Par Hella Lahbib Les dernières heures ont prouvé par a+b que les mouvements de contestation ont dégénéré en saccages organisés et opérations de pillage. Des institutions de souveraineté, des postes de police, de la Garde nationale, des entrepôts municipaux, des véhicules administratifs et de la protection civile, des agences bancaires et des magasins ont été vandalisés et brûlés. Des routes bloquées à Gabès et celle reliant Tozeur à Kébili. Des scénarios qui se reproduisent à l'identique un peu partout dans le pays. A Tunis, ce sont des quartiers périphériques sensibles qui ont vécu des nuits troubles surtout entre jeudi et vendredi. Une trentaine d'individus attrapés en flagrant délit sont mis en garde à vue. Un chiffre appelé à augmenter. Il ne s'agit donc plus, comme le constatent, amers, la plupart des Tunisiens, la société civile et les dirigeants politiques, de revendications sociales mais bel et bien d'un obscur complot ou de tentative de déstabilisation pour brûler la Tunisie et l'amarrer au convoi des pays réduits en ruines par les guerres civiles et le terrorisme. Dans ses différentes déclarations aux médias, Walid Louguini, chargé de la communication au ministère de l'Intérieur, a alerté les citoyens contre la volonté des pilleurs et autres « mal intentionnés » de semer le chaos dans le pays, en commençant par éreinter les forces de l'ordre, « mais sans succès », rassure-t-il. Jusque-là, faut-il le rappeler, et malgré les accrochages parfois très violents avec les manifestants, malgré les critiques dont ils ont fait l'objet et toutes sortes de provocations, les unités d'intervention de la police, en coordination avec les unités de l'armée, ont fait preuve d'un sang-froid et d'une maîtrise remarquables de la situation, malgré l'entrée en jeu d'éléments attribués à des bandes organisées et d'autres à des cellules terroristes dormantes. «On déplore, toutefois, la mort de Soufiane Bouslimi (un agent de la voie publique âgé de 25 ans) à Fériana, et une centaine de blessés parmi nous», regrette M. Louguini. Dans le maintien de l'ordre, la dispersion des rassemblements et toutes sortes de ripostes, une stratégie graduelle a été minutieusement suivie par nos forces sécuritaires. Jusque-là, les brigades d'intervention ont usé de bombes lacrymogènes et d'interpellations, mais aucune balle réelle ni en caoutchouc n'a été tirée. Heureusement ! Les noirs souvenirs de la révolution sont encore présents, les Tunisiens n'ont pas admis ni pardonné la mort de civils sous les balles. C'est ce qui a précipité, entre autres, la chute de l'ancien régime. C'est par une police républicaine préposée à l'intérêt suprême de la nation que le pays s'en sortira. En cela, il y a une tradition et les Tunisiens semblent être confiants.