Par Abdelkader KACEM Le couple économie-emploi suggère quatre facteurs déterminants pour l'équilibre d'ensemble de la société. Le premier est l'entrepreneur promoteur de l'idée d'un projet, le deuxième c'est le travailleur fournisseur de services, le troisième c'est le capital nécessaire pour financer l'investissement et le quatrième c'est l'Etat garant des infrastructures, de la sécurité et de l'essentiel des formations qualifiantes. Ces quatre facteurs doivent être soudés et travailler ensemble dans un cadre confiant, patriotique et transparent, durablement. Pour cela, il faut qu'il y ait des structures de communication claires et des échanges gagnant-gagnant profitables à tous permettant de rendre à chacun ses mérites pour lui permettre de continuer à faire ses devoirs et de bénéficier de son dû, naturellement. En dehors des échanges transparents, les choses ne peuvent pas aller loin. Il y aura dans le parcours des cassures, des manquements, des inachevés, des conflits et des insuffisances qui handicapent la poursuite des affaires, se répercutent sur le facteur humain, sur les recettes de l'Etat et finiront par pénaliser l'ensemble de la société. Ces règles sont essentielles dans toutes les économies qui se veulent prospères et sécurisées et pour toutes les activités. Si l'on essaye de tirer la couverture sur soi, les autres s'en rendront compte rapidement et la machine se grippe ensuite entraînant au parcours la pénalisation du reste des affaires du fait de l'interdépendance des activités. La confiance, la transparence, la clarté et la justice seraient les quatre éléments de base qui déterminent l'équilibre des emplois dans toute société. Les affaires comme les familles et les sociétés humaines s'épanouissent par le droit, dans le respect, la transparence et la confiance. Le statut du promoteur Le promoteur d'un projet est de nature optimiste et travailleur. Il aime aussi le profit. Il court à chaque étape de sa vie de grands risques matériels, investit beaucoup de sa personne, de son temps et attend normalement de faire des gains mérités. L'importance des investissements pour les sociétés est en rapport avec les gains qu'ils génèrent. Les investissements qui n'apportent pas de profits ou peu sont abandonnés, simplement et avec eux tout le reste emploi, production, etc. C'est la règle des affaires. Les investissements de charité s'inscrivent sur un autre registre qui n'entre pas dans le cadre de cet article. Les chefs d'entreprise seraient bien tranquilles et confiants pour la poursuite de leurs affaires lorsque le climat social et environnemental de l'entreprise est stable et n'enregistre pas des perturbations affectant la marche de l'entreprise. Le statut du travailleur Le travailleur est de l'autre côté à la recherche de ses intérêts propres. Dans sa relation avec l'emploi, le travailleur, aidé par les partenaires sociaux, cherche à travers l'histoire à gagner plus et travailler moins longtemps. Il a, par contre, fait généralement davantage d'effort pour améliorer ses compétences et rendre de meilleurs services. L'amélioration de ses revenus d'ensemble a été conséquente au développement économique et social des pays en rapport. L'augmentation progressive des revenus des travailleurs a eu des conséquences positives évidentes sur les personnes ayant un emploi et leur famille, induisant une meilleure santé, davantage de culture, d'ouverture, de production et une meilleure qualification professionnelle et sociale améliorant au parcours la productivité et l'innovation des entreprises qui les emploient. De la pratique des affaires Mais, l'ouverture économique à travers le monde, depuis les années 90, a changé la donne classique des affaires impactant au parcours le statut des entreprises, leurs méthodes de gestion, leurs coûts et tout leur environnement. Quel que soit le secteur, son niveau d'emploi et de production, les petites entreprises d'aujourd'hui, libérales, côtoient sur un même marché mondial les grandes affaires à dimension internationale. Elles se trouvent concurrencées et leurs rendements réduits progressivement avec le temps du moment que les règles du marché du travail sont internationales, privilégiant les grands et les rémunérations des facteurs à l'emploi tentent de se rapprocher des grandes entreprises indépendamment des rendements divergents. L'avantage préférentiel des facteurs de travail, jadis importants et profitant aux pays en développement, tend à se réduire, avec le temps, pénalisant au parcours les entreprises nationales moins concurrentes et diminuant l'afflux des investisseurs étrangers. Les entreprises se trouvent, de ce fait, doublement affectées en raison de l'écart des rendements en baisse et celui des rémunérations en hausse. Dans ces conditions, les petites entreprises et les personnes y travaillant se trouvent souvent en conflit en raison des divergences de points de vue au regard des rémunérations, des avantages sociaux ou des carrières. En fait, les travailleurs réclament souvent des droits indexés sur les affaires florissantes. Cela pose la délicate question pour voir comment une entreprise qui gagne moins pourrait payer un salaire proche de celui d'une holding qui domine le monde ? La rigidité de la réglementation, même dans les grands pays à revenus élevés, a poussé beaucoup d'entreprises, rendues