Dans une quinzaine de jours, on «célébrera » le 4e anniversaire du nouvel horaire administratif. En effet, ce fut le 17 septembre 2012 qu'un nouveau rythme de travail avait été instauré pour les administrations publiques. À l'exception de l'éducation, de la douane, de la police et de la santé, tous les autres secteurs étaient concernés. On avait pensé, aussi, à des permanences pour les prestations municipales. Avec le retour à la double séance, hier 1 er septembre 2016, on peut se demander si cette expérience a été probante ou non. Il est utile de rappeler que la naissance de cette idée a précédé le 14 janvier 2011. La proposition d'introduire un tel rythme datait d'il y a plusieurs années. Or, les conditions dans lesquelles cette initiative a été mise en application n'étaient pas celles escomptées. Le décalage entre la conception et la réalisation ne satisfaisait pas aux exigences requises. La conjoncture née après 2011 n'était pas celle envisagée par les premiers concepteurs. A l'origine, on s'attendait à la naissance d'une dynamique sociale, économique et culturelle. A cause d'une réalité tout à fait opposée, la démarche avait été faussée dès le départ. Le climat social (grèves et troubles au niveau des différentes activités), les menaces sécuritaires... avaient obligé les gens à se confiner chez eux. Aucune activité culturelle et de loisirs n'a accompagné la mise en place d'un tel rythme administratif. Aucune dynamique économique évidente n'a fait son apparition. Dans les cafés, les restaurants... on n'avait pas assisté à de grandes affluences. Les fonctionnaires ne disposaient pas d'assez de temps pour se restaurer ou prendre un café. Mauvaises habitudes Comme on le sait, le rythme retenu consistait à ce qu'il y ait une période allant du 1er septembre au 30 juin. Le travail serait, du lundi au jeudi, de 8h30 à 13h00 (avec une pause d'une heure) et de 14h00 à 17h30. Le vendredi de 8h30 à 13h00 et de 14h30 à 17h30. La deuxième période va du 1er juillet au 31 août, du lundi au jeudi de 8h00 à 15h00 et le vendredi de 8h00 à 13h30. Au lieu de créer des programmes d'accompagnement tant au niveau culturel, ludique qu'éducatif, on s'est dirigé vers une sorte de fermeture. Le Tunisien n'a pas saisi, en raison des conditions objectives, cette opportunité inespérée. Cela a, donc, eu l'effet inverse. L'exemple de la journée du vendredi illustre bien cette nouvelle donnée. Auparavant, l'après-midi était chômée. Et, puisqu'il s'agissait de dégager le samedi, on a intégré l'après-midi de vendredi. C'est là que se pose le problème. Malgré le temps imparti à la prière, de nombreux agents en profitent pour ne pas terminer la journée. Ce qui fait qu'il y a, en plus du repos de samedi, le repos de vendredi après-midi. Ajoutons à cela la déception de la majorité des Tunisiens qui ne parviennent plus à accomplir leurs démarches administratives dans les limites raisonnables. La situation empire lorsque c'est la séance unique qui dure deux mois. Tout, alors, semble s'arrêter. Certains évitent de recourir aux services de l'administration en cette période attendant des jours meilleurs. Devant un tel constat, force est d'admettre que l'expérience entamée depuis ces quatre années a besoin d'être revue et corrigée dans le sens d'une meilleure rentabilité et d'une meilleure efficience. Il n'est plus possible d'assister à l'inertie de secteurs aussi vitaux que la Poste ou les municipalités à cause d'un rythme de travail inapproprié. En outre, il ne faut pas oublier qu'on avait conditionné l'instauration du nouvel horaire administratif à l'émergence de nouvelles traditions et pratiques socioculturelles. Or, la pratique d'activités d'animation et de loisirs n'a pas suivi. La coordination entre les différents partenaires n'a pas eu lieu. Les raisons à invoquer pourraient être logiques. Car il est vrai que le pays passe par une situation qui n'a pas été prise en compte au moment de la préparation du projet. Synchroniser les rythmes Mais l'aspect le plus essentiel qui pourrait contribuer largement à la réussite ou non du programme n'a pas été pris en considération. Plusieurs paramètres n'avaient, en effet, pas été retenus et intégrés. On pense au temps scolaire. Ce dernier n'avait pas suivi et est resté à l'écart. Pourtant, l'un des objectifs de la Réforme administrative visait à permettre aux parents de disposer de plus de temps libre pour leurs enfants. Il n'en a pas été ainsi. Jusqu'à cette heure, le ministère de l'Education n'a pas tranché sur cette question. Pour le moment, temps scolaire et temps administratif vont en sens opposés. Au lieu de la complémentarité, c'est la disparité. Avec le recul, il serait utile de se remettre en question et de réexaminer la question en vue de trouver une meilleure formule d'application d'un nouvel horaire administratif qui prenne en compte la nécessité de se remettre au travail et de réhabiliter sa valeur. Si, d'aventure, les avis de l'opinion publique penchent vers le maintien de cette option, il est important de synchroniser les rythmes scolaires et administratifs de façon à ce qu'il y ait cette interaction souhaitée. L'intégration future d'activités plus diversifiées dans le cadre scolaire pourrait s'accommoder d'un rythme remodelé. Et, à bien y voir, les horaires et jours de travail dans les administrations centrales, les services extérieurs, les collectivités locales et les établissements publics sont censés représenter 40 heures de travail par semaine pendant la période hivernale et 31.5 par semaine pendant la période estivale. En réalité, ces heures de travail sont vidées de toute signification à cause de l'absentéisme, du laisser-aller, de la négligence, etc. A l'exception d'une partie de plus en plus minoritaire d'agents laborieux, le reste des fonctionnaires ralentit la marche des services. En dépit de tous les efforts visant à renouer avec le travail sérieux et responsable et à restaurer les vieilles traditions du travailleur exemplaire, il semble que l'on s'oriente beaucoup plus vers des attitudes négatives sans lien avec l'amour du travail. Il va sans dire, qu'aujourd'hui on est à la croisée des chemins. Il importe de se demander si on veut vraiment retrousser les manches et se remettre, pleinement, au travail ou si on veut, uniquement, obtenir un poste et un salaire fixes sans rien faire.