Si l'un des parents est allergique, le risque pour l'enfant de devenir allergique est de 20%. Il s'élève à 50% dans le cas où ce sont les deux parents qui souffrent de cette maladie Les spécialistes sont unanimes sur l'évolution positive de la prévalence des allergies dans les sociétés modernes. Une recrudescence qui apparaît nettement à travers la croissance du nombre de patients souffrant d'une allergie. En Tunisie, les études sur la prévalence allergique restent timides, ce qui empêche les spécialistes de cerner la population allergique. Pourtant, des facteurs allergènes nouveaux émergent, augmentant ainsi le risque d'atteinte d'allergie. L'Association santé et environnement, en vue d'éclairer le public sur ces nouveaux allergènes et sur l'impact des mutations que connaît notre environnement, a organisé, samedi dernier à Tunis, une table ronde intitulée : «Les allergies des temps modernes». Le Pr Néjib Mrizak, médecin de travail à l'hôpital Farhat Hached, à Sousse, a défini l'allergie comme étant «la maladie de la civilisation par excellence», une maladie chronique qui revient au contact de l'organisme avec un corps allergène ou susceptible de provoquer une réaction d'intolérance voire d'allergie. «C'est la maladie qui résulte du contact de l'homme avec son environnement», a-t-il souligné. Cela dit, le facteur héréditaire est à prendre au sérieux. Selon le Pr Mrizak, si l'un des parents est allergique, le risque pour l'enfant de devenir allergique est de 20%. Il s'élève à 50% dans le cas où ce sont les deux parents qui souffrent de cette maladie. L'allergie s'aligne, par ailleurs, parmi les maladies chroniques. Sa maîtrise nécessite un diagnostic détaillé, un traitement permanent et un suivi médical. Le patient doit, en outre, veiller sur la prévention des facteurs à risques et miser, ainsi, sur une hygiène de vie à même d'anticiper sur les périodes de pic allergique. Des allergènes dans vos assiettes ! Les allergies vont crescendo, épousant ainsi la croissance notable du nombre des allergènes dans notre environnement. L'on parle donc d'allergies cutanées, respiratoires, alimentaires, vestimentaires, médicamenteuses et professionnelles qui gagnent du terrain car favorisées par des allergènes émergeants. L'orateur en a cité quelques-uns : le ficus Benjamina est une plante très présente dans notre environnement végétal. Elle est classée troisième sur la liste des allergènes respiratoires. Pour ce qui est des allergies alimentaires, les plus connues sont, sans doute, l'Histamine (ou l'allergie aux conserves, au thon en conserves, au poisson, aux crustacés ) et la Tyramie (ou l'allergie au chocolat). D'autres aliments responsables de l'apparition des allergies alimentaires : le sésame, les cacahuètes, les fruits comme la figue, le raisin, etc. «Certaines allergies alimentaires sont dues à la surconsommation d'un aliment en particulier. L'on parle de l'allergie au riz, au Japon, ou encore de l'allergie au poisson au Suède», a fait remarquer l'orateur. Aussi, parle-t-on de plus en plus du syndrome de la pizza (ou du fastfood). Parmi les nouvelles allergies de contact, le Pr Mrizak évoque l'allergie au baiser, dans le cas où l'un des partenaires souffre d'une allergie. Autres allergènes des temps modernes : les métaux, comme le chrome, le nickel et même l'or. Le latex constitue une substance allergène émergente. Elle est utilisée dans la fabrication des jouets mais aussi du matériel médical. La paraphénylène est présente dans des produits chimiques à caractères cosmétiques comme les colorations pour cheveux, le henné et même dans les produits spécial tatouage. Le lyral est un allergène présent dans les parfums. Quant aux glucosides ils sont contenus dans les huiles de coco et de palme. De son côté, le Pr Leïla el Fkih, pneumologue, a axé son intervention sur la corrélation entre les allergies et les conditions climatiques. Certaines allergies, notamment les allergies respiratoires, sont fortement liées à la météorologie. Un orage augmente le risque de crises chez un asthmatique en raison de l'augmentation de la concentration des phénomènes allergéniques, comme le transfert des moisissures et du pollen via le vent. D'un autre côté, des températures élevées impactent sur la production végétale des allergènes ou les aéro-allergènes. Ces derniers sont moins présents dans les zones maritimes.