Il a marqué de son empreinte le football tunisien durant toute une décennie. Le buteur mythique des années 60 du siècle dernier, Mongi Dalhoum en l'occurrence, a laissé auprès des «fans» sfaxiens et même d'ailleurs des souvenirs impérissables pour ses exploits balle au pied et ses buts réussis avec beaucoup de maîtrise et de perfection. C'était d'ailleurs un buteur patenté qui a réussi durant sa carrière des exploits qui poussaient ses «fans», et ils étaient nombreux, à scander à haute voix le slogan devenu emblématique : «Zid Ouhaïed ya Dalhoum» (Encore un, Dalhoum) comme pour l'inciter à s'adonner encore plus à chacune de ses «sorties» au «M'hiri» et même ailleurs. C'était d'ailleurs un buteur d'exception qui a réussi parfois des records imbattables jusque-là comme ceux réalisés face au COT lors d'un match de coupe, avec... 5 buts à son actif, ou encore contre Al Ahly de Mateur du temps de l'accession de ce dernier en «Nationale» en 1964-1965 où il avait réussi à tromper le gardien adverse à 4 reprises. Dalhoum s'est aussi distingué face à une équipe brésilienne qui est venue en Tunisie disputer des matches amicaux, en parvenant à inscrire trois buts en un match disputé au M'hiri. Il détient d'ailleurs jusque-là des records de buts réussis en «Nationale» avec... 85 buts au cours de sa carrière qui s'est étendue de 1962 à 1971, l'année où il avait remporté avec son club de toujours, le CSS, le doublé (coupe et championnat). Ensuite, il a préféré porter la casaque d'entraîneur... Mais comment voit-il sa carrière de 9 saisons seulement comme joueur avec les seniors? Interview. A qui revient le mérite de cette mémorable carrière de footballeur? Incontestablement à l'entraîneur yougoslave de l'époque, Milan Kristic, qui m'a encadré comme il se doit dès mon jeune âge, me procurant surtout l'occasion d'accéder parmi les seniors du club alors que je n'avais pas encore dépassé les 16 ans. Je me rappelle du premier match dans ma carrière avec les seniors. Ce fut contre l'ESS à Sousse lors de la saison 1962-1963, au cours duquel on a réussi à tenir en échec l'équipe locale face à son public. Le match d'après a constitué pour moi l'occasion de m'extérioriser comme il se doit, en parvenant à scorer à deux reprises face au CS Hammam-Lif. La rencontre s'est soldée d'ailleurs par une belle victoire des nôtres sur le score de trois buts à zéro. Et quelles ont été vos meilleures performances au cours de votre carrière? La première est celle réussie au cours de ma seconde saison avec les séniors que j'ai terminée avec le titre de meilleur buteur, alors que je n'avais que 18 ans à peine. Il faut préciser à cet égard que la totalité des clubs qui constituaient à l'époque la division nationale ne dépassait pas le nombre de 12, ce qui ne m'a pas empêché de réussir 21 buts en championnat, devançant le buteur patenté de l'époque, Mohamed Salah Jedidi,du Club Africain, de 3 buts. Ce fut d'ailleurs l'entame de ma carrière avec la sélection nationale qui était dirigée à l'époque par le coach français Gérard, secondé par Mokhtar Ben Nacef. J'ai d'ailleurs réédité l'exploit de remporter le titre de meilleur buteur de la «nationale» en 1965-1966, avec à mon actif 18 buts, devançant de deux buts le duo de l'Etoile, Kdadi-Akid. Et vos souvenirs avec la sélection... Nous formions à l'époque un ensemble homogène, avec surtout des joueurs de talent, comme Attouga, Habacha, Chaïbi, Anniba et tant d'autres. Nous aurions pu d'ailleurs accéder au tour final de l'épreuve mondiale de la Fifa qui a eu lieu en Allemagne en 1974 sans l'injustice de l'arbitre français qui nous a privé du but que j'avais réussi en fin de match, disputé sur un terrain neutre qu'est celui de Marseille contre la sélection marocaine. Ce fut un match décisif pour la qualification, après les deux résultats de parité qui avaient sanctionné les deux matches, aller et retour, disputés à Casablanca et à Tunis. Cette injustice m'est restée personnellement en travers de la gorge jusque-là, tant notre génération était capable de monter au créneau du football mondial... Heureusement que celle qui nous a succédé en 1978 a brillamment honoré les couleurs nationales, en réussissant, grâce aux talents confirmés de joueurs, comme Dhouib, Kaâbi, Témime, Agrebi, Tarak et Akid, à donner une autre dimension, non seulement à notre football, mais aussi à celui continental... Louange à Dieu. Ce fut pour moi une belle revanche sur le mauvais sort qui nous a barrés la route de l'excellence en 1970. Quel a été le joueur exemplaire, selon vous, durant votre carrière ? Incontestablement, notre capitaine Moncef El Gaïed qui a conféré, par son sérieux, son application et son sens du devoir, une ambiance des plus envoûtantes parmi l'ensemble. El Gaïed a d'ailleurs réussi dans ses études supérieures en parvenant aussi à remporter le diplôme de doctorat en Chimie de l'Université de Paris. Un exemple à suivre pour tous les jeunes Il m'est d'ailleurs revenu l'honneur de porter le brassard de capitaine au CSS, avec le départ d'El Gaïed en France pour poursuivre ses études de troisième cycle... Ce fut pour moi un honneur incommensurable que de succéder à un joueur de la trempe de ce dernier. Quelle idée portez-vous sur notre football actuellement ? Plutôt négative, avec surtout ces dépassements scabreux et sans précédent, émanant des différentes composantes de notre sport-roi. On a l'impression que nous suivons plutôt un football de quartier que celui qu'on surnomme football professionnel. Bien des rectifs devraient être apportés le plus tôt possible pour remettre notre football sur la bonne voie, à commencer par l'application stricte des règlements en vigueur et ne plus suivre le système aussi grotesque que celui des deux poids deux mesures actuellement en cours. C'est vraiment honteux de poursuivre avec cette méthode de gérer notre football.