Par-delà les commémorations, par-delà les larmes et les blessures inextinguibles, demeurent les inévitables enseignements. Si nous sommes aujourd'hui en guerre ouverte avec le terrorisme, nous n'avons plus guère l'excuse de la prise au dépourvu ou de quelque laxisme fondé sur l'effet de l'embuscade. Notre classe politique, nos gouvernants, nos forces vives sont prévenus Le douloureux souvenir est encore vivace, lancinant. Les hordes de l'orchestre de l'ordre noir avaient lâchement attaqué au musée du Bardo, il y a un an. Des dizaines de victimes innocentes, en majorité des touristes, en ont fait les tragiques frais. Et puis, il y a toute la symbolique des bandes terroristes fanatisées à l'assaut d'un des plus hauts lieux de la civilisation, dans l'un des plus vieux pays policés au monde. Certes, au fil des ans, nous avons subi plus de cent attentats terroristes, générant plus de deux cents martyrs, tombés sur le champ d'honneur. Mais, par-delà les commémorations, par-delà les larmes et les blessures inextinguibles, demeurent les inévitables enseignements. Si nous sommes aujourd'hui en guerre ouverte avec le terrorisme, nous n'avons plus guère l'excuse de la prise au dépourvu ou de quelque laxisme fondé sur l'effet de l'embuscade. Notre classe politique, nos gouvernants, nos forces vives sont prévenus. Gare à l'ennemi intérieur ! Disons-le clairement, haut et fort au besoin. La bataille antiterroriste doit être résolue, sans pardon, cruelle et pugnace. Elle ne saurait souffrir l'attentisme, les agendas secrets, les calculs de boutiquiers ou les querelles de chapelle. C'est une guerre sans merci, à la vie à la mort. Or, ce n'est guère toujours le cas. Une partie de la classe politique tergiverse. Une autre partie est coupable de compromission, sous le couvert de mollesse ou de considérations tantôt grimées en légalisme frauduleux, tantôt en droit-de-l'hommisme qui n'en est pas vraiment un. La lutte antiterroriste récuse les faussaires et les faux monnayeurs. Elle requiert l'âpre défense de la liberté, des attributs de la vie digne et évoluée. Lors des attaques terroristes de Ben Guerdane, le 7 mars, notre peuple et nos forces armées ont fait montre d'un héroïsme salué par le monde entier. Il appartient à l'intendance politique de suivre. L'instance judiciaire, jusqu'ici brouillonne, hésitante et molle, devra s'ébranler, elle aussi. Le chemin est tracé. Tout brouillage à ce propos est forfaiture à la nation, au peuple, à nos vaillantes forces armées toutes instances confondues. Dans tous les cas de figure, la forteresse Tunisie devra sévir. Et c'est une forteresse inexpugnable. Mais l'histoire instruit aussi que les forteresses inexpugnables sont prises de l'intérieur. Alors gare à l'ennemi intérieur, tapi dans l'ombre, dans les interstices de l'Etat, de l'administration et des partis. Un pays averti en vaut deux.