Le ST a opposé sa fibre identitaire au «football champagne» clubiste. Sept défaites en quinze matchs, soit une sortie sur deux soldée par un revers. Des stats dignes d'un relégable et incompatibles avec un club doté du plus gros budget de la Ligue 1. Pour le microcosme clubiste, il ne faut pas se voiler la face, outre le naufrage défensif, le CA a chaviré dès les premières étincelles stadistes. C'est forcément un problème de mental quoique ce football bardolais, d'une audace spectaculaire, en première intention et spontané, avait de quoi faire douter le CA. C'est ça le Stade qu'on aime. Un onze qui évolue selon ses moyens, généreux, brave et persévérant. A l'image d'un Touré altruiste et serein, les locaux tenaient à la victoire comme à la prunelle de leurs yeux. En face, le CA a commencé par faire illusion avant de sombrer. C'est le cumul et l'aboutissement d'une fuite en avant, une chute vertigineuse dans les abîmes du classement. Erreurs stratégiques (défense vidée de sa substance), chambardement de l'ossature, instabilité tactique et changement de staff technique au gré des résultats jusque-là catastrophiques. Nous y voilà ! Le CA est devenu fragile, prenable et quelconque. Même piqué à vif, aucune réaction d'amour-propre, d'orgueil d'un «fauve» blessé n'est venu atténuer le flop constaté. 19 buts encaissés jusque-là, c'est plus que préoccupant. C'est inquiétant pour un onze nonchalant et incapable de se remettre en question en cours de jeu. Une équipe de choc et de charme Cette équipe clubiste est «psychosomatique». Même dans la douleur, dans la souffrance et la défaite, elle n'est nullement sympathique. C'est une équipe «libérale» qui privilégie un jeu basé sur les individualités. Or, le technicien batave n'a pas encore réussi à bâtir sa tactique en fonction de la qualité des joueurs, essayant de tirer le meilleur parti de chacun d'eux. Comme si l'important n'est pas de gagner mais de faire rêver. La meilleure défense c'est l'attaque, dit le dicton. Sauf que pour se montrer invulnérable, il faut sécuriser les bases arrières, ne pas se dévoiler afin de ne pas subir le contrecoup du jeu et courir derrière le résultat. Au CA, si l'attaque est privilégiée, le marquage est devenu secondaire et le jeu est totalement porté sur l'avant de manière imprudente et naïve. C'est cela une équipe débridée et «libérale». Elle marque des buts mais elle en prend beaucoup plus. Voilà où en est un CA qui vient de rencontrer une équipe «protectionniste» mais aguerrie et réaliste. Un jeu où l'on privilégie la spontanéité et l'audace. Ce Stade-là a du cœur et les dieux du Stade le lui rendent bien. Cette idée de jeu du coach Kanzari a permis à l'équipe et aux joueurs d'atteindre un plus haut niveau de confiance et d'autonomie ainsi qu'une grande sensation de liberté dans le jeu. Afin de s'adapter à un jeu devenu plus rugueux, avec un effectif particulièrement perfectible, le Stade a érigé l'adage «tout le monde attaque, tout le monde défend» sans distinction de marque de fabrique. Une implication à tout instant dans le jeu. Une adaptation constante de la part des joueurs en fonction des opportunités (impliquant des changements de leader fréquents selon les axes de jeu). Le Stade a opposé sa fibre identitaire au «football champagne» clubiste. Des valeurs différentes «impactées» par un résultat sans appel. Volet moments forts, en réaction à l'incertitude du jeu, le Stade s'est montré capable de toutes les turpitudes pour tenir le résultat. L'adage «seule la victoire est belle» est son credo. En clair, pour y parvenir, il s'agissait de faire douter l'adversaire, voire de l'étouffer. Les Bardolais ont mélangé le spectaculaire et l'agressif. Ils ont vu juste. En face, un CA stéréotypé et facile à anticiper s'est fait piéger comme un bleu. Un simulacre de jeu de la part d'un champion sortant qui flirte désormais avec la relégation. Il va falloir maintenant trouver les mots et identifier les «maux» pour sortir la tête de l'eau.