Témoignages et projections autour de la première actrice et scénariste tunisienne. Dans sa programmation ramadanesque, le club culturel Tahar-Haddad consacre quelques soirées au cinéma. Après la nuit des cinéastes amateurs, il commémore, le vendredi 17 juin, le centenaire de l'actrice tunisienne Haydée Chikly Tamzali. Née en 1906 dans une famille juive d'origine espagnole, elle n'est autre que la fille du pionnier du cinéma tunisien, le réalisateur Albert Samama Chikli (1872-1934). Auteur du premier long-métrage tunisien, il fut également reporter de guerre et le chef opérateur des frères Lumière. Très tôt, il embarque Haydée dans l'aventure du cinéma, puisqu'elle a été, à l'âge de 15 ans à peine, la scénariste et interprète principale de ses deux films: « Zohra » (1922) et « Aïn El Ghazal » (La fille de Carthage) (1923). Il s'est ensuite opposé à ce qu'elle fasse carrière à Hollywood et en France. Haydée Tamzali finira par arrêter le cinéma et se marier, vivre en Algérie où elle s'engage dans la Croix-Rouge avant de retourner vivre en Tunisie jusqu'à son décès en 1998. Haydée Tamzali, personnage de cinéma, a également été la mémoire de cet art et du 20e siècle. La soirée d'hommage que lui consacre le club culturel Tahar-Haddad demain en portera le signe. Au programme, en effet, l'intervention d'un autre pionnier du cinéma tunisien, le réalisateur et historien Omar Khlifi, auteur du livre « L'histoire du cinéma en Tunisie (1896-1970) », suivie de la projection du documentaire que le cinéaste Mahmoud Ben Mahmoud a consacré à son père en 1996, intitulé « Albert Samama Chikli, ce merveilleux fou filmant avec ses drôles de machines », où Haydée Tamzali offre un témoignage vibrant sur la vie des Chikli et le cinéma. Elle sera ensuite de nouveau à l'écran, puisque la soirée se terminera par la projection de son film « Zohra ». Une soirée qui se déroulera en présence de sa fille Jaouida Tamzali Vaughan et qui est organisée en collaboration avec la fondation tunisienne « Femmes et mémoire ». Au-delà de sa carrière au cinéma, Haydée Tamzali a eu une vie riche en actions sociales et contributions artistiques et littéraires. Une vie qu'elle retrace dans son ouvrage « Images retrouvées », paru en 1992. A la même période, elle fut collaboratrice de notre journal, La Presse de Tunisie, où elle tenait une rubrique dominicale qu'elle meublait avec des nouvelles. Parmi ses œuvres également, un livre consacré à la richesse et la diversité de la cuisine en Afrique du Nord. Une femme d'exception que l'on se doit de garder à juste titre en mémoire.