On ne tarit pas d'éloges, dans plusieurs pays, sur le professionnalisme et la bravoure avec lesquels nos forces de sécurité et l'armée ont réussi à avorter cette attaque terroriste d'une ampleur sans précédent On n'épiloguera jamais assez sur le dernier attentat de Ben Guerdane, non seulement pour la lourdeur de son bilan et l'importance des dégâts qu'il a causés, mais aussi et surtout pour la manière avec laquelle il a été avorté. Et là, empressons-nous de le dire: touchons du bois. Oui, touchons du bois, car, en matière de lutte contre le terrorisme dans le monde, il est communément admis qu'il n'est pas facile, techniquement parlant, de mettre en échec une attaque d'une telle sophistication et d'une ampleur sans doute sans précédent. En effet, habituées jusqu'ici à gérer, presque dans la routine et souvent à titre de simple formalité, des attentats perpétrés par un petit groupe d'assaillants armés de l'inévitable kalachnikov, nos forces de sécurité et de l'armée ont eu affaire, cette fois-ci, à un os plus dur et à un ennemi autrement plus menaçant, certainement plus dangereux que jamais, avec, au départ, une petite armée de jihadistes (entre 70 et 100 personnes) venue de Libye et de plusieurs régions de Tunisie, un plan précis des cibles stratégiques de la ville à attaquer, et, chose inédite jusque-là, le recours à des armes plus sophistiquées (RPG, fusées...). Encore plus grave, les terroristes, rapportent les premières révélations de l'enquête menée par la brigade des unités spéciales de la Garde nationale d'El Aouina, attendaient, dans le cadre de la seconde phase de leur attentat, l'arrivée d'importants renforts (en hommes et en armes) devant être acheminés de Libye, voire d'Algérie, outre le concours de leurs cellules dormantes éparpillées un peu partout dans le pays. Bref, du jamais vu dans les annales des attentats terroristes en Tunisie. Dans d'autres pays, faut-il le rappeler, une attaque de ce calibre aurait fait mouche, plus mal, comme on l'a vu récemment en Occident, en Asie, en Libye, au Yémen, en Syrie, en Irak, en Somalie, au Nigeria et, dans les années 90, en Algérie. L'histoire retiendra, en tout cas, que la Tunisie peut s'enorgueillir d'avoir fait mieux dans ce registre, en s'en sortant à bon compte : moins de victimes dans les rangs des forces de sécurité et de l'armée, moins de pertes civiles, mais, en revanche, plus de tués, d'arrestations et de saisies dans le camp adverse. Il faut le faire. «Nous n'avons pas de baguette magique», lance sobrement, et avec une étonnante modestie, le chef d'un groupe des commandos de la GN qui indique que «quand on va à l'ennemi dans ses fiefs, quand on privilégie l'atout des renseignements et quand on prépare méthodiquement un raid, la réussite ne peut être qu'au rendez-vous». Thank you, Sir Harry Dès lors, ce n'est pas un hasard si le président Béji Caïd Essebsi n'a pas trouvé mieux, l'autre jour, pour la... première descente policière de son mandat, que d'aller dare-dare au QG de la brigade des unités spéciales de la Garde nationale d'El Aouina. Là où il a tenu à suivre en direct le déroulement des opérations sécuritaires dans la ville de Ben Guerdane. Ce n'est pas non plus un hasard si des pays frères et amis, de par le monde, tout en exprimant leur solidarité avec la Tunisie, au lendemain de ce tragique attentat, n'ont pas manqué, à coups de messages, d'afficher leur admiration «pour le professionnalisme et la bravoure avec lesquels a été avortée cette attaque». Un hommage à la fois vibrant et mérité. Vibrant parce que émanant de pays qui n'ont pas l'habitude de vous jeter des fleurs par la fenêtre. Mérité, pardon amplement mérité, car la prouesse exceptionnelle réalisée récemment à Ben Guerdane par ladite brigade est venue confirmer, pour la énième fois, l'étendue de l'efficacité de cette structure qui continue allègrement de collectionner les performances, forte qu'elle est d'une formation solide à la légendaire école de la Garde nationale de Bir Bouregba. Là où les promotions d'agents qui se sont succédé depuis les années 90, sous la houlette de leurs non moins légendaires patrons Larbi Lakhal et Mohamed Mahmoudi, ont fait leurs preuves, non seulement en Tunisie, mais aussi en France, en Allemagne, en Angleterre et surtout aux Etats-Unis où nos stagiaires lors des stages de recyclage se payaient le «luxe» d'arracher l'OK à un certain Harry, général US connu pour être très exigeant et avare en distribution de diplômes de mérite à ses poulains venus des quatre coins du globe. Ce n'est pas enfin un hasard si des tableaux d'honneur offerts, en guise d'admiration, par les célèbres polices américaine, française, anglaise, allemande et italienne garnissent aujourd'hui les locaux de l'école de Bir Bouregba et de la brigade des unités spéciales de la Garde nationale d'El Aouina. Ne vous-ai je pas dit ci-haut : touchons du bois ?