Commémoration du cinquième anniversaire de la Révolution par l'Orchestre symphonique tunisien, dirigé par Mohamed Makni et la soprano Yosra Zekri au Théâtre de la Ville de Tunis Jeudi dernier, la Bonbonnière était pleine à craquer en ce dernier spectacle avant sa fermeture officielle pour des travaux de restauration : c'était l'événement musical et national de la semaine puisque l'Orchestre Symphonique tunisien a choisi de célébrer le cinquième anniversaire de la Révolution tunisienne à sa manière. Un concert auquel le public n'aura pas regretté d'avoir répondu en masse. Une soirée de haute facture menée avec brio comme d'habitude par les membres de l'Orchestre sous la direction cette fois-ci du maestro Mohamed Makni, compositeur et violoniste à l'Orchestre du Capitole de Toulouse, venu spécialement pour l'événement. En présence de Mme Sonia Mbarek, nouvelle ministre de la Culture, de quelques membres du gouvernement et de personnalités diplomatiques, la soirée a débuté comme il se devait par une extraordinaire exécution de l'hymne national, marqué par une puissance architecturale et d'un arrangement orchestral qui suscitait l'enthousiasme du public. Des musiciens amis de l'Orchestre ont également contribué au succès du concert à savoir Mme Tomoko (Japon) au violon , Pierre Mignier au cor, Pierre Trottin au basson, Hugo Liquiere au trombone, Julien Marceau et Hamadi Ferjani à l'hautbois. Avec une baguette souple, enlevée et gracile, le maestro Mohamed Makni trace les trajectoires aériennes que les instruments suivent rigoureusement, nous offrant un programme brillant où cohabitent très intelligemment tradition et modernité, références au passé et sensibilité contemporaine. Auxquels vient s'ajouter la hardiesse vocale du chœur et du soprano qui leur ont permis de recueillir une ovation amplement méritée . Lors de ce concert, on a eu le plaisir de découvrir des œuvres telles que «Hached», en hommage au Martyr Farhat Hached, arrangée par Mohamed Makni, ainsi que «Dido» et «Trab bladi» arrangées par Mehdi Trabelsi et merveilleusement interprétées par la voix limpide de la soprano Yosra Zekri, appelant, par leur nationalisme affirmé, toutes les forces orchestrales qui étaient animées par un élan et une interprétation d'une grande efficacité. Un hommage particulier a été dédié donc aux compositeurs tunisiens contemporains puisque le programme comprenait, également, des œuvres de Mohamed Makni telles que les magnifiques Airs du désert et la molécule des fous (ActeV) ainsi que l'œuvre enchanteresse Warakass composée par Mourad Gaâloul(luth) et arrangée par Jawher Matmati. Sans oublier la révélation de la soirée, la plus jeune compositrice tunisienne Zeineb Hamza, dont l'œuvre Les nuits de Shérazade arrangée par Mohamed Makni nous a littéralement transportés. L'Orchestre nous a offert également une balade à travers les chefs- d'œuvre du répertoire symphonique international, citons Shéhérazade (3eme mvt) de Rimsky Korsakov, Bacchanale de Saint Saëns superbement rendus par une exécution contrastée, vivante et d'un dynamisme contrôlé. Et pour conclure, la symphonie du Nouveau Monde de A. Dvorak qui soulève l'enthousiasme du public et dont l'ampleur de la gradation sonore envahit la Bonbonnière en ce dernier rendez-vous de l'année !