Le passage à 40 équipes devrait, certes, répondre à un souci d'un meilleur développement du football, mais il devrait également s'inscrire dans une perspective financière... Au moment où le football est encore sous le choc des scandales ayant entraîné l'arrestation et l'éviction de ses plus grands dirigeants sur fond de soupçons de corruption généralisée, liée notamment à l'attribution des Mondiaux 2018 à la Russie et 2022 au Qatar, ainsi que la suspension du processus d'attribution du Mondial 2026, Gianni Infantino, le président de la Fifa, se lance de plus en plus dans une opération assez bouleversante destinée à élargir le nombre des pays participant à la Coupe du monde. Un Mondial de football étendu à 40 équipes, contre 32 actuellement, fait rêver non seulement le président de la Fifa, mais aussi des continents entiers, à l'instar de l'Afrique et de l'Asie qui auront enfin la chance de sortir du diptyque Europe-Amérique du Sud dans le dernier carré. Il n'en demeure pas moins que c'est toujours la motivation financière qui se trouve, encore et toujours, à l'origine de ces réformes, des révisions et parfois même des opérations de dépoussiérage. On ne saurait être insensible au profit que ne cesse de provoquer l'organisation de la coupe du monde. On ne saurait particulièrement oublier la dernière édition du Mondial brésilien et qui a généré plus de 4 milliards d'euros de revenus à la Fifa. Le passage à 40 équipes devrait, certes, répondre à un souci d'un meilleur développement du football, mais il devrait également s'inscrire dans une perspective financière. Cette proposition fait d'ores et déjà partie d'un vaste projet de réformes qui ont été discutées par le gouvernement de la Fifa et qui continueront à animer davantage les débats. L'adoption d'une pareille réforme a pris ces derniers temps une nouvelle tournure et la Fifa se trouve dans l'obligation de se prononcer au mois d'octobre prochain sur un passage de 32 à 40 pays à partir du Mondial 2026. Depuis 1930 et la première édition de la Coupe du monde, le nombre de pays participants à la compétition n'a jamais cessé de croître. En Uruguay, pour la première édition, 13 nations étaient au rendez-vous conviées. De 1934 à 1978, 16 équipes étaient parties à la conquête du trophée. Un bond en avant a ensuite été effectué en 1982 avec 24 pays représentés. Mais le dernier gros bouleversement a eu lieu lors du Mondial 1998 en France, où le nombre des équipes qualifiées est passé de 24 à 32, permettant au passage à l'Afrique de disposer pour la première fois de l'histoire du football de cinq places à la phase finale. «Je crois que pour la Coupe du monde 2026, nous devrions avoir 40 équipes et parmi les huit formations supplémentaires, il devrait y avoir au moins deux nations africaines», a ainsi annoncé le président de la Fifa, Gianni Infantino, qui veut porter à sept le nombre de pays africains participant à cette compétition. Modification en profondeur L'extension du nombre des équipes qualifiées au Mondial ne manquera pas de modifier en profondeur le mode de fonctionnement de la compétition. Les phases éliminatoires sur chaque confédération également. La logique recommande que le modèle actuel soit repris — huit groupes — en rajoutant une équipe par poule. Avec un exempt par journée, les phases de poules devraient être prolongées d'une journée pour que toutes les équipes puissent s'affronter. Les deux premiers de chaque groupe seraient, de manière traditionnelle, qualifiés pour le tour suivant. Mais là aussi on devrait se soumettre à un calcul de génie pour former les huitièmes de finale. Quels premiers s'affronteront en effet entre eux dès les huitièmes? Instaurer des seizièmes de finale dans un tournoi à 40 équipes reviendrait à dire que 80% des équipes engagées auraient la chance de se qualifier : les trois premiers de chaque poule passent, ainsi que les 2 meilleurs quatrièmes. Pour avoir le même nombre d'équipes par groupe, il faudrait construire 5 groupes de 8 équipes, ou 4 groupes de 10 ou 2 groupes de 20. Sportivement, la manière de répartir les équipes devrait influer sur le niveau général de la compétition, à l'instar de l'expérience d'un Euro 2016 élargi, mais avec peu de matchs emballants et finalement peu de prises de risques. L'on peut d'ores et déjà imaginer la longueur de la phase de poules et toutes les répercussions que cela pourrait engendre!... Mais de par les motivations qui ne cessent de l'orienter, le souci du président de la Fifa va au-delà de la contrainte organisationnelle: «Je pense que cela nous apportera encore plus de supporters. La Coupe du monde, c'est plus qu'un événement sportif, c'est un phénomène social.» Mais jusqu'à présent, aucune décision n'a été prise. Les représentants asiatiques et africains du comité exécutif étaient fortement favorables à cette initiative lors de la dernière réunion du gouvernement de la Fifa. L'occasion de trancher dans cette proposition a été en effet reportée à une prochaine réunion. La Coupe du monde n'a eu de cesse de se réinventer et de revendiquer à travers de nouvelles approches, de nouvelles ambitions. Il faut dire que ce ne sont pas les idées qui manquent en football. Mais les contraintes et les exigences le sont encore davantage...