«L'équipe nationale doit passer de la position d'outsider en quête de repères à celle de formation captivante au style bien défini. C'est à ce prix que l'on émettra un avis favorable et que l'on portera un jugement bienveillant sur le réservoir du Team Tunisie». Si la Tunisie a pris rendez-vous avec le tournoi barrages qui devrait nous conduire au Qatar pour le grand rendez-vous planétaire du football, il n'en reste pas moins que jusque-là, tant de choses restent à revoir et à faire même. Khaled Touati, ancien canonnier du Team Tunisie, prédit et mise sur une qualification de la Tunisie au Mondial, mais pense aussi que cela ne devrait pas occulter le fait que certains choix sont discutables et le staff technique doit élargir son panel de joueurs : « La Tunisie avance tout doucement, mais sûrement, sachant qu'il n'y a plus de nations intouchables à l'échelle continentale même si le Sénégal, l'Algérie et le Maroc en imposent actuellement. Je pense que le Team Tunisie a encore une belle marge de progression, mais tantôt il semble manquer d'audace et de tempérament. Par moments, il faut savoir comment stimuler le groupe à l'approche des matches à enjeu car c'est dans l'adversité, quand tout est ligué contre vous lors des longs périples continentaux, qu'il faut se transcender et évoluer en conquérant, quelle que soit la notoriété de l'équipe en face. Par exemple, en Guinée équatoriale, contre un adversaire motivé et galvanisé par la réception de la Tunisie, les attaquants n'ont pas totalement puisé dans leur registre offensif pour tempérer les ardeurs adverses. On s'est créé des occasions, mais on oublie aussi que pour marquer, il faut savoir avant tout se placer correctement, sentir le jeu, ne pas se tromper de tempo et anticiper le geste de vos coéquipiers. Tout ça s'apprend en club et pas en sélection ». « Le management par les valeurs» « Globalement, je pense qu'il est temps de se fixer un cap et de donner de l'épaisseur à cette équipe. C'est bien de surclasser la Zambie et de toucher au but de voir les barrages. Mais l'équipe nous laisse encore sur notre faim. On a besoin de vibrer et d'être séduit par cette sélection. Franchement, jusque-là, l'enthousiasme n'est pas débordant avec des prestations quelque peu ternes qui laissent forcément un goût d'inachevé. Aujourd'hui, nous nous réjouissons du passage aux barrages, mais il est tout aussi légitime de s'interroger sur le réel niveau du Team Tunisie par rapport au gotha africain et même par rapport à ces outsiders ambitieux qui pullulent sur le continent. Bref, il y a comme des roses et des épines et j'attends toujours ce match référence, ce clean-sheet, cette production d'ensemble digne d'éloges pour me fixer avec exactitude sur la stature de l'équipe. En football, dans le haut niveau, c'est justement l'échelle de valeurs qui vous permet d'identifier les références que nous cherchons à atteindre et leur influence sur la progression du groupe. C'est un travail au quotidien et non pas seulement à effectuer lors des stages d'avant-match ». Il enchaîne : « Actuellement, même si les résultats plaident en sa faveur, l'on n'a pas encore totalement remis sur pied un collectif qui puisse devenir à terme une mécanique assez bien huilée. En l'état, le staff technique a du mérite, mais il va falloir batailler à l'avenir pour toucher au but. Je le dis sincèrement sans faire la fine bouche, car récemment, cette équipe nous a donné très peu d'occasions de nous réjouir. Bref, le onze tunisien tâtonne encore et on attend du coach qu'il donne un style à cette équipe formée d'expatriés dont la plupart sont bons sans être excellents, à l'exception d'Ali Maâloul, intouchable à son poste, Khazri qui revient en force en Ligue 1 française et de Skhiri qui est à peine remis de blessure. D'autres joueurs, que je ne peux citer pour l'intérêt suprême de l'équipe, n'ont rien à faire sous la bannière de l'équipe nationale. Je dirais même plus, plus d'un local n'a rien à envier à certains expatriés, dont quelques-uns sont tout simplement sur le déclin ! En clair, j'ai le sentiment que l'on manque de certitudes sur le plan collectif, alors que peu d'individualités peuvent faire la différence à tout moment, comme entrevu récemment. Ne pas trop blâmer cette équipe cependant. C'est comme ça. Aujourd'hui, il y a une pénurie de joueurs « fuoriclass » au sein de notre sélection et il est maintenant trop tard pour expérimenter et lancer de nouveaux joueurs. Pourquoi ? Parce que les présents en sélection verraient d'un mauvais œil l'appel de joueurs qui n'ont pas jusque-là participé aux éliminatoires du Mondial. Ça peut toucher la cohésion et la sérénité du groupe. Il aurait donc fallu faire preuve d'audace plus tôt. Enfin, je voudrais conclure en espérant qu'outre le fait d'atteindre ses objectifs, construire en parallèle un onze porté vers l'avant, et qui s'attache à produire un jeu léché, doit être prioritaire. J'espère que l'équipe exploitera son potentiel en ce sens, et pourra à terme passer de la position d'outsider en quête de repères à celle de formation captivante au style bien défini. C'est à ce prix que l'on émettra un avis favorable et que l'on portera un jugement bienveillant sur le réservoir du Team Tunisie »..