Artistes, critiques d'art, communications-débats, ateliers et sculptures en plein air, le festival international des arts plastiques de Mahrès poursuit son cours, un bel agitateur des lieux et des esprits. Entre les tribunes du festival et les ateliers, qui se poursuivent, la ville vit au rythme des arts. Il est évident que l'interaction entre l'art ou l'artiste et l'environnement a porté ses fruits aujourd'hui, puisque la plage de cette ville côtière — qui était jadis un dépotoir de déchets — a été transformée en musée d'art grandiose de plein air tant il est vrai que les artistes ont apporté — depuis la création du festival en 1988 — au paysage urbain une note singulière esthétique, et ce, par l'établissement et la fixation de plus de 60 œuvres entre installations, sculptures, monuments géants, fresques murales... C'est dans ce contexte que se déroulent, les 28 et 29 juillet, les tribunes du festival avec la participation d'artistes et de critiques d'art du monde arabe et de Tunisie. Parmi les intervenants qui ont exposé leurs points de vue et formulé leurs suggestions et opinions à ce sujet, il y a lieu de citer Mohamed Hammouda, Moez Safta, Fateh B. Ameur (Tunisie), Majid Jammoul (Syrie), Orhan Cebrailglu (Turquie), Mohamed Hemida (Egypte), Brahim El Haissen (Maroc)... Sami B. Ameur — président du comité artistique du festival et coordinateur des tribunes du festival — nous a déclaré que les tribunes sont une occasion pour étudier le rapport dialectique entre l'art, l'environnement et le public tout en considérant que la notion d'environnement ne se limite pas à la dimension géographique mais touche le socio-politique et l'historique. Outre ces questions , a-t-il poursuivi, les tribunes offrent aussi l'opportunité de réfléchir sur les attentes à venir du festival et sur sa contribution à la manifestation « Sfax , capitale culturelle en 2016», en présence des représentants de cette illustre manifestation culturelle. Par ailleurs, le comité du festival compte rendre hommage à quelques artistes sculpteurs qui ont tant donné à l'art et au festival qui a réservé cette session actuelle à la sculpture de plein air, avec le souci d'être en interaction avec son environnement . Cependant, et lors de cette session, il a été procédé à la restauration des anciennes sculptures du parc des arts que l'avancée du temps a altérées. A cette occasion, le comité du festival lance un appel aux autorités locales afin de contribuer à la sauvegarde de ce patrimoine artistique nécessitant un entretien continu et régulier. Des œuvres et des ateliers autour de l'environnement. Du 23 au 29 juillet, se déroulent les ateliers de sculpture, de céramique et de mosaïque. A signaler que les ateliers de sculpture de plein air ont attiré une foule nombreuse, un public curieux et avide de connaître les diverses étapes de la réalisation des œuvres. Parmi les sculpteurs exerçant en plein air, il y a lieu de citer Younès El Ajmi qui a fignolé la réalisation d'un iguane en métal très esthétique, le Syrien Souhail Baddour qui a réalisé une sculpture métallique hybride, Issa Hamrouni qui a sculpté sur pierre une tortue ainsi que les éléments de structure d'un jet d'eau... D'autres ateliers se déroulent à l'école primaire 2 mars 1934 de la ville. Il s'agit des ateliers de mosaïque, de céramique et de sculpture. L'atelier de céramique pour enfants supervisé par Fatma Hajji — doctorante en sciences et techniques des arts à l'ISBA de Tunis —, a accueilli pas moins de 34 enfants âgés de 4 à 12 ans qui ont été initiés à la réalisation de plaques de céramique — à partir d'argile comme matière première — mentionnant l'espace environnemental de Mahrès (poissons, oliviers...). Les plaques ont été assemblées pour former un tableau mural de céramique. L'atelier de mosaïque pour enfants, supervisé par Ali Bergaoui et animé par l'artiste Saâdiya Barkallah, a groupé des enfants qui ont réalisé eux aussi des plaques de mosaïque — à partir de petits fragments cubiques de pierre et de marbre — mentionnant des éléments de l'espace environnemental. Ces plaques diverses ont été réunies pour former un tableau très esthétique. Aux ateliers de sculpture, l'artiste Mohsen Jeliti — enseignant de sculpture à l'Institut supérieur d'animation culturelle et de jeunesse de Bir El Bey — a réalisé une sculpture métallique abstraite à partir de métaux de récupération ayant trait à l'espace environnemental de la ville.. Le sculpteur Hamadi Ben Neya a réalisé une sculpture abstraite à partir de fragments de fils métalliques faisant allusion au nœud. «Mon œuvre, nous a indiqué l'artiste, met en exergue le complexe psychique, le désarroi et le dégoût éprouvé par le peuple tunisien à la vue de la situation socio-économique et politique du pays». Le sculpteur mauricien, Dausoa Dhyaneswar, a réalisé une sculpture originale abstraite en bois à partir d'une multitude de branches d'olivier assemblées et unifiées. «Par cette œuvre, j'ai fait allusion à la nécessité d'unifier le monde — divisé et décimé par les conflits — autour des principes et des vraies valeurs humaines universelles, et ce, en vue d'harmoniser davantage la vie sur terre», a-t-il précisé.