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«Je raconte ce que j'ai envie de voir»
Entretien du lundi: Mohamed Ben Attia, réalisateur
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 03 - 2016

Un Ours à Berlin pour le meilleur premier film, et la meilleure interprétation masculine sont une consécration historique pour le cinéma tunisien, et cet honneur nous vient grâce à Mohamed Ben Attia et son premier long métrage Nhebbek Hédi. Pourtant, rien ne le prédestinait à une telle carrière. Juste après sa projection presse et quelques jours avant la sortie commerciale du film, Mohamed Ben Attia est sur un nuage. Ses débuts, sa passion, ses choix, ses partis pris dans la réalisation et son rapport avec ses acteurs dans cet entretien.
Certains disent que ce qui fait votre originalité, c'est que vous ne venez pas du milieu cinématographique...
Effectivement, je viens de l'IHEC avec une spécialité en finance internationale. Au fait rien ne me prédestinait au cinéma à part l'envie et la passion de découvrir ce monde. Déjà au lycée, j'adorais écrire ce qui me passait par la tête et je regardais pas mal de films, mais je ne me voyais pas faire du cinéma un métier. Il y a un contexte général et des pressions qui ont fait que j'ai choisi la filière des mathématiques pour suivre ensuite le sillon des études commerciales. Mais après, j'ai fait un troisième cycle, en France, en communication audiovisuelle. Pour moi, c'était un compromis entre le domaine commercial et l'audiovisuel. Mais il y avait toujours cette peur de ne pas aller dans le domaine du cinéma qui «ne nourrissait pas son bonhomme», ce qui est vrai d'ailleurs. De retour en Tunisie, j'ai travaillé comme commercial chez un concessionnaire d'automobile tout comme Hédi dans le film. Pour tout vous résumer j'ai fait un an d'audiovisuel et douze ans d'automobile chez un concessionnaire.
Et pendant ces douze années ?
J'ai continué à me documenter et à m'exercer à l'écriture du scénario. Puis, j'ai fini par écrire un scénario de long métrage que j'ai soumis à Dorra Bouchoucha aux ateliers Sud Ecritures à travers Naoufel Saheb Ettabba qui était client chez la marque de voiture où je travaillais. Même si j'ai fini par abandonner ce long métrage au bout de quelque temps, pour moi c'était une première expérience. Après avoir réalisé cinq court métrages Romantisme deux comprimés matin et soir, Comme les autres, Mouja, Loi 76 et Salma, j'ai réalisé Nhebbek Hédi, un scénario que j'ai commencé à écrire quelques mois après la révolution et que j'ai retravaillé avec Sud Ecritures.
Tous les réalisateurs rêvent d'être primés dans un festival aussi prestigieux que Berlin, avez-vous été dans l'attente de ce prix ?
Franchement non ! C'est venu très rapidement. On a eu la nouvelle de la sélection à Berlin, alors que le film était encore dans la phase de l'étalonnage et du mixage. Mais je m'interdisais de penser au prix après cette sélection car j'avais peur d'être déçu.
C'est une histoire très ordinaire et presque banale, comment vous l'avez-vous transformé en un film qui ne laisse pas indifférent ?
Je suis un cinéphile irréductible ! Cela me permet aussi de prendre la place du spectateur. J'écris égoïstement ce qu'il me plairait de voir. Puis à tout prendre, j'adore les histoires banales et les gens ordinaires, mais qui peuvent avoir quelque chose d'extraordinaire quand on «fouille» un peu. Et dans le traitement, je voulais aller dans ce même sens sans tomber dans les artifices faciles et ne pas distraire le regard vers quelque chose qui est vain, mais tout en s'approchant d'une certaine vérité relative au personnage et au contexte dans lequel il vit. Tout était conditionné par l'idée de se rapprocher le maximum de cette réalité. De toute façon, je pense qu'il y a une coïncidence heureuse entre ce qu'on aime raconter et ce que peuvent ressentir les gens. La magie naît justement de cette coïncidence.
Pourquoi avez-vous choisi de raconter une histoire si simple, alors que tous les cinéastes s'acharnent à parler des islamistes, du problème de la sexualité, de la dictature politique, de la révolution...
A la base, je voulais raconter une histoire d'amour et la relier à tout le contexte où on est en train de vivre depuis 2011, mais sans tomber dans les clichés et les séquences porte-drapeaux qui donnent des leçons patriotiques, etc. Je voulais surtout rester très proche de la première envie qui est une histoire d'amour. C'était le premier parti pris. Le second était de raconter ce parcours de Hédi et de ne jamais le lâcher jusqu'à la fin du film pour que le spectateur arrive à sentir son malaise, son épanouissement et son doute.
Il y a une bonne direction d'acteurs dans le film...
J'essaie de répéter beaucoup avec les acteurs et j'éprouve beaucoup de plaisir à le faire. On a essayé d'aller vers le personnage de Hédi qui est introverti et qui cache un malaise tout en restant dans le naturel. Hédi est un type très complexe, car l'idée du film est que le Tunisien lambda, interprété par Majd Mastoura, cache une complexité. Il y a le scénario, le tournage, le montage et le reste, mais sincèrement j'adore travailler avec les acteurs.
Ce film dénonce aussi la main mise de la famille sur l'individu. C'est comme si Hédi incarnait la citation d'André Gide : «Familles je vous hais»...
C'est vrai que la famille en prend un sacré coup dans ce film! En Tunisie, on vit beaucoup en famille, c'est formidable, mais ça peut parfois être un frein pour notre épanouissement. On nous a inculqué une façon de vivre et que toute autre façon différente de vivre est à bannir. Une amie à moi m'a dit un jour que certaines familles chez nous ressemblent à la Mafia, si un jour on n'obéit pas à ses règles, elle nous éjecte ! Malheureusement, c'est ce qui arrive dans nos petits pays méditerranéens.
Pourqoui avoir choisi un titre aussi équivoque Nhebbek Hédi ?
«Nhebbek» (je t'aime) est quelque chose de beau et c'est un mot qu'on ne prononce pas souvent malheureusement. C'est une lecture qui peut paraître naïve, mais qui me tient à cœur. Dommage qu'on ne nous a pas habitués à dire ce mot et à exprimer nos sentiments, alors que la vie est tellement courte que plus on le dit, mieux c'est. Sur un autre niveau de lecture, c'est aussi un titre qui dénonce le conformisme parce que lorsqu'on dit «Nhebbek Hédi», ça veut également dire «je veux que tu sois tranquille», autrement dit, il ne faut pas que tu t'exprimes trop ou que tu te révoltes.
Dans le film, il n'y a presque pas de musique...
Déjà avec ça je trouve qu'il y a trop de musique ! On voulait garder le côté brut de ce film avec ses silences et ses aspérités. Lorsque j'ai rencontré Omar Aloulou qui devait faire la musique (et c'est quelqu'un qui a fait tout comme Hédi.
ePar amour pour la musique, il a tout laissé tomber), il m'a convaincu que ce film était très bien tel qu'il était ! Il a compris le sens du film et même s'il a rajouté des sons, il a respecté cette envie de garder l'aspect brut du film. Les effets qu'il a rajoutés étaient destinés à donner une autre couche de lecture.
Que reprochez-vous au cinéma tunisien ces dernières années ?
Je trouve qu'il manque de sincérité... Je pense que les gens, qui veulent faire du cinéma, doivent être très passionnés. Lorsqu'on est dans l'urgence de raconter des histoires, ça peut donner un immense élan à notre cinéma.


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