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Un impact mesuré
Effondrement des cours du pétrole
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 08 - 2015

La décrue des cours mondiaux de pétrole contribuera à alléger un tant soit peu les charges de la Caisse générale de compensation et notamment son déficit colossal
Tous les marchés internationaux ont assisté, impuissants, à un véritable crash financier. Une onde de choc d'une rare intensité. C'est que les cours des matières premières, celui du pétrole notamment, ont baissé, pour la première fois depuis presque une décennie, à des niveaux inédits pour se situer aux alentours de 40 dollars. Ce qui est réellement préoccupant, c'est que cette tendance risque de se maintenir. Une inquiétude que partage Samy Chembah, expert financier. Pour lui «la baisse a été vertigineuse. Car c'est pour la première fois depuis 2009 que le prix du baril de pétrole se retrouve aux alentours de 40 dollars. Et l'on table même à ce qu'il tombe à 30 dollars dans les mois à venir (d'après une récente déclaration du président du Venezuela). Qui l'eût cru ?».
Cette chute libre est la conséquence de la conjonction de plusieurs facteurs totalement défavorables, notamment l'appontage de l'économie chinoise, la principale locomotive de toutes les économies. D'ailleurs, M. Chembah estime, à ce propos, que «entamée depuis le début du 2e semestre 2014, la décrue des cours mondiaux de pétrole vient donc de s'accélérer ces jours-ci sous l'effet combiné d'une surabondance de l'offre dans un contexte de morosité de l'économie mondiale (illustré par les statistiques atones d'une de ses locomotives, à savoir la Chine) et de considérations politiques et géostratégiques. Pour rappel, le baril du Brent était coté à plus de 111 dollars en 2012, alors que celui du WTI — «Light sweet crude», léger américain — avoisinait les 98 dollars en 2013 ».
Mais ce qui donne plus de profondeur à cette dégringolade, c'est qu'un tel niveau n'était pas attendu. L'expert financier l'affirme justement. Bien que l'Agence internationale de l'énergie (AIE), dit-il «a révisé à la baisse la consommation mondiale de pétrole en 2015 (ce qui atteste de la surabondance), l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui contrôle 30% de la production mondiale, ne juge pas utile d'intervenir sur les prix d'or noir en maintenant inchangé son objectif de production.
D'ailleurs, «la virulence du repli des cours mondiaux de pétrole semble prendre au dépourvu même les experts les plus huppés, à l'image du FMI qui a tablé sur uniquement une baisse de l'ordre de 40% des cours mondiaux de pétrole en 2015 par rapport à 2014, soit un prix aux alentours de 58 dollars le baril contre 96 dollars environ une année auparavant».
Face à cette nouvelle situation, l'on se demande sur les conséquences que cet effondrement pourrait avoir sur l'économie tunisienne.
Selon les experts, toute diminution des cours du pétrole est positive pour la croissance, car elle tire vers le bas le prix des autres énergies — qui sont indexés sur celui du pétrole — et réduit le niveau de l'inflation. Cela donne du pouvoir d'achat supplémentaire aux ménages et restaure les marges des entreprises ».
Elle pourrait constituer ainsi une bouffée d'oxygène à une situation financière déjà assez critique.
Allègement de la pression sur la Caisse de compensation
Ezzeddine Saïdane, expert économique, note à cet effet que la baisse du prix du pétrole serait à double effet. Positif d'abord, car, soutient-il, «la Tunisie produit 60% seulement de sa consommation et importe le reste. C'est donc tout à fait normal que cette chute soit bénéfique. Moins de dépenses, et surtout moins de pressions sur notre caisse de compensation».
Mais, les conséquences seraient également négatives. M. Saïdane explique à ce propos que «les entreprises étrangères productrices de pétrole paient des redevances à l'Etat. Or, avec la chute des prix sur le marché international, la valeur de ces redevances serait revue automatiquement à la baisse». Un manque à gagner important.
En parallèle, estime encore l'expert économique, «les sociétés de prospection pétrolière seront dans l'obligation de décaler, le temps qu'il faudrait, leur activité, faute, bien entendu, de rentabilité. Et cela se traduirait certainement par un ralentissement net des investissements».
Ce qui signifie que le bonus financier de baisse des prix de pétrole n'est pas du tout évident.
Samy Chembah estime, de son côté, que «normalement, la Tunisie, en tant que pays importateur net de produits énergétiques et notamment pétroliers, devrait tirer profit de cette baisse significative des cours mondiaux en atténuant le déficit de la balance commerciale et celle des paiements courants et en allégeant les tensions sur le budget de l'Etat, du fait de l'effort de compensation ». Sans oublier, affirme-t-il «la réduction des tensions inflationnistes, ce qui ne pourrait qu'avoir des répercussions favorables sur le climat des affaires et la croissance économique. Cette baisse des cours mondiaux devrait avoir un triple effet : sur les prix, sur les volumes ou quantités et sur le change».
