Par Samira DAMI Le résultat des travaux de la commission d'aide à la production cinématographique suscite chaque fois remous et protestations dans le milieu du cinéma. Les contestations, les lettres de protestation et pétitions et même les plaintes judiciaires fusent de partout et de la part, bien entendu, de ceux dont les projets n'ont pas été retenus. Lors de la dernière commission, dont les résultats ont été publiés le 31 décembre 2015, près de 4 millions de dinars ont été impartis aux projets de courts et longs métrages de fiction, ainsi que les documentaires sélectionnés. Au total, 13 longs métrages et 10 courts métrages, en tout, ont bénéficié de l'aide sur les 80 projets déposés. Disons que le lot de films choisis est, certes, assez important eu égard à l'ensemble du budget consacré pour l'année 2015, mais quand on sait que 80 candidats ont présenté des projets, on peut s'attendre à ce que les 57 qui n'ont rien obtenu réagissent et manifestent leur courroux en émettant plusieurs reproches et récriminations. Ainsi, certains dénoncent la composition des commissions en voyant d'un mauvais œil le choix de certains membres des commissions qui, selon eux, n'y ont rien à faire car ils n'ont aucune connaissance de la spécificité de l'art du cinéma. D'autres remettent même en cause la présence des représentants des producteurs et des réalisateurs qui soit se rendent mutuellement service, au fil des commissions, soit se tirent dans les pattes, c'est selon. La majorité des contestataires regrettent que, depuis quelques années, les représentants des associations de cinéma entre Ftcc (Fédération tunisienne des ciné-clubs), Atpcc (Association tunisienne de promotion de la critique cinématographique) ne soient pas représentés. C'est pourquoi ils appellent à revoir, de manière plus rationnelle et logique, la composition des commissions d'aide à la production cinématographique. D'autres, opposant seniors et juniors, fustigent le fait que ce soient toujours les mêmes boîtes de production, 5 ou 6 sur les 200 existantes, qui raflent les subventions, condamnant, ainsi, l'attitude du ministère de la Culture qui considère que seules les sociétés de production confirmées sont fiables et peuvent mener à terme un projet. Ce qui ne fait que sanctionner les jeunes producteurs qui n'auront, ainsi, jamais l'occasion de faire leurs preuves et de s'affirmer. Un collège pour une première production de L.M. Il est vrai que le mécontentement sera d'autant plus fort et important à chaque fois que la commission tarde à se réunir et qu'on zappe une session, ou une année, or, il y a auparavant un accord quasi tacite pour que la commission d'aide se réunisse à chaque fois que des projets sont déposés, et cela sans attendre l'appel à candidature du ministère de la Culture. Pourquoi ne pas y revenir donc afin d'alléger les travaux des commissions et offrir davantage d'opportunités aux professionnels ? Maintenant que faire afin d'améliorer les critères et les conditions d'octroi des subventions et pouvoir éviter, ainsi, toutes ces polémiques, contestations et insatisfactions. On sait que chaque commission évalue et apprécie, avec une part de subjectivité cité, les scénarios et les projets de films présentés mais une organisation plus rigoureuse des genres et des collèges favoriserait davantage d'opportunités. Pourquoi ne pas faire donc une démarcation entre les films de fiction et les documentaires en créant un collège de films de fiction et un collège de films documentaires en octroyant, pour chacun, une enveloppe globale spécifique, car, on le sait, un documentaire peut nécessiter plusieurs années de travail. «El Gort» de Hamza Ouni par exemple a exigé 7 longues années de travail. Peut-on alors exiger les mêmes délais de finition pour un documentaire que pour une fiction? Assurément non. Maintenant concernant le choix des maisons de production, les critères fixés sont clairs, ils concernent la crédibilité du producteur et la faisabilité des projets, autrement dit avoir la capacité de mener les projets à terme et rendre la copie dans les délais impartis. Il s'agit aussi de rechercher d'autres sources de financement et de faire bénéficier le film une fois fini de visibilité aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Or, dans ce cas et afin de permettre aux jeunes producteurs de moins de 35 ans de percer, pourquoi ne pas créer un collège pour les premières productions de longs-métrages, surtout si la boîte en question a déjà produit des courts métrages. Voilà qui atténuerait les mécontentements des jeunes producteurs et permettrait d'élargir le cercle des maisons de production ayant à leur actif des longs métrages. Ce qui créerait à n'en point douter une réelle dynamique de production qui engloberait toutes les générations.