Ce genre musical, tout à fait opposé au tarab, s'intègre dans un show dans lequel le divertissement est préconisé. Le festival de Hammamet a accueilli en exclusivité, jeudi dernier, « Hishik Bishik Show », une comédie musicale libanaise sur les cabarets égyptiens des années 50 sous le règne du roi Farouk. Bien que ce soit un spectacle où le divertissement était assuré, le public n'était pas au rendez-vous. Est-ce un manque de communication ou parce que tout simplement les gens n'apprécient pas ce genre de show ? En vérité, personne n'est préparé à voir « Hishik Bishik », ni public, ni journalistes. Mais le titre à lui seul suscite la curiosité. « Hishik Bishik » le titre du show présenté par une troupe libanaise d'une dizaine d'artistes conduite par Hichem Jaber évoque les chansons de variétés légères où les paroles sont désuètes et la musique assez rythmée et dansante. Ce genre musical, tout à fait opposé au tarab, s'intègre dans un show dans lequel le divertissement est préconisé. Les spectateurs, qui se sont déplacés au théâtre de Hammamet, ont découvert un show agréable version cabaret kitsch où tous les ingrédients ont été utilisés comme les costumes, le décor, la danse, le chant, etc. et ne l'ont pas regretté puisqu'ils se sont bien amusés sauf que la magie n'y était pas, sans doute à cause de l'espace qui ne se prêtait pas à ce type de show. La représentation a été, en quelque sorte, escamotée en raison de la mauvaise exploitation de la scène mais aussi de la lumière qui n'a pas bien fonctionné. Lancé il y a environ quatre ans, « Hishik Bishik » a réalisé environ 300 représentations dans les pays arabes. Séparé en deux, l'orchestre d'un côté et les artistes installés devant un bar de l'autre côté avec en arrière-plan des images en noir et blanc de Metro el Madina et d'artistes d'époque, le cabaret est situé quelque part dans un quartier du Caire au siècle passé, à l'époque de l'âge d'or des cabarets égyptiens et de la chanson populaire. Un cabaret avec un bar, une « maâlema », un « bartender », une danseuse, de l'alcool et de la cocaïne sauf qu'il manquait l'ambiance enfumée qu'on retrouve dans ces lieux fermés. Les protagonistes, Ziad el-Ahmadié, Yasmina Fayed, Lina Sahab, Roy Dib, Wissam Dalati, Samah Abi el-Mona, Ziad Jaafar, Bahaa Daou et Randa Makhoul ont essayé de reconstituer le cabaret d'antan non sans un certain humour au niveau de l'interprétation des chansons de Mohamed Faouzi, Chadia ou Aida Chaker et d'autres. Des chansons légères réalisées par de grands compositeurs. Le spectacle explore un pan de la musique égyptienne, qui a été à un moment délaissé au profit des chansons engagées de cheikh Imam ou de celles d'Oum Kalthoum et de Abdelwaheb. Deux heures de spectacle avec un entracte d'un quart d'heure où les artistes s'en sont donné à cœur joie pour amuser les spectateurs et créer une certaine fusion entre eux. Il ne s'agit pas d'un copier-coller des cabarets égyptiens mais d'une interprétation qui évolue crescendo du profane au sacré où la danse du ventre se mue en danse mystique qui rappelle les derviches tourneurs. Malheureusement, l'espace ouvert du Centre culturel de Hammamet ne s'y prêtait pas beaucoup à ce genre de représentation et la troupe libanaise n'a pas réussi à relever le défi en proposant une autre lecture. N'en a-t-elle pas eu le temps ? En tout cas, il y avait un goût d'inachevé. A la prochaine peut-être ? Neila GHARBI