Infantino enterre les «fantasmes» arabes, la Fifa, elle, passe à une nouvelle étape avec des réformes historiques qui coupent avec l'ère Blatter Un Suisse triste, Sepp Blatter, quitte la Fifa par la toute petite porte, sali par un retentissant scandale (avec, il faut l'avouer, une machination américaine!), un autre Suisse est sur un nuage, Gianni Infantino qui prend la présidence au bout d'un duel musclé (et où les tractations et les intérêts ont joué un grand rôle) avec Salman Khalifa. Les tendances avaient placé S. Khalifa comme vainqueur étriqué grâce notamment à l'appui de Hayatou et des fédérations asiatiques. Les choses ne se sont pas passées ainsi avec Gianni Infantino qui profite de la division des arabes entre Salman Khalifa et Ali Al Husseïn. Le Jordanien, qui n'a obtenu que 27 voix au premier tour, n'a pas soutenu Salman, alors que ceux qui lui ont voté ont «migré» (par hasard ou poussés) vers le Suisse au même titre que les quelques voix de J.Champagne. Le tout permet à Infantino «d'hériter» Blatter et de faire régner la domination hélvétique sur l'instance qui gère le football au monde. Nous, les arabes, avons rêvé de voir Salman Khalifa ou Ali Al Husseïn, mais les enjeux politiques et les «bêtises» électorales des arabes (comme d'habitude) ont eu le dernier mot. Plus que l'élection de Gianni Infantino, ce sont les réformes adoptées par la majorité des fédérations-membres qui représentent le fait majeur. C'est une révolution de palais au sein de la Fifa avec la limitation du pouvoir du président de la Fifa et du secrétaire général au profit d'un conseil qui prend la place du comité exécutif. Un autre mode de gouvernance régule, aujourd'hui, la Fifa avec plus de garde-fous et de responsabilisation, sans oublier «l'obsession» de la transparence. Principales réformes... Infantino n'aura pas la même autorité et marge de manœuvre que Blatter. Cela en vertu des amendements historiques votés avant-hier. L'essentiel de ces amendements? Création du conseil de la Fifa qui succède à l'ancien comité exécutif. Il comprend 37 membres élus (contre 25 avant) dont le président, 8 vice-présidents et 28 membres élus par leurs confédérations respectives. Tous ces élus, y compris le président de la Fifa, ont droit à trois mandats au maximum (12 ans). Sauf que pour le président, le cumul des mandats en tant que membre n'affecte pas les mandats en tant que président. Il n'y a plus donc de président de Fifa à vie. Le conseil de la Fifa s'intéresse aux questions stratégiques, à la définition de la politique générale et au développement du football. Il définit les outils de contrôle et de gouvernance, alors que le secrétariat général a pour vocation l'exécution et la gestion opérationnelle (marketing, finance, suivi, contrôle...). Ces réformes mettent beaucoup de critères d'éligibilité de façon à éliminer les candidats suspicieux. Les outils et principes de la bonne gouvernance sont implantés pour tous les membres de la Fifa et un engagement à valoriser le football féminin et les règles du contrôle financier. Les ayants-droit de la Fifa (joueurs, clubs, sponsors, arbitres...) auront désormais un comité qui les représente. Un vrai changement ? Ces réformes révolutionnaires devront porter la Fifa vers un nouveau cycle. Et aussi une nouvelle image de marque. Mais en réalité, peut-on être optimiste ? La Fifa peut-elle mettre fin à cette nébuleuse d'intérêts entre fédérations, sponsors et membres ? Cette Fifa est une machine à broyer des hommes et même des clans. Blatter et Platini en sont la preuve. La régulation du pouvoir au sein de la Fifa est, à notre avis, le point le plus saillant à retenir. Les intérêts politico-économiques font de la Fifa une institution puissante, telle l'ONU par exemple. Il faudra que le changement touche la CAF par exemple. Nous en avons marre de Hayatou, le dictateur à vie qui a spolié, avec ses adeptes et bailleurs de fonds, le football en Afrique. Il est toujours là malgré des soupçons et des présemptions évidentes. Il n'est pas normal que la Fifa révise ses règles, alors que la CAF reste otage de Hayatou et de son instinct de pouvoir.