incapables de répondre aux exigences sociales de leurs employés couteux, à la faillite. Ces mêmes exigences ont découragé l'investissement national, poussant un grand nombre de promoteurs nationaux à fuir leur pays pour investir ailleurs, dans des pays offrant de meilleures conditions. Plusieurs opportunités internes ont été ratées moyennant moins d'emplois. Quelles seraient les solutions ? Le cas de l'Europe : Une majorité de pays européens suivent désormais des pays davantage libéraux, dont l'Allemagne, qui donne l'exemple. C'est le cas de la France, de l'Italie et d'autres. En fait, l'Allemagne est très soucieuse de l'emploi de tous ses ressortissants, même ceux du voyage. Elle cherche par tous les moyens à leur trouver des emplois adaptés après leur qualification par des formations garantissant la compétence nécessaire en vue d'une intégration plus facile. Pour ce faire, l'Allemagne veille à ce que toutes les entreprises sur son territoire continuent leur activité même dans des conditions difficiles, les performantes et les moins rentables. Deux mesures adaptées sont à l'origine de cette réussite. La première, est en rapport avec la formation et la qualification. La deuxième concerne les rémunérations. En fait, toutes les personnes vivant sur son territoire doivent recevoir une formation suffisante ouvrant droit à une réelle qualification et un diplôme. Par contre, les entreprises payent les personnes qui acceptent d'y travailler, non selon les exigences réglementaires coûteuses, mais selon leur capacité à dégager des profits et le rendement en rapport. Ces deux mesures ont fait d'une pierre deux coups. D'abord, le droit à la qualification de tous a donné une compétence à chacun permettant de lui attribuer un travail adapté. Ensuite, les entreprises peu rentables sont restées en activité, continuant la création des emplois malgré des contextes défavorables du fait que les personnes au chômage acceptent d'y travailler moyennant une rémunération amoindrie, momentanément, situation de loin préférable au chômage. Ce faisant, les personnes en question gagnent sur quatre plans. Premièrement, bénéficier d'un travail à revenu diminué, c'est mieux que rien. Deuxièmement, rester dans un milieu professionnel protecteur pour échapper au vide. Troisièmement, monter en compétence à travers l'expérience. Et quatrièmement, le travailleur pourra changer d'entreprise, à tout moment, s'il trouve de meilleures opportunités ou monter sa propre affaire. La France, socialement généreuse avec ses travailleurs nationaux et étrangers, trouve que l'exemple allemand, plus souple, est une opportunité adaptée pour réduire les charges de l'Etat et intégrer le maximum des Français sans emploi et les personnes des quartiers difficiles à la recherche d'une opportunité favorisant une meilleure stabilité. La même chose pour l'Italie. Ces deux pays tolèrent aussi désormais la réduction des effectifs au travail en cas de difficultés économiques des entreprises, leur permettant de s'adapter à la baisse des commandes. Cela permettra de la sorte de sauver une partie des emplois avec un régime d'activité réduit. Les autres, pris en charge par les structures de l'Etat, bénéficient d'un traitement adapté permettant leur insertion dans les entreprises ayant une meilleure situation. Des recommandations similaires sont souvent dictées par les experts en cas de difficultés économiques. C'est le cas de l'Espagne, de la Grèce, etc. obligées de réduire les dépenses de l'Etat et de baisser les salaires pour retrouver la croissance. La synthèse d'ensemble Les économistes libéraux contemporains pensent que telles mesures souples, même moins favorables et d'apparence peu sociales, sont une chance évidente pour les compatriotes, permettant d'offrir un emploi à tous. Elles ont l'avantage de réduire les soucis des gouvernements, de préserver les personnes de l'oisiveté, d'améliorer leurs compétences et de leur garantir un revenu enrichissant bien que diminué. De leur côté, une majorité des personnes travaillant se disent honorées et préfèrent éviter le chômage, pourvoyeur de tous les dangers. Dans un contexte économique meilleur, elles retrouveront leur plein droit. Il reste, par ailleurs, que tous les intervenants, dont l'Etat, doivent trouver les moyens pour amener les postulants à poursuivre sérieusement les formations nécessaires afin de construire des qualifications aboutissant à une réelle compétence durablement. A la langue, cela favorisera le maintien des affaires et permettra le développement des résultats des entreprises. Ces mesures seraient profitables aux économies moins performantes incapables de s'imposer sur les marchés concurrentiels. Elles permettent, en même temps, d'encourager les investissements étrangers et de créer davantage d'emploi dans un environnement international défavorable à l'exportation et au développement des affaires. Dans de telles conditions, il serait logiquement possible d'inverser les paramètres bloquants à la faveur d'une inflation maîtrisée, des termes de l'échange améliorés, de s'approcher du plein emploi, de retrouver l'équilibre de la balance des paiements et de favoriser une croissance durable, simplement. Ce qui veut dire en clair, une sécurité optimisée et un bien-être général amélioré en dépit même de sacrifices douloureux, temporairement.