Le Congrès des médias arabes, organisé à l'initiative de l'Union de radiodiffusion des Etats arabes, a été inauguré hier. Placée sous le thème «Les médias à l'ère de l'intelligence artificielle : opportunités et défis», cette rencontre est marquée par la participation de personnalités et d'experts arabes dans le domaine des médias et des technologies. L'intelligence artificielle ne cesse de bouleverser de nombreux domaines. Outre ses retombées sur les pratiques professionnelles, ces nouvelles technologies semblent accélérer le développement de certains métiers, alors qu'elles menacent d'autres. Le domaine des médias et du journalisme est hautement concerné par cette problématique, dans la mesure où les études annoncent le bouleversement des médias qui seront considérablement impactés par l'avènement de ces technologies. C'est dans ce contexte que s'est ouverte, hier à Tunis, la troisième édition du Congrès des médias arabes à l'initiative de l'Union de radiodiffusion des Etats arabes (Asbu). Placée sous le thème «Les médias à l'ère de l'intelligence artificielle : opportunités et défis», cette rencontre est marquée par la participation de personnalités et d'experts arabes dans le domaine des médias. Celle-ci se veut une plateforme d'échange et de débat autour des défis majeurs auxquels font face les médias arabes. A l'ouverture de cette rencontre d'envergure, le président de l'Asbu, Mohammad bin Fahd Al-Harithi, a tenu à rappeler que l'intelligence artificielle représente une préoccupation mondiale à laquelle doivent répondre les pays arabes. Et de préciser que les domaines directement touchés sont les médias, tant sur le plan technique que sur les plans éthique et sociétal. Il a souligné que la dimension éthique liée à l'IA comprend la vie privée, la responsabilité, la sécurité et le potentiel impact sur l'emploi. Déterminer les normes éthiques pour le développement et l'utilisation de l'IA est un défi majeur, a-t-il rappelé. Pour un cadre légal et une régulation éthique Pour sa part, Hayet Guettat Guermazi, ministre des Affaires culturelles, a souligné que la Tunisie, comme tous les pays du monde, est exposée aux défis de l'avènement de ces technologies sur de nombreux plans, jugeant indispensable de mettre en place les infrastructures nécessaires pour les développer, mais également développer les ressources humaines et les compétences à cet effet. Selon ses propos, l'acceptation sociale de cette forme d'intelligence est essentielle pour une adhésion réussie de la société. Les gens doivent faire confiance aux systèmes d'IA et comprendre comment ils fonctionnent. «La communication et l'éducation sont donc des défis importants, l'intelligence artificielle est essentielle de notre ère, mais c'est l'homme qui doit contrôler ce qu'il a conçu», a-t-elle conclu. IA, entre enthousiasme et prudence Dans une déclaration à La Presse, Hans Hoffmann, responsable au sein de l'Union européenne de radiotélévision (UER), a appelé à penser à un cadre légal commun pour opérer avec ces technologies et notamment l'intelligence artificielle générative. «Des crimes cybernétiques ont eu lieu par le biais des générateurs d'images et à l'aide de l'intelligence artificielle. Peut-on faire confiance à ces technologies ? Leur surutilisation dans le domaine médiatique peut créer de nombreux problèmes d'ordre éthique», a-t-il alerté. Il s'est également interrogé sur la stratégie optimale à suivre pour adopter cette forme d'intelligence dans le domaine des médias. «Des applications comme Chat GPT posent également de nombreux problèmes de droits d'auteur. Et nous devons œuvrer ensemble pour créer un cadre et optimiser l'adoption de ces technologies qui reposent essentiellement sur les données», a-t-il insisté. Lors des différents panels, les enjeux de l'évolution des médias à l'ère de l'intelligence artificielle ont été exposés dans leurs liens avec la scène médiatique arabe, suscitant autant d'enthousiasme que de prudence. Les conférenciers ont souligné le fait que dans ce monde actuel orienté vers l'analyse des données, l'IA peut être abordée avec enthousiasme grâce aux énormes opportunités qu'elle offre en matière d'amélioration de la qualité et de transmission du contenu médiatique et de l'analyse du Big Data. Tout au long de la journée et parmi les thématiques abordées par le congrès, figurent «Le rôle de l'IA dans la création de contenu multimédia», «L'IA et les métiers des médias», ainsi que «Les aspects techniques et technologiques de l'utilisation de l'intelligence artificielle». Les travaux de ce congrès se poursuivront aujourd'hui pour exposer d'autres thématiques, mais aussi pour présenter la foire de l'intelligence artificielle. 60% des métiers affectés ! La technologie associée à l'intelligence artificielle en fait une arme à double tranchant. Elle aura son lot de conséquences, notamment pour les grandes puissances et même les pays émergents, où elle risque d'impacter 60 % des emplois, selon le Fonds monétaire international (FMI). De même, selon les chercheurs, ce sont notamment les risques des algorithmes qu'il faut prévoir, alors que ces derniers commencent à prédire le comportement humain. Il s'agit surtout de l'enfermement algorithmique qui peut aussi bien porter sur les opinions, la connaissance culturelle, ou encore les pratiques commerciales. En effet, les algorithmes confrontent l'internaute aux mêmes contenus, selon son profil et les paramètres intégrés, en dépit du respect de plusieurs aspects, y compris la confidentialité, le respect de la vie privée et des valeurs universelles en général. Des thématiques abordées tout au long des deux jours du congrès.