On oserait avancer que, face à l'asphyxie financière nationale, la réconciliation économique serait peut-être bien incontournable. Une réconciliation qui doit être, bien entendu, conditionnée et surtout bien négociée Apparemment, la perception des membres du gouvernement de la situation économique actuelle n'est pas la même, alors que la lecture des différents indicateurs varie de l'un à l'autre. On a même l'impression, plutôt grave, que l'analyse de la conjoncture nationale dépend parfois des humeurs. Justement, au moment même où les différents observateurs aussi bien locaux qu'internationaux dressent un bilan dramatique et catastrophique de l'économie tunisienne, voilà que notre ministre du Commerce, jusque-là trop discret, engage toute une campagne auprès des différents médias, en qualifiant la situation actuelle de simple passage à vide. Conjoncturel. Malgré un discours optimiste, le seul problème qui inquiète notre ministre se situe au niveau de la politique commerciale. Il avance ainsi un indicateur alarmant : le déficit avec la Chine a atteint, jusqu'à fin mai 2016 un niveau inédit. Il représente à lui seul 30% de l'ensemble du déficit commercial de la Tunisie. Un appareil productif à l'arrêt Il faut donc, juge-t-il, trouver l'approche idéale pour améliorer nos exportations vers la Chine. Toutefois, notre ministre oublie que, pour gagner cet enjeu, il est nécessaire d'abord et avant tout de garantir une offre de qualité. Or, ce n'est malheureusement pas le cas aujourd'hui. L'offre tunisienne est toujours loin de répondre aux normes et encore moins de satisfaire les exigences des donneurs d'ordre internationaux. Car, justement, notre appareil productif est actuellement grippé. Il est presque à l'arrêt, faute de moyens. Et ce dysfonctionnement de notre appareil productif risque de se maintenir dans la durée, faute de ressources financières. Nos caisses sont justement à sec, et on parle même d'une véritable hémorragie financière. Et même le recours à l'endettement extérieur a perdu totalement de son efficacité et de sa rentabilité. Car, au lieu de servir, logiquement, les dépenses de développement, l'assistance financière internationale a été orientée totalement vers les dépenses de fonctionnement. Une tendance qui devrait se poursuivre encore longtemps, car franchement, on ne voit pas d'échappatoire, du moins à court terme. Le tableau local est donc beaucoup plus compliqué que le pense notre ministre du Commerce, et la situation de notre économie n'est pas, de ce fait, une simple question conjoncturelle, mais plutôt structurelle. Ce qui explique le manque d'alternatives fiables et efficaces. Et il faut creuser encore très profond pour espérer trouver une porte de sortie favorable. Et à ce stade-là, l'on oserait avancer que, face à cette asphyxie financière, la réconciliation économique serait peut-être bien incontournable. Une réconciliation qui doit être, bien entendu, conditionnée et surtout bien négociée. Cela est d'autant plus urgent que, pour espérer atteindre rapidement le bout du tunnel, on a besoin réellement de plus de souplesse et de concessions. Sans dépasser certaines limites bien entendu. Comprendre, qu'il est impératif de tenir compte de certains intérêts de la Nation et aussi et surtout prendre en considération les valeurs et les principes qui ont dicté le soulèvement du peuple tunisien.