De la Numidie à Carthage et à Rome, Saint Augustin a laissé des traces indélébiles, que l'on explore encore aujourd'hui. Le dernier cycle en date de la bibliothèque des sciences et des religions, bibliothèque diocésaine, est consacré à Saint Augustin. Intitulé « Connaissance de Saint Augustin », ce cycle explore à chacune de ses rencontres un aspect de la vie et de l'œuvre de ce philosophe et théologien né à l'époque romaine de l'Afrique à Thagaste (Souk Ahras en Algérie) en 354, et mort à Hippone (Annaba en Algérie) en 430. Jeudi dernier, cartes à la main, les présents ont embarqué sur les pas de Saint Augustin en Afrique. Guidés par Dominique Martinet, président de l'association « Via Augustina », ils ont suivi les voyages effectués par le saint en Afrique et à Rome. Le nom de l'association est d'ailleurs emprunté à celui de la route que traversait le jeune Augustin pour ses voyages de Thagaste à Carthage, où il poursuivait sa formation de rhéteur. Parmi ses activités, elle propose des randonnées selon différents itinéraires, entre Tunisie et Algérie, inspirés des voyages de Saint Augustin. «Le monde est comme un livre, celui qui ne voyage jamais n'en lit que la première page». Saint Augustin, l'auteur de cette fameuse phrase et de plusieurs œuvres majeures dont : « Les confessions », « La Cité de Dieu » et « Philosophie », en a fait des déplacements. Depuis son jeune âge, il a suivi les chemins pavés et moins pavés, ceux de la découverte et de la connaissance, qui ont forgé sa personnalité, influencé ses croyances et ses écrits. Son dernier voyage, effectué avant sa mort en 430 à Hippone, est jusqu'à aujourd'hui, et à bien des égards, un mystère, qui concerne notamment l'endroit où il a été enterré juste après son décès, et les déplacements dont sa dépouille et ses ouvrages ont fait l'objet depuis. « Certaines hypothèses sont plus plausibles que d'autres, surtout avec le sac de Rome par les Vandales », a expliqué Dominique Martinet pendant la rencontre. Avec lui, les invités de la bibliothèque Diocésaine en ont appris plus sur les différentes destinations de Saint Augustin. Ses explications partaient de la carte « Les voyages d'Augustin en Numidie et en Afrique proconsulaire », étaient agrémentées de photographies et de lectures de passage des œuvres du saint, décrivant ses voyages. De l'importance de dire « Bonjour » Afin de mieux comprendre la symbolique des voyages de Saint Augustin, le conférencier a avancé quelques éléments sur la manière dont on se déplaçait au IVe et au Ve siècles. « Cela dépend des moyens financiers du voyageur. Il y avait la marche à pied, le transport à cheval, sur l'âne et le mulet et en voiture », ajoute Dominique Martinet. En ce qui concerne notre Saint, il ne pouvait voyager sur un cheval car ce moyen de transport était réservé aux riches et aux nobles et s'opposait à la condition de pauvreté évangélique. Saint Augustin était pourtant un riche héritier mais a tout vendu avant sa mort et a vécu pendant un moment en retrait chez lui. La conférence nous apprend également que Saint Augustin prenait toujours beaucoup de précautions avant ses voyages, sans doute car sa fonction de prédicateur exigeait de lui d'être en bonne santé. A son époque, ajoute le président de l'association « Via Augustina », on voyageait en groupe, on chantait en marchant pour oublier la fatigue, on disait bonjour et on engageait la conversation aisément, avec tout le monde sur son passage. «C'est une habitude que les Tunisiens ont heureusement conservée», remarque Dominique Martinet. A la fin de la conférence, il a annoncé la date de la prochaine randonnée sur les pas de Saint Augustin. Ce sera les 14 et 15 mai, où le groupe prendra le train jusqu'à Ghardimaou pour se diriger à Ain Soltane, sous forme de week-end de clôture d'une série de sorties sur les traces du Saint. Auparavant, le groupe est allé de Sidi Smaïl à Bousalem, de Bousalem à Bulla Regia et a suivi la route romaine entre Chaouach et Toukaber, dans le gouvernorat de Béja. «Cette voie romaine est exceptionnelle et à Chaouach, il y a des thermes qui n'ont jamais été fouillés», dit-il. A bon entendeur ! Quant à Saint Augustin, il est aujourd'hui enterré à la basilique San Pietro in Ciel d'Oro à Pavie en Italie. A Annaba en Algérie, la basilique Saint-Augustin est témoin de sa mémoire, lui qui fut évêque de la ville de 396 jusqu'à sa mort en 430. La légende dit qu'une partie de son corps, son coude, y est enterré.