Toutefois, pour l'expert financier, mise à part la question lancinante de savoir si cette décrue des cours mondiaux s'annonce conjoncturelle ou structurelle (ou en d'autres termes, ce renversement de tendance de l'évolution des prix du brut traduit-il une correction rationnelle pour une normalisation des choses ou c'est juste un répit occasionné par le ralentissement économique généralisé), essayons de voir pourquoi les effets favorables de cette chute des prix internationaux de l'or noir se font encore.
En effet, relève-t-il : «D'après une étude de la Banque centrale de Tunisie sur l'évolution de la conjoncture économique au 1er trimestre 2015 (avril 2015), le déficit de la balance énergétique a gardé le même niveau enregistré un an plus tôt. Déjà une précédente étude de l'Institut d'émission intitulée "Analyse de l'impact de la variation des prix, du taux de change et des quantités sur l'évolution des échanges commerciaux du secteur énergétique" éditée en décembre 2014, a attesté que la baisse des prix (internationaux) de pétrole brut n'a eu qu'un impact limité sur l'évolution des importations (et donc sur la balance énergétique), puisque les achats de pétrole brut ne représentent que 20% du total des importations des produits énergétiques, alors que le gaz naturel, dont le prix n'a subi au cours des 2 derniers mois qu' une légère baisse, représente en effet 31% du total des importations des produits énergétiques. Le reliquat (49%) représente des produits raffinés de pétroles dont les prix n'ont pas subi des grandes variations».
Engager les réformes structurelles
En conséquence de quoi, souligne encore M.Chembah, «la baisse significative du déficit commercial et courant durant le premier trimestre de cette année (après le déficit record accusé au terme de l'année 2014) semble donc être étrangère à la baisse des cours mondiaux du brut.
De plus, et mis à part la baisse des quantités exportées (en produits pétroliers) et la hausse de celles importées, il y a lieu de relever la détérioration des termes de l'échange, surtout compte tenu de la dépréciation du dinar tunisien de 4,4% au terme de l'année 2014 face notamment au dollar américain qui reste la monnaie de facturation par excellence des contrats d'importation des produits énergétiques».
«D'ailleurs, précise-t-il, cette dépréciation du dinar vis-à-vis du dollar et de l'euro a beaucoup plus handicapé (d'après le récent rapport annuel de la BCT – 2014) les importations tunisiennes (+ 1,7 milliard de dinars) que favorisé nos exportations (1,1 milliard de dinars) entraînant un effet change négatif de 0,6 milliard de dinars, ce qui n'est pas de nature à améliorer notre balance commerciale et celle des paiements courants».
Autre facteur qui fait que l'impact de la décélération du prix du brut ne sera pas immédiat : l'expert retient les approvisionnements de pétrole au niveau national qui se font généralement sur des périodes allant de 6 à 12 mois, voire davantage (par le biais de contrats à terme qui préservent du risque de change).
Par ailleurs, Samy Chembah note que «face au renchérissement de certains produits importés jugés stratégiques, l'Etat est contraint annuellement par le biais de ce système de compensation à subventionner en quelque sorte le prix des hydrocarbures, huile de soja, médicaments, sucre, etc. Faisant office d'amortisseur, ce mécanisme de compensation a résisté à toutes les tentatives de sa suppression vu l'alourdissement continu de ses charges. Bien qu'il ne contribue pas à la justice sociale (une étude a montré que les classes démunies ne profitent que de 11% de cet effort de compensation), ce système reste pour le moment incontournable, préservant tant bien que mal la compétitivité des entreprises et le pouvoir d'achat des citoyens. Toutefois, pour envisager sa suppression et instituer la réalité des prix, il faudra instituer la réalité des salaires ainsi qu'un encadrement ciblé et efficace des couches démunies, mais cela est une tout autre question. Quoi qu'il en soit, on pense qu'à terme, la décrue des cours mondiaux de pétrole contribuera à alléger un tant soit peu les charges de la Caisse générale de compensation. Mais, tout laisse à penser que cette manne financière sera allouée — dans une certaine proportion — pour surtout atténuer le déficit colossal de ladite Caisse ».
Notre financier espère que cette opportunité de chute des cours mondiaux du pétrole à la faveur de la manne financière qui en découle — dès que l'impact soit réel et palpable —, incitera les pouvoirs publics à engager, sans délais, les réformes structurelles programmées pour la viabilité de l'économie nationale (restructuration du secteur des banques publiques et des grandes entreprises publiques, des Caisses sociales, etc.), surtout que le prix à payer ou le coût économique et social ne serait pas exorbitant à la faveur de cette conjoncture favorable.
En somme, il pense que «tôt ou tard, le niveau actuel de cours mondiaux du pétrole s'il se maintient ou si la décrue se poursuit devrait donc profiter à notre économie qui accuse une dépendance de plus en plus prononcée d'une année à l'autre aux importations d'hydrocarbures. Egalement pour les prix à la pompe qui restent en attente de la décision des pouvoirs publics tant au niveau de la baisse que du timing qui ne saurait tarder. Une simple question de temps sans plus ».


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