.
L'année 2016 risque de perpétrer la tendance de 2015. Le rebond économique ne viendra pas de lui-même. La loi de finances ne nous a rien prévu de spectaculaire. La réforme fiscale semble se limiter à des aspects techniques sinon à racler les fonds de tiroirs de ceux, entreprises et personnes physiques, habitués à s'acquitter de leur devoir, mais qui pour beaucoup commencent à se lasser d'être les dindons de la farce.
Il est de notre devoir à tous de faire que 2016 permette de renouer avec une croissance vertueuse et inclusive. Cela est encore possible à condition que le maître-mot de l'action publique soit l'inclusion.
- L'inclusion doit être financière en donnant la possibilité à des centaines de milliers de Tunisiens de disposer de comptes bancaires ou postaux. La microfinance pourrait y contribuer grandement. Des exemples nous viennent de pays comme le Kenya où la conjonction de la microfinance et du mobile banking aura permis en l'espace de quatre ans de relever le taux de bancarisation de la population adulte de 42 à 75%.
- L'inclusion doit être économique en donnant la possibilité à chaque porteur de projet de pouvoir réaliser son rêve et d'être une véritable partie prenante au processus de création de richesses et de valeur. À travers une initiative majeure de formation pour la reconversion, l'école de la deuxième chance, nous pourrions, moyennant des compléments mineurs, donner des compétences opérationnelles et en rapport avec les exigences du marché à des dizaines de milliers de nos jeunes diplômés à la recherche de leur premier emploi. Ce faisant, l'inclusion économique intégrerait une partie significative de l'économie informelle dans l'économie légale. Elle supplanterait tous ceux qui instrumentalisent la misère des autres au service de leurs turpitudes.
- L'inclusion doit être fiscale pour que chacun participe à ce devoir national et contribue, selon ses moyens, au financement des services publics mis à la disposition de tous. L'élargissement de l'assiette contribuerait à abaisser les taux, à redonner du pouvoir d'achat aux économiquement faibles et à réconcilier le Tunisien avec la fiscalité.
- L'inclusion doit être sociale en favorisant l'émergence d'une véritable économie sociale et solidaire et la participation de tous à la prise en charge et à la gestion de leur quotidien.
- L'inclusion doit permettre l'épanouissement de tous en donnant à chacun la possibilité d'accéder à la pratique de l'art, de la culture ou du sport et de pouvoir bénéficier d'un accompagnement spécifique de nature à permettre l'éclosion des vocations.
- L'inclusion doit enfin être politique en accélérant le processus de décentralisation administrative et en favorisant la participation des citoyens à la gestion de leurs affaires.
Les réformes, incontournables pour lever le plafond de verre qui pèse sur l'économie tunisienne, doivent être portées par cette préoccupation majeure de la nécessaire inclusion.
Trois échéances à très court terme vont être déterminantes pour 2016 :
- Le remaniement ministériel annoncé qui doit traduire avec force la volonté de réforme avec la création notamment d'un grand ministère du redressement économique ayant une compétence transverse élargie,
- Une éventuelle nouvelle mauvaise saison touristique avec ses répercussions sociales et financières majeures: nous avons le devoir d'anticiper un tel scénario, d'en évaluer les conséquences globales et de solliciter un concours conjoncturel auprès de nos principaux bailleurs de fonds. La communauté internationale devrait être sensible à un argumentaire solide et un dossier sérieux qui traite du sujet de manière spécifique et globale,
- Une possible sortie de crise qui se profile en Libye: outre les bénéfices raisonnablement escomptés en matière de lutte contre le terrorisme, la contrebande et la fraude, nous pourrions trouver là un véritable levier pour nos entreprises et un débouché majeur en matière d'emploi. Là encore, l'aide de la communauté internationale pour la reconstruction de la Libye sera déterminante. La Tunisie, qui a été la principale victime collatérale, devrait être en pole position pour une participation significative à cette reconstruction. Notre politique étrangère devra être à la hauteur de ces enjeux.
Ce sont là quelques pistes pour retrouver l'esprit de la Révolution, redonner de l'espoir à nos jeunes, remobiliser toutes nos forces vives et projeter le pays dans la modernité, l'efficacité et la solidarité.